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Réaction allergique aux produits de la mer : une étude téléphonée !
dimanche 15 août 2004, par
La prévalence des allergies alimentaires est en augmentation. Par contre, les chiffres manquent souvent pour déterminer la prévalence de tel ou tel groupe d’aliments. Ici, il s’agit d’une grande étude américaine effectuée par interrogatoire téléphonique afin de déterminer la prévalence de l’allergie aux produits de la mer.
Prévalence de l’allergie aux produits de la mer aux États-Unis déterminée par une étude téléphonique randomisée. : Sicherer SH, Munoz-Furlong A, Sampson HA.
Elliot and Roslyn Jaffe Food Allergy Institute, Division of Allergy and Immunology, Department of Pediatrics, Mount Sinai School of Medicine, New York, NY 10029-6574, USA. scott.sicherer@mssm.edu
dans J Allergy Clin Immunol. 2004 Jul ;114(1):159-65
– CONTEXTE
- L’allergie aux produits de la mer est potentiellement sévère, mais la prévalence de ce groupe d’allergie alimentaire dans la population américaine n’a pas été déterminée.
– OBJECTIF
- Estimer la prévalence de l’allergie aux produits de la mer (poissons, coquillages) aux États-Unis.
– METHODES
- Nous avons pratiqué une étude téléphonique randomisée, en section croisée sur l’ensemble des États-Unis à l’aide d’un questionnaire standardisé.
- Les critères étaient établis par avance afin de déterminer l’allergie aux produits de la mer par le rapport de symptômes évocateurs et par évaluation du médecin.
– RESULTATS
- Un total de 5529 foyers a effectué l’étude (taux de participation de 67,3%), représentant un total de 14948 individus.
- L’allergie aux poissons ou aux coquillages définie par l’existence des critères était rapportée dans 5,9% des foyers (IC=95%, 5,3%-6,6%) et ce qui au niveau individuel se répartissait comme suit :
- 2,3% (IC=95%, 2%-2,5%) pour toutes allergies aux produits de la mer,
- 2% pour les coquillages,
- 0,4% pour le poisson,
- 0,2% pour les deux.
- L’allergie aux produits de la mer était plus courante chez l’adulte que chez l’enfant (2,8% contre 0,6% ; P<0,001) et chez les femmes comparativement aux hommes (3,6% contre 2% ; P<0,001).
- Les réactions récurrentes étaient rapportées dans 58% des cas, dyspnée et gêne laryngée étaient rapportées dans plus de 50% des cas et 16% ont reçu de l’adrénaline.
- Malgré l’importance de ces réactions graves, seulement 8,6% avaient eu une prescription d’adrénaline auto-injectable.
- Le taux de réactions à plusieurs poissons était de 67% parmi les sujets allergiques au poisson ; pour les crustacés 38% et pour les mollusques le taux était de 49% ; seulement 14% des sujets allergiques aux crustacés rapportaient une allergie aux mollusques.
– CONCLUSIONS
- L’allergie aux produits de la mer mise en évidence par l’existence de symptômes pertinents ou diagnostiquée par le médecin est rapportée dans 2,3% de la population générale, soit approximativement 6,6 millions d’américains.
- Les sujets rapportent typiquement des réactions récurrentes et parfois sévères ce qui indique que l’allergie aux produits de la mer représente un problème de santé significatif.
Cocorico ! Pour une fois que la France fait mieux que les USA, il est important de le noter.
En effet, nous amis américains en sont réduits à faire des enquêtes téléphoniques pour connaître la prévalence des allergies aux produits de la mer alors que nous avons la veille permanente du CICBAA !!!
Les résultats importants sont 2,3% de prévalence d’allergie aux produits de la mer dans l’ensemble de la population américaine, coquillages et crustacés sont les plus souvent en cause.
Autre résultat important, dans 50% des cas, il existe des réactions graves qui nécessitent dans 16% des cas le recours à l’adrénaline, pourtant seulement 8,6% avaient reçu une prescription d’adrénaline.
Je crois que dans cette étude, c’est ce déficit de prescription d’adrénaline qui paraît le plus inquiétant.
En pratique courante, on retiendra qu’il vaut mieux une prescription de trop d’adrénaline qu’une prescription en moins. En tous cas, tout antécédent de réaction allergique grave doit faire impérativement prescrire une seringue auto-injectable d’adrénaline et ne pas se contenter de simples recommandations d’éviction et/ou de prescription d’anti-histaminique et de corticoïde.
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