Même les enfants paient pour « nine-eleven » !

dimanche 28 mars 2004 par Dr Alain Thillay1247 visites

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Même les enfants paient pour « nine-eleven » !

Même les enfants paient pour « nine-eleven » !

dimanche 28 mars 2004, par Dr Alain Thillay

D’emblée, après les attentats du 11 septembre 2001, le problème de la toxicité du nuage de poussière dégagé lors de l’effondrement des Twin Towers a été évoqué par la communauté médicale new-yorkaise. Cette étude a pour but d’évaluer le retentissement sur l’asthme des enfants vivant autour de Ground Zero.

Détérioration de l’état clinique des enfants asthmatiques après le 11 septembre 2001. : Anthony M. Szema, MDa * Meera Khedkar, MDa
Patrick F. Maloney, MDa Patricia A. Takach, MDa Michael S. Nickels, MD, PhDa
Harshit Patel, MDa Francesmary Modugno, PhD, MPHb
Alan Y. Tso, MDc Deborah H. Lin, MDc

aDepartment of Medicine, State University of New York at Stony Brook School of Medicine, Stony Brook, NY, USA
bDepartment of Epidemiology, University of Pittsburgh School of Public Health, Pittsburgh, Pa, USA
cCharles B. Wang Community Health Center, New York, NY, USA

dans JACI March 2004 • Volume 113 • Number 3

 CONTEXTE.

  • Les résidents de la ville de New-York ont été exposés à une grande variété de substances inhalables après la destruction du World Trade Center.
  • L’exposition à ces substances a pu être à l’origine d’une augmentation de la sévérité de l’asthme dont l’importance serait prédite en fonction de la distance de la résidence par rapport à Ground Zero.

 OBJECTIF.
Nous avons tenté d’évaluer les effets de la destruction du World Trade Center sur les enfants asthmatiques.

 METHODES.

  • Nous avons revu de façon rétrospective les dossiers de 205 enfants asthmatiques suivis dans un hôpital du « lower Manhattan’s Chinatown ».
  • Les données cliniques avaient été obtenues un an avant et un an après le 11 septembre 2001.
  • Les mesures incluaient le nombre de consultations, les prescriptions de médicaments anti-asthmatiques, les prescriptions de corticostéroïdes oraux, le nombre de prises par semaine de bronchodilatateur à courte durée d’action et les résultats du débit expiratoire de pointe (DEP).
  • Les numéros de code résidentiel étaient utilisés afin de comparer la sévérité de l’asthme des patients vivant à une distance inférieure à 5 miles ou à une distance supérieure à 5 miles par rapport à Ground Zero.

 RESULTATS.

  • Après le 11 septembre 2001, ces enfants ont eu plus de consultations motivées par l’asthme (P=0,002) et ont reçu plus de médicaments anti-asthmatiques (P=0,018).
  • Il n’a pas été rapporté de différences significatives concernant le recours à l’aérosol de secours et la prescription de corticostéroïdes per os.
  • Les enfants vivant dans un rayon inférieur à 5 miles par rapport à Ground Zero ont eu plus de consultations après le 11 septembre 2001 (P=0,013) ; l’augmentation du nombre consultations des patients vivant à plus de 5 miles n’était pas significative.
  • La moyenne prédite du DEP était diminuée seulement chez les patients vivant dans un rayon inférieur à 5 miles de Ground Zero durant les 3 mois qui ont suivi le 11 septembre 2001.

 CONCLUSIONS.

  • La sévérité de l’asthme s’est aggravée après le 11 septembre 2001 chez les enfants asthmatiques vivant près de Ground Zero.
  • La proximité de la résidence par rapport à Ground Zero était prédictive du degré d’aggravation de l’asthme.

Il s’agit d’une étude rétrospective dont l’analyse n’apparaît pas aussi simple que cela.
En effet, d’après les résultats, les enfants vivant près de Ground Zero, dans un rayon de 5 miles, ont vu leur asthme s’aggraver.

Les auteurs en veulent pour preuve l’augmentation des consultations pour asthme et l’augmentation de la prescription des médicaments de l’asthme.

Pourtant, il y a des aspects qui ne semblent pas cohérents.

Ainsi, il n’y a pas eu d’augmentation de l’usage de bronchodilatateur de secours ni des corticoïdes oraux.

On peut donc s’interroger : les consultations n’ont-elles pas augmenté du fait de l’inquiétude des parents avec son corollaire, la prescription des médicaments de l’asthme ?
Alors même que les signaux d’une véritable aggravation (aérosol de secours et corticoïdes oraux) sont restés au niveau habituel.

Enfin, se fier au DEP pour juger de l’aggravation d’un asthme m’apparaît comme un moyen un peu trop grossier pour en tirer des conclusions définitives.

En conclusion, il existe trop de biais dans cette étude pour prendre ses résultats au pied de la lettre.

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