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Quand les éosinophiles des voies aériennes draguent les lymphocytes TH2.
vendredi 9 avril 2004, par
Les éosinophiles des voies aériennes sont reconnus comme des cellules inflammatoires effectrices liées aux réactions de stimulation lymphocytaire allergéniques. Les auteurs ont évalué s’ils pouvaient jouer un rôle associé de cellules présentatrices d’antigène, permettant de moduler les réponses allergiques TH2.
Les éosinophiles endobronchiques stimulent préférentiellement les réponses cellulaires T helper de type 2. : H.-Z. Shi1, C.-Q. Xiao1, C.-Q. Li1, X.-Y. Mo1, Q.-L. Yang2, J. Leng2, Y.-Q. Chen1
1Divisions of Pulmonary and Critical Care Medicine, First Affiliated Hospital ; 2Department of Immunology, Guangxi Medical University, Nanning, People’s Republic of China
– Contexte. Les éosinophiles spécifiques d’antigènes, instillés dans la trachée chez des souris, sont capables de migrer vers les ganglions lymphatiques locaux et de se localiser dans les zones para-corticales riches en lymphocytes T, où ils stimulent la prolifération des lymphocytes CD4+ spécifiques des antigènes.
– But de l’étude. Évaluer si les éosinophiles présents dans la lumière de l’arbre trachéo-bronchique peuvent stimuler l’expansion des lymphocytes TH2 en présentant l’antigène, à la fois in vitro et in vivo.
– Méthodes.
- Les éosinophiles des voies aériennes étaient obtenus par lavage alvéolaire chez des souris sensibilisées à l’ovalbumine ; puis ils étaient co-cultivés avec des CD4+ sensibilisés en absence ou en présence d’anticorps monoclonaux anti-CD80 et/ou -CD86, puis instillés dans la trachée des souris sensibilisées.
- 3 jours après, les ganglions lymphatiques para-trachéaux étaient prélevés et cultivés en suspension cellulaire.
- Les surnageants étaient prélevés pour détection des cytokines.
– Résultats.
- Les éosinophiles des voies aériennes fonctionnent comme des cellules présentatrices d’antigène (CPA) CD-80 et CD-86 dépendantes, pour stimuler les lymphocytes CD4+ et produire de l’interleukine IL4, IL5 et IL13, mais pas d’interféron gamma in vitro.
- S’ils sont instillés dans la trachée chez des souris sensibilisées, les éosinophiles migrent in vivo dans les ganglions para-trachéaux avec des lymphocytes TH2 synthétisant de l’IL4, de l’IL5 et de l’IL13, mais pas de l’interféron gamma ; cette production était aussi, pendant la culture in vitro, CD-80 et CD-86 dépendante.
– Conclusion.
- Les éosinophiles présents dans la lumière des voies aériennes peuvent transformer la fonction des antigènes inhalés, in vitro et in vivo, pour en faire des cellules présentatrices d’antigène, afin de promouvoir l’expansion des lymphocytes TH2.
- Cette étude souligne la potentialité des éosinophiles à agir non pas seulement comme des cellules effectrices finales, mais aussi à moduler activement les réponses immunes en amplifiant les réponses TH2.
Cette étude, très bien menée dans sa démarche scientifique, montre que les éosinophiles des voies aériennes stimulent les lymphocytes CD4 pour leur faire synthétiser des cytokines pro-inflammatoires (IL4, IL5, IL 13), sans stimuler la synthèse d’interféron gamma, cytokine inhibant les réactions TH2.
Ces éosinophiles se comportent donc comme des cellules présentatrices d’antigène, qui vont pouvoir amplifier l’expansion lymphocytaire TH2, aboutissant elle-même à une réponse pro-inflammatoire, tel un cercle vicieux.
Les éosinophiles semblent donc avoir une double polarité, à la fois cellules immunes à part entière et cellules effectrices de l’inflammation, rendant compte de leur rôle majeur dans l’inflammation allergique.
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