L’Hellène allergique et les pollens de Thessalonique

mercredi 3 mars 2004 par Dr Hervé Couteaux2297 visites

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L’Hellène allergique et les pollens de Thessalonique

L’Hellène allergique et les pollens de Thessalonique

mercredi 3 mars 2004, par Dr Hervé Couteaux

La Grèce, zone méditerranéenne par excellence, n’a été étudiée que rarement pour ce qui concerne ses pollens et ses pollinoses : voilà une étude de base qui vient tenter de combler ce grand vide !

Comptes polliniques (sur 15 ans) et sensibilisations chez des patients avec une allergie respiratoire à Thessalonique, Grèce. : D. Gioulekas1, D. Papakosta1, A. Damialis1, F. Spieksma2, P. Giouleka1, D. Patakas1

1Pulmonary Department, G. P. Hospital ’G. Papanikolaou’, Aristotle University of Thessaloniki (A.U.Th.), Thessaloniki, Greece ; 2Aerobiology Laboratory, Pulmonary Department, University of Leiden, Leiden, The Netherlands

dans Allergy 59 (2), 174-184

 Contexte :

  • très peu d’enregistrements de comptes polliniques ont été effectués jusqu’à présent en Grèce ; de plus, il y a un manque d’investigations à propos de la sensibilisation des patients.
  • Ces données sont nécessaires dans le monde entier pour le diagnostic de l’allergie respiratoire et pour le traitement.

 Méthodologie :

  • des enregistrements quotidiens avec identification de 16 espèces de pollens aéroportés ont été effectués à l’aide d’un capteur de Burkard de 1987 à 2001.
  • La sensibilité cutanée aux extraits de 13 pollens très communs a été explorée dans un échantillon de 1311 asthmatiques avec atopie, admis à la clinique pour asthme de 1990 à 2001.
  • La sensibilité cutanée à 55 allergènes incluant 13 extraits de pollens a été détectée par des prick tests.

 Résultat  :

  • on a enregistré les concentrations polliniques suivantes :
    • cyprès (24,9 % du total),
    • chêne (20,8 %),
    • pariétaire (13,6 %),
    • olivier (9,1 %),
    • pin (8,9 %),
    • graminées (6,3 %),
    • platane (5,4 %),
    • noisetier (3 %),
    • chénopode (2,5 %),
    • peuplier (1,4 %).
  • Les pourcentages respectifs de bouleau, ambroisie, armoise, saule, aulne et orme étaient inférieurs à 1 %.
  • Les comptes de grains de pollens les plus élevés ont été détectés de mars à juin.
  • Pour ce qui concerne la sensibilisation des patients, une sensibilisation a été détectée pour :
    • les graminées chez 530 patients (40,4 %),
    • l’olivier 417 (31,8 %),
    • chénopode 240 (18,3 %),
    • pariétaire 201 (15,3 %),
    • armoise 198 (15,1 %),
    • plantain 194 (14,6 %),
    • cyprès 166 (12,7 %),
    • noisetier 126 (9,6 %),
    • pin 122 (9,3 %),
    • peuplier 111 (8,4 %),
    • platane 107 (8,2 %),
    • chêne 99 (7,6 %)
    • pour le bouleau 89 patients (6,8 %).
  • La sensibilisation aux grains de pollens était plus fréquente chez les hommes (57,9 %).

 Conclusion : pour la première fois à Thessalonique, Grèce, quinze années d’enregistrement de pollens ont été conduits.
Les observations cliniques confirment que les pollens principalement impliqués dans les symptômes d’allergie respiratoire sont les graminées, l’olivier et la pariétaire.


L’allergie est une réaction particulière à l’environnement. Tout progrès en allergologie dépend donc étroitement de la connaissance du milieu dans lequel évolue l’allergique.

Cette étude Grecque vient s’inscrire dans cette perspective, dans le domaine des pollinoses.

Sur les capteurs, on retrouve sans grande surprise les espèces méditerranéennes classiques, avec une forte présence des pollens de chêne (mais quelles espèces ?) . Toutefois, nous ne disposons pas de données quantitatives précises .

On peut remarquer que la corrélation entre la fréquence de sensibilisation et la concentration observée sur les capteurs n’est pas linéaire . Le cyprès arrive en tête des relevés ( 25% de la totalité des pollens ) mais n’est responsable « que » de 13% de sensibilisations, alors que les graminées, pourtant en 6ème position (6% des pollens « seulement » sont responsables de la sensibilisation la plus fréquente, avec 40% de patients sensibles (là aussi, on ignore les espèces en cause, différentes de celles que nous rencontrons en zone océanique) . Le chêne, pourtant très présent, n’est responsable que de peu de sensibilisations, les espèces en cause étant peut-être relativement peu sensibilisantes .

D’autres facteurs interviennent : la quantité de pollen ne fait pas tout, le moment de sa survenue est également capital en raison du « priming effect », déjà mis en évidence par Connel en 69 . La pollinisation précoce des cyprès jouant un rôle aggravant pour les pollinisations ultérieures.

Au total une première étude nécessaire, en attendant les suivantes...

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