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L’hygiène n’est pas le propre de l’allergie.
mercredi 26 mai 2004, par
Il s’agit d’une nouvelle étude de cohorte de naissance concernant la théorie hygiéniste. On pourrait presque dire : Encore ! Pourtant, cette étude danoise menée avec beaucoup de précautions méthodologiques ne va pas tout à fait dans le sens du vent.
Etude de cohorte de fratrie : effet des maladies infectieuses, et risque de dermatite atopique durant les 18 premiers mois de la vie. : Christine Stabell Benn, research fellow1, Mads Melbye, professor of epidemiology1, Jan Wohlfahrt, statistician1, Bengt Björkstén, professor of paediatrics and allergy prevention3, Peter Aaby, professor of international health2
1 Department of Epidemiology Research, Danish Epidemiology Science Centre, Statens Serum Institut, Denmark, 2 Projecto de Saúde de Bandim, Bissau, Guinea-Bissau, 3 Center for Allergy Research and Institute of Environmental Medicine, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden
dans BMJ 2004 ;328:1223 (22 May)
– OBJECTIFS
- Déterminer si les maladies infectieuses précoces peuvent expliquer l’association entre l’importance de la fratrie et les autres marqueurs de l’exposition microbienne et le développement de la dermatite atopique avant l’âge de 18 mois.
– METHODE
- Etude sur une cohorte de naissance, registre national danois, l’enrôlement s’est effectué de 1997 à 2002.
- Les mères étaient enrôlées lors de la première consultation pour la grossesse chez leur médecin de famille.
- Un interrogatoire téléphonique (4 entretiens) a permis de collecter les informations concernant la dermatite atopique, les maladies infectieuses apparues avant l’âge de 6 mois, la taille de la fratrie, les jours de soin, la possession d’un animal domestique, la résidence en ferme et autres facteurs contextuels.
- Les participants à l’étude sont constitués de 24 341 paires mère-enfant.
- Principal résultat mesuré : incidence du taux de dermatite atopique.
– RESULTATS
- 13 070 enfants (54%) ont eu au moins une maladie infectieuse cliniquement constatée avant l’âge de 6 mois.
- A l’âge de 18 mois, 2638 (10,8%) des enfants avaient eu une dermatite atopique.
- Le risque de dermatite atopique augmentait avec chaque épisode infectieux avant l’âge de 6 mois (OR=1,08, IC=95%, 1,04 à 1,13).
- Le risque de dermatite atopique diminuait avec chaque exposition additionnelle pour 3 ou plus membres de la fratrie, les jours de soin, animal domestique et résidence en ferme (0,86, 0,81 à 0,93).
– CONCLUSIONS
- Les infections précoces ne protégeraient pas des maladies allergiques, au contraire, elles semblent liées à une augmentation du risque d’apparition de la dermatite atopique avant l’âge de 18 mois.
- A l’inverse, l’effet protecteur de l’importance de la fratrie, les jours de soin, la possession d’un animal domestique et le fait de vivre dans une ferme demeurerait, suggérant que ces effets sont en relation précocement dans la vie et indépendants des maladies infectieuses cliniquement constatées.
Il s’agit d’une étude de cohorte de naissance, - paires mère-enfant-, avec suivi par questionnaire.
Bien sûr, il faut rester critique quant à ce type d’étude par questionnaires. Toutefois, par exemple, pour la dermatite atopique, les auteurs ont fait vérifié sur un échantillon dont les mères annonçaient une dermatite atopique par un dermatologue la pertinence de ce diagnostic. Cela a permis d’ajuster les résultats retrouvés.
Il en a été ainsi des différents facteurs pris en compte dans cette étude.
Ainsi, cette étude semble contredire les travaux, comme ceux de Strachan, qui montraient une corrélation négative entre le nombre d’épisodes infectieux précoces et la prévalence des manifestations d’atopie. Ici, la corrélation est positive, plus il y a d’infections cliniquement constatées, plus la prévalence des manifestations atopiques augmente.
Par contre, tous les paramètres indirects du contact infectieux, taille de la fratrie, jours de soin, animaux domestiques, vie à la ferme sont en corrélations positives.
Dans le texte intégral consultable sur l’Internet, les auteurs expliquent que ces facteurs exposent sans doute à une grande charge microbienne qui ne se concrétise pas obligatoirement par des infections symptomatiques mais joueraient un rôle sur la maturation immunitaire TH1. Il s’agirait d’un rôle différent de celui de l’infection symptomatique.
En d’autres termes, les microbes auraient un rôle de maturation du système immunitaire direct sans nécessairement déclencher une infection symptomatique. Enfin, il s’agit de l’idée qui vient à la lecture de ce travail.
La théorie hygiéniste n’a pas fini de faire parler d’elle.
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