Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Un nouveau piège à souris : l’arachide ! !

Un nouveau piège à souris : l’arachide ! !
dimanche 10 octobre 2004, par
L’allergie à l’arachide est sévère et son traitement difficile en dehors de l’éviction. Paradoxalement on connaît très peu les réponses immunologiques aux allergènes de l’arachide lors de la sensibilisation. Mais seule une meilleure connaissance de la physiopathologie permettra de proposer des thérapeutiques innovantes.
Réponses humorales et cellulaires T à l’arachide et aux allergènes de l’arachide Ara h1, h2, Ara h3 et Ara h6 dans un modèle de désensibilisation par voie orale. : F. van Wijk*, S. Hartgring*, S. J. Koppelman, R. Pieters* and L. M. J. Knippels
*Institute for Risk Assessment Sciences, Immunotoxicology, Utrecht University, Utrecht, The Netherlands, Experimental Immunology, TNO Nutrition and Food Research, Zeist, The Netherlands and Department of Protein Technology, TNO Nutrition and Food Research, Zeist, The Netherlands
dans Clinical & Experimental Allergy 34 (9), 1422-1428
– Introduction :
- L’allergie à l’arachide est connue pour sa sévérité et sa persistance durant la vie.
- Plusieurs protéines de l’arachide ont été identifiées comme des allergènes et sont nommées Ara de 1 à 7.
- Par contre on connaît peu de choses sur les mécanismes qui sous-tendent la sensibilisation aux protéines de l’arachide.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été d’étudier la réponse immunologique qui est induite vis à vis de l’arachide et des protéines allergéniques de l’arachide Ara h 1, 2, 3 et 6 durant la sensibilisation, en incluant les réponses très précoces.
– Méthodologie :
- Les réponses humorales et cellulaires contre l’arachide et les protéines de l’arachide ont été étudiées à la phase très précoce et tardive de la sensibilisation dans un modèle murin d’anaphylaxie à l’arachide.
- Par conséquent, des souris C3H/HeJ ont été exposées oralement à deux doses différentes d’extraits d’arachide avec une toxine cholérique.
– Résultats :
- La sensibilisation orale à l’arachide est caractérisée par l’induction d’une réponse mélangée de cytokines à l’allergène au niveau de la rate (IL4, IL10, IL5 et IFN gamma), qui peut être observée dés les 7 jours après le début de l’exposition allergique.
- De plus, une réponse humorale poly-isoptypique (IGE, IgG1 et IgG2a) contre l’arachide a été trouvée dans le sérum.
- Enfin, les auteurs ont démontré que les cytokines T helper TH1 et TH2, ainsi que les réponses par anticorps, sont dirigées spécifiquement contre les allergènes majeurs de l’arachide Ara h1, Ara h2, Ara h 3 et Ara h 6.
– Conclusions :
- Cette étude indique qu’à la fois les TH1 et les TH2 sont impliqués dans le développement de l’allergie à l’arachide dans le modèle murin C3H/HeJ.
- De plus, les auteurs montrent que ce modèle expérimental animal est capable de permettre l’étude des réponses immunologiques aux allergènes alimentaires à différentes étapes de la sensibilisation avec un extrait allergénique alimentaire.
Dans ce travail expérimental les auteurs démontrent que la sensibilisation à l’arachide entraîne dés le 7ème jour la production de nombreuses cytokines de types TH1 et TH2 avec des anticorps de type IgE et IgG. Touts ces réponses sont spécifiques des allergènes majeurs de l’arachide.
L’intérêt de ce travail est double.
D’une part il détaille le début de la sensibilisation à l’arachide qui semble donc complexe puisqu’il y a une réponse immunologique importante associant à la fois une réponse humorale et une réponse cellulaire T. La réponse humorale est complexe puisqu’il y a production non seulement d’IgE mais également d’IgG avec différentes sous-classes. La réponse cellulaire est également complexe impliquant à la fois une réponse TH2 mais aussi TH1.
D’autre part les auteurs ont validé ce système expérimental sur des souris pour étudier l’allergie à l’arachide et à ses différents allergènes ce qui permettra dans un deuxième temps de tester des réponses thérapeutiques en particulier des protocoles de désensibilisation.
Ainsi, l’arachide entraîne des réactions immunologiques complexes du moins chez la souris. Cela prouve que les réponses allergiques sont certainement différentes selon les allergènes et qu’il ne faut pas trop simplifier la réponse immune à une réponse dichotomique en TH1 et TH2.
Reste à savoir si réellement ce travail permettra d’apporter des solutions thérapeutiques aux patients allergiques à l’arachide et dont malheureusement le seul traitement efficace reste pour l’instant l’éviction avec tout ce que cela représente en terme de contraintes et d’angoisses.
Recevez les actualités chaque mois