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Les eicosanoïdes dans la rhinite perannuelle : c’est bizarroïde !
samedi 11 septembre 2004, par
Les eicosanoïdes sont impliqués dans de nombreux tableaux inflammatoires de l’ensemble de l’arbre respiratoire. Le but de cette étude était de mettre en exergue leur rôle dans différents types de rhinite perannuelle. Et aussi, de juger de l’effet des corticoïdes nasaux sur les taux muqueux de ces eicosanoïdes.
Prostaglandines, leucotriènes et rhinite perannuelle. : Shahab R, Phillips DE, Jones AS.
Head and Neck Oncology Group, Faculty of Medicine, University of Liverpool, UK
dans J Laryngol Otol. 2004 Jul ;118(7):500-7.
– CONTEXTE
- Les prostaglandines et les leucotriènes sont impliquées à la fois au niveau des voies respiratoires supérieures et inférieures.
- Ces constituants jouent un rôle dans la polypose nasosinusienne, la rhinite intrinsèque et la rhinite allergique ainsi que dans la pathogénie de l’asthme.
– OBJECTIF
- Le but de cette étude était de mesurer les taux des eicosanoïdes muqueux dans trois types de rhinite et de les comparer à des contrôles.
- De plus, l’effet des stéroïdes nasaux sur le taux des eicosanoïdes a été évalué.
– METHODE
- Les taux des prostaglandines E2 (PGE2), D2 (PGD2) et des leucotriènes E4 (LTE4) et B4 (LTB4) ont été mesurés au niveau de biopsie nasale pratiquée au niveau du cornet inférieur chez des patients souffrant de rhinite perannuelle et des sujets d’un groupe contrôle.
- Les rhinites étaient classées en 3 catégories :
- rhinite allergique perannuelle (PAR),
- rhinite non allergique à éosinophiles (NARES) et
- rhinite non allergique non à éosinophiles (NENAR) en tenant compte des symptômes, des éosinophiles des sécrétions nasales, de la résistance nasale et des tests allergologiques.
- Les patients atteints de rhinite ont été randomisés en deux groupes.
- Un groupe recevait du propionate de Fluticasone en pulvérisation nasale (PF) et l’autre un placebo sous forme de pulvérisations nasales de sérum physiologique durant une période de 6 semaines avant les biopsies.
- Cent un patients atteints de PAR, de NARES ou de NENAR ont été recrutés séquentiellement, le groupe contrôle était constitué de 21 patients ne souffrant pas de rhinite mais d’une obstruction nasale en rapport avec une déviation septale.
RESULTATS
- Les patients atteints de rhinite non traités avaient significativement des taux plus bas de PGE2, de PGD2 ou de LTE4 que les sujets du groupe de contrôle.
- Le traitement de 6 semaines par pulvérisations nasales de PF augmentait de façon significative les taux des eicosanoïdes chez les patients atteints de PAR et de NARES mais restaient plus bas que la normale.
- Les taux de LTB4 dans les trois groupes de rhinite n’étaient pas significativement différents par rapport aux contrôles et le traitement par le PF n’avait pas d’effet.
– CONCLUSIONS
- Ces résultats vont à contrario de ce que l’on pense habituellement, c’est-à-dire à l’existence d’une augmentation des eicosanoïdes, en particulier les cysteinyl-leucotriènes, qui jouerait un rôle important dans la pathogénie de l’inflammation non infectieuse chronique des voies aériennes supérieures.
Effectivement cette étude est quelque peu dérangeante.
En effet, les rhinitiques non traités par corticoïde nasal ont des taux plus bas des principaux eicosanoïdes (PGE2, PGD2 et LTE4) que les rhinitiques traités.
Ainsi, les patients atteints de PAR et de NARES traités avaient des taux plus élevés d’eicosanoïdes, tout en restant inférieurs à la normale.
On le sait les leucotriènes secrétées par le mastocyte, l’éosinophile, les polynucléaires neutrophiles et les macrophages alvéolaires jouent un rôle important dans l’inflammation de l’ensemble des voies respiratoires. Les leucotriènes sont impliquées aussi bien dans les réactions IgE médiées que dans les troubles du métabolisme de l’acide arachidonique.
Il paraîtrait donc logique que lorsque l’on traite par un corticoïde nasal une PAR ou un NARES que les leucotriènes cystéinées diminuent. L’explication est peut-être simple dans la mesure où les corticoïdes n’ont pas d’action directe sur la régulation des leucotriènes.
Bien sûr, ces résultats restent à confirmer par des études de plus grande envergure prenant en compte un ensemble de critères plus riche.
Enfin, on se souviendra surtout que les corticoïdes nasaux sont très efficaces dans le traitement de la rhinite allergique et du NARES.
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