La petite souris BALB/c a une bonne mémoire...de la désensibilisation !

samedi 3 juillet 2004 par Dr Alain Thillay1908 visites

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La petite souris BALB/c a une bonne mémoire...de la désensibilisation !

La petite souris BALB/c a une bonne mémoire...de la désensibilisation !

samedi 3 juillet 2004, par Dr Alain Thillay

L’immunothérapie spécifique induit de multiples mécanismes de régulation immunologique dont un des buts est le rééquilibrage de la balance TH1/TH2. Ici, sur un modèle murin asthmatique BALB/c, les auteurs tentent de montrer l’existence d’une mémoire suppressive liée à l’IL-10. La démonstration est élégante.

L’immunothérapie allergénique induit la mémoire d’une réponse suppressive médiée par l’IL-10 sur un modèle murin d’asthme. : Joost L. M. Vissers, PhD a
Betty C.A.M. van Esch, BSc a
Gerard A. Hofman, BSc a
Martien L. Kapsenberg, PhD b
Frank R. Weller, MD c
Antoon J.M. van Oosterhout, PhD a

From athe Department of Pharmacology and Pathophysiology, Faculty of Pharmaceutical Sciences, Utrecht University, Utrecht ; bthe Department of Histology and Cell Biology and the Department of Dermatology, Academic Medical Center, University of Amsterdam, Amsterdam ; and cAsthmacenter Heideheuvel Netherlands and Asthmacenter Davos, Hilversum, The Netherlands

 CONTEXTE

  • Des études sur l’homme ont démontré que l’immunothérapie spécifique induit une mémoire de réponse suppressive et une production spécifique de l’allergène d’IL-10 par les cellules T.
  • Antérieurement, nous avons établi un modèle murin pour lequel l’immunothérapie spécifique était efficace sur la suppression des manifestations asthmatiques induites par l’allergène.

 OBJECTIF

  • Dans cette étude, nous avons cherché, d’une part, à savoir si l’immunothérapie spécifique induit un effet à long terme, et, d’autre part, à préciser le rôle de l’IL-10 dans le succès de cette immunothérapie.

 METHODES

  • Des souris BALB/c sensibilisées à l’ovalbumine ont reçu 3 injections d’ovalbumine (1 mg en sous-cutané) tous les deux jours.
  • Après un court intervalle (une semaine) et un intervalle long (5 semaines), les souris subissaient un test de provocation par inhalation d’ovalbumine, et ensuite, ont été mesurés réactivité des voies respiratoires, éosinophiles au niveau des voies respiratoires, IgE sériques spécifiques de l’ovalbumine et cytokines du profil TH2.
  • Une cytométrie en flux et un blocage des récepteurs à l’IL-10 in vivo ont été utilisés pour mettre en évidence le rôle de l’IL-10 dans les effets bénéfiques de l’immunothérapie spécifique.

 RESULTATS

  • Après un long intervalle entre l’immunothérapie à l’ovalbumine et le test de provocation à l’ovalbumine, l’évolution des éosinophiles respiratoires et de l’hyperréactivité bronchique à la méthacholine était plus fortement diminuée qu’après un cours intervalle.
  • Ces effets suppressifs coïncidaient avec une réduction significative du taux des IgE sériques spécifiques de l’ovalbumine et de la production des cytokines TH2.
  • Sous immunothérapie, le rapport IL-5/IL-10 dans le lavage broncho-alvéolaire était en faveur de l’IL-10.
  • Sur les cellules pulmonaires restimulées par l’ovalbumine et sur les cultures de lymphocytes provenant de ganglions thoraciques de ces souris, les taux d’IL-5 diminuaient de façon dramatique, alors que le pourcentage des cellules T IL-10+ CD4+ n’était pas affecté.
  • Finalement, chez les souris traitées par mAb contre les récepteurs d’IL-10, les effets bénéfiques de l’immunothérapie étaient largement diminués.

 CONCLUSION

  • Ces données montrent que l’immunothérapie spécifique induit une mémoire d’un effet suppresseur dans lequel l’IL-10 est essentielle.

Cette étude réalisée par plusieurs équipes universitaires néerlandaises apporte de nouveau éléments probants de l’efficacité de la désensibilisation et de son mode d’action.

D’abord, mise en évidence d’un effet suppresseur sur la production des IgE sériques spécifiques de l’allergène et des cytokines de profil TH2.

Tout cela se concrétisant par une diminution des marqueurs de l’activité de la maladie asthmatiques (test de provocation bronchique à la méthacholine et spécifique, éosinophiles de voies respiratoires).

Par une méthode élégante, cytométrie en flux et anti-récepteurs à l’IL-10 in vivo, mise en évidence que ces phénomènes sont dépendants de cette IL-10 qui augmente.

Bien sûr, les « fâcheux », les « anti-désensibilisation » diront que la démonstration est faite sur un modèle murin dont le paradigme TH1/TH2 est bien tranché et que cela ne va pas de soi pour la transposer sur le modèle humain.

Bien heureusement, comme l’indique en préalable les auteurs, il a déjà été démontré chez l’homme que cette mémoire suppressive liée à l’IL-10 existe bien.

Il s’agit donc ici d’une confirmation magistrale du mécanisme et surtout que cette mémoire suppressive est effectivement liée à l’IL-10.

Cette étude apporte une pierre de plus à la construction de la démonstration de l’efficacité de l’immunothérapie spécifique.

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