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Naissance d’une allergie
jeudi 21 mars 2002, par
Un bref rappel simplifié des mécanismes immuns à l’origine de la naissance d’une allergie.
Les allergies correspondent à une réponse exagérée et inadaptée de notre système immunitaire vis à vis d’un allergène.
Notre organisme est protégé de l’extérieur par la peau et les muqueuses : la peau est l’organe qui est directement visible et les muqueuses recouvrent l’intérieur de notre corps qui reste en contact avec l’extérieur : la bouche, l’oesophage et le tube digestif ; le nez, le pharynx, le larynx et les bronches. Il existe d’autres muqueuses, mais ce n’est plus le sujet...
Pour qu’il y ait "allergie", il faut déjà avoir rompu une de ces barrières physiologiques. C’est donc une rupture de l’immunité dite "passive". C’est important à comprendre car, de la même façon, tout ce qui vise à rétablir cette immunité passive "traîtera" les signes cliniques de la maladie allergique.
Comme pour toute réaction immunitaire, les allergènes doivent dans un premier temps être identifiés par l’organisme comme des adversaires pour que celui-ci puisse mettre en place une réponse d’allergie. L’allergie est spécifique d’un allergène.
Les réactions d’allergie sont également appelées réactions d’hypersensibilité. Ces réactions sont donc classées en :
1-Réactions immédiates : ce sont celles qui surviennent dans les minutes ou au maximum les heures après le contact avec l’allergène,
2-Réactions cytotoxiques : ce sont essentiellement des réactions qui surviennent dans le sang,
3-Réactions retardées : elles surviennent de 2 à plusieurs jours après le contact.
Les maladies allergiques les plus fréquemment observées sont les immédiates et les retardées. Les autres formes sont très certainement sous-estimées.
Nous détaillerons donc ici plus particulièrement les formes immédiates et retardées d’hypersensibilité.
L’allergie immédiate fait appel à une réponse qui, lorsqu’elle n’est pas pathologique, nous permet de lutter contre les parasitoses et également contre certains cancers. Cette réponse est liée aux anticorps de type E (IgE).
La réaction allergique se déroule habituellement de la manière suivante :
– Premier contact :
L’allergène (par exemple l’acarien) entre en contact avec le système immunitaire. Celui-ci, du fait du terrain particulier (on parle de terrain atopique puisque le sujet a une prédisposition à développer une allergie) décide de fabriquer des anticorps de type E (IgE)pour les allergènes qu’il a rencontré.
Ils sont alors répartis dans tout l’organisme par la circulation sanguine et se fixent sur certaines cellules : les mastocytes cutanés et muqueux et les basophiles. C’est la phase de sensibilisation : le sujet a été en contact avec l’allergène, son organisme a installé la "mémoire" de celui-ci sur ses cellules.
– Deuxième contact :
L’allergène quand il pénètre de nouveau dans l’organisme se retrouve au contact des cellules porteuses d’anticorps de type E sur leur membranes.
Ce contact active ces cellules qui libèrent alors des substances extrêmement toxiques qui déclenchent une inflammation.
Ces substances ont également d’autres activités non anodines : elles attirent les polynucléaires éosinophiles en masse dans le tissu lésé et les activent, elles entrainent une favorisation des réponses de type allergique auprès des cellules présentatrices d’antigènes. Cette action sur les autres cellules explique pourquoi l’allergie s’auto-entretient.
L’allergie immédiate est d’un mécanisme redoutable car non seulement tout est prévu pour qu’elle s’auto-entretienne mais de nombreux auteurs estiment actuellement qu’elle s’auto-amplifie ce qui expliquerait l’augmentation en fréquence des polysensibilisés.
L’allergie retardée fait appel à une réponse cellulaire, elle ne repose nullement sur les anticorps. Elle est essentiellement décrite pour l’eczéma, la voici décrite brièvement :
– Premier contact :
Une substance se fixe aux cellules de la peau (kératinocytes, cellule de Langherans ou macrophage...). La cellule de Langherans qui a reconnu l’allergène migre alors vers les ganglions satellites où elle présente l’allergène aux autres cellules (lymphocytes). C’est ici que l’organisme décidera du sort à donner à l’adversaire...
Si l’allergie est retenue les lymphocytes mémoires vont venir peupler les différents ganglions de l’organisme passant alors au stade de veille et circulant de ganglion en ganglion. Ils attendent le deuxième contact pour se manifester... :-(
Deuxième contact : La substance se fixe à nouveau sur les kératinocytes (ou cellules de Langerhans ou macrophages).
Ceux-ci appellent à nouveau les lymphocytes circulants. Un lymphocyte mémoire de l’allergène concerné le reconnaît, il migre alors à l’intérieur de la peau et tente de détruire l’adversaire en créant des lésions vésiculeuses intradermiques. Les lymphocytes spécifiques et aspécifiques affluent en masse sur le lieu de l’allergie créant d’importantes lésions en général en 48h à 72h. D’où le nom d’allergie retardée.
Bien entendu ceci n’est que le prélude à d’autres allergies là aussi...
L’immunité passive est lésée, les cellules présentatrices activées, le contact avec l’environnement intense.
Bref toutes les conditions sont réunies pour que d’autres sensibilisations se fassent et entretiennent l’allergie.
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