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Maman fume sa clope, c’est bébé qu’est malade (nouvelle berceuse)
lundi 10 mai 2004, par
Voici une nouvelle étude sur l’effet du tabagisme passif in utéro et dans les premières années de la vie sur l’asthme et l’atopie chez des enfants à haut risque atopique. Les résultats de cette étude confirmeront-ils ceux déjà communiqués dans ce domaine ?
Exposition à la fumée de tabac, sifflement thoracique et atopie. : Clare S. Murray, MD, MRCPCH *, Ashley Woodcock, MD, FRCP, Frazer I. Smillie, PhD, Greg Cain, BSc, Patricia Kissen, RSN, Adnan Custovic, MD, PhD,
on behalf of NACMAAS Study Group
North West Lung Centre, Wythenshawe Hospital, Manchester, UK
dans Pediatric Pulmonology
Volume 37, Issue 6 , Pages 492 - 498
– BUT
Nous avons étudié l’effet de l’exposition à la fumée de tabac in utéro et postnatal sur les symptômes respiratoires et l’atopie dans les 3 premières années de vie chez des enfants à haut risque d’atopie (les deux parents atopiques).
– METHODES
- Trois cent soixante-neuf enfants ont été suivis dès la naissance et revus à l’âge de 1 an et de 3 ans (questionnaire respiratoire et tests cutanés).
- Les parents avaient un questionnaire à remplir concernant leur tabagisme et la cotinine plasmatique était mesurée sur des échantillons sanguins au cordon et sur prélèvement veineux à l’âge d’un an (chromatographie gazeuse sur colonne capillaire).
– RESULTATS
- L’apparition de sifflements thoraciques dans la première année de vie était significativement plus fréquente chez les enfants dont les mères fumaient (54,2% contre 5,6%, P=0,017), mais pas d’apparition de sifflements thoraciques après l’âge d’un an (10,8% contre 10,9%, mères tabagiques ou non tabagiques, P=0,99).
- La cotinine détectée sur le sang du cordon n’était pas associée aux sifflements thoraciques.
- Les sifflements thoraciques récidivants chez les nourrissons étaient significativement plus communs chez ceux ayant eu de la cotinine détectée à l’âge d’un an (c’est à dire, sifflements sans rhino-pharyngite, 17,8% contre 5,6%, P=0,02 ; sifflements prolongés, 6,5% contre 0%, P=0,04).
- L’exposition à la fumée de tabac n’était pas associée à l’atopie.
- Dans une analyse de régression multivariable, le tabagisme maternel durant la grossesse et/ou dans la première année de vie restait associé aux sifflements thoraciques de la première année de vie (OR = 1,88 : IC=95%, 1,14-3,12 ; P=0,01).
- L’exposition à la fumée de tabac n’a que peu d’effet ou pas d’effet du tout sur le développement de l’atopie.
- La mesure de la cotinine plasmatique n’était pas plus essentielle que ne l’était l’évaluation par questionnaire de l’exposition au tabac dans notre cohorte.
L’analyse de cette étude suggère que l’apparition précoce des sifflements thoraciques est dépendante du tabagisme maternel alors qu’il ne concernerait pas l’apparition plus tardive après un an de vie.
Ce constat est corroboré à la présence de sifflements chez l’enfant ayant de la cotinine dans son sang.
L’analyse de régression multivariable confirme cela.
A l’inverse ce tabagisme passif ne semble pas jouer un rôle sur l’apparition des manifestations de l’atopie.
Ce fait semble contestable, il est évident que les enfants étant tous à haut risque atopique (les deux parents sont atopiques), il devrait exister un pourcentage important d’enfant présentant les critères de la maladie allergique IgE dépendante.
Il est alors peut-être difficile d’évaluer l’apparition d’un excès d’allergie dans une telle population.
Lors du dernier congrès de l’AAAAI à San Francisco une communication allemande (Michael Kulig, Institut de médecine sociale, Berlin) relatait une étude de suivi de cohorte de naissance concernant 1314 nouveau-nés dont les parents fumaient ; le suivi était de dix ans.
Dans cette étude, le risque de sensibilisation aux aéroallergènes était multiplié par 1,8 si un seul parent était atopique et par 7 si les deux l’étaient.
Dans la présente communication, il semble donc que de travailler sur une population à haut risque atopique ne permet pas d’évaluer l’excès de sensibilisation du au tabagisme passif de l’enfant.
On en restera aux résultats confirmés par de nombreuses études, le tabagisme passif de l’enfant accroît le risque d’asthme et le risque de sensibilisation aux aéroallergènes.
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