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Le rêve albanais : partir en Italie pour avoir plus de chance d’être allergique ?!
lundi 31 mai 2004, par
Il s’agit d’une étude utilisant le modèle d’immigrants provenant d’un pays de faible prévalence des maladies IgE médiées, l’Albanie, et venant s’installer dans le sud de l’Italie. Le but est de montrer l’impact des facteurs environnementaux sur les modifications de la prévalence de ces maladies allergiques.
Allergie, asthme et marqueurs des infections parmi des albanais migrants dans le sud de l’Italie. : M. T. Ventura1, G. Munno2, F. Giannoccaro3, F. Accettura1, M. Chironna4, R. Lama5, M. Hoxha5, V. Panetta6, L. Ferrigno6, F. Rosmini6, P. M. Matricardi7, S. Barbuti4, A. Priftanji5, S. Bonini8, A. Tursi1
1Department of Internal Medicine, Immunology and Infectious Diseases, University of Bari Medical School, Policlinico, Bari ; 2Transfusional Service, San Giacomo Hospital, Monopoli ; 3Department of Internal Medicine, San Giacomo Hospital, Monopoli ; 4Department of Internal Medicine and Public Medicine University of Bari, Bari, Italy ; 5Clinic of Allergy and Clinical Immunology, University Hospital Center ’Mother Teresa’, Tirana, Albania ; 6Laboratory of Epidemiology and Biostatistics, Istituto Superiore di Sanità, Rome ; 7Asthma and Allergy Research Unit, Ospedale Pediatrico Bambino Gesù Research Institute (IRCCS), Rome ; 8INMM-Italian National Research Council and San Raffaele H, Rome, Italy
dans Allergy 59 (6), 632-636
– CONTEXTE
- Les études sur les immigrants constituent un outil pratique afin de déterminer le rôle relatif de l’environnement sur les facteurs génétiques pour expliquer l’augmentation importante de la prévalence de la sensibilisation et des maladies allergiques.
– METHODES
- Un total de 152 albanais ayant migré dans le sud de l’Italie ont répondu à un questionnaire basé sur « the European Community Respiratory Health Survey (ECRHS) » et 139 d’entre eux ont subi des prick-tests cutanés, et 61 des tests sérologiques mesurant les IgE totales sériques et les IgG anti-Toxoplasma gondii (TG), anti-herpes simplex virus 1 (HSV-1), virus de l’hépatite A (VHA) et Helicobacter pylory (HP).
– RESULTATS
- Le nombre de cas d’asthme était assez rare (2/152 ; 1,3%), alors que les allergies nasales rapportées étaient plus importantes (24/152 ; 15,8%).
- La sensibilisation aux aéroallergènes classiques se retrouvait chez 27/139 (19,4%) des sujets.
- La fréquence de la sensibilisation cutanée aux pollens (P=0,003) et celle du rhume des foins (P=0,004) augmentaient avec le temps passé en Apulia (la région du talon de la botte en face de l’Albanie).
- Les 61 sera comportaient des anticorps anti-VHA, 59/61 (96,7%) contre l’HSV-1, 48/61 (78,7%) contre HP et 34/61 (55,7%) contre TG.
- La prévalence de la sensibilisation cutanée et des symptômes de rhume des foins était corrélée à la durée de résidence dans le sud de l’Italie.
– CONCLUSIONS
- Les données ont montré que les immigrants en Italie, malgré une faible prévalence de maladies et de sensibilisations allergiques dans leur pays d’origine, manifestaient avec le temps une augmentation de la prévalence de la sensibilisation aux allergènes locaux et des symptômes nasaux après avoir immigré en Italie.
- Cela suggère un rôle permanent de l’exposition aux allergènes et des facteurs en rapport avec le style de vie dans l’influence de l’apparition de sensibilisation et de symptômes de maladies allergiques.
Cette étude, même si elle doit amener à faire quelques critiques méthodologiques, est intéressante à plus d’un titre.
Elle a recours au modèle classique de l’immigrant provenant d’un pays de faible prévalence des maladies allergiques IgE médiée et qui va s’installer dans un pays de forte prévalence de ces pathologies.
Tous les patients montraient la présence de marqueurs biologiques d’infections, ceci confortant l’opinion du rôle des maladies infectieuses dans la prévention des maladies allergiques à IgE.
Les résultats montrent en outre que ces albanais vivant en Italie ont une prévalence élevée de rhinites allergiques, de sensibilisations aux aéroallergènes classiques de l’environnement italien alors que l’asthme semblait moins fréquent.
Au total, le style de vie a un grand pouvoir de pression sur le génome pour permettre l’expression du phénotype allergique à IgE.
Une dernière remarque, le fait d’avoir vécu dans des conditions propres à la maturation TH1- une exposition importante à un environnement microbien- n’a pas un effet protecteur durable.
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