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la théorie hygiéniste ? Un vrai punching ball !
samedi 23 octobre 2004, par
En 2002, Bernard Kouchner, ministre de la santé, déclarait : « la théorie dite hygiéniste souligne l’importance du contact avec les bactéries banales de l’environnement dans la petite enfance sur l’évolution du système immunitaire dans un sens favorable qui s’oppose à l’atopie ». Bon, on va vérifier...
Influence de la vaccination ROR et des maladies correspondantes sur la sensibilisation atopique et les symptômes allergiques chez les écoliers suisses. : H.-P. Roost1, M. Gassner2, L. Grize3, B. Wüthrich4, F. H. Sennhauser5, H. S. Varonier6, H. Zimmermann1, Ch. Braun-Fahrländer3 and the SCARPOL-team
1Swiss Federal Office of Public Health, Bern, Switzerland, 2School Health Service, Grabs, Switzerland, 3Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Basel, Switzerland, 4Allergy Unit, Department of Dermatology, University Hospital of Zurich, Zurich, Switzerland, 5Pediatric Pulmonology, University Children’s Hospital, Zurich, Switzerland, 6Allergy Clinic, Pediatric University Hospital, Geneva, Switzerland
dans Pediatric Allergy and Immunology 15 (5), 401-407.
– Contexte :
- La prévalence de l’asthme et des maladies allergiques a augmenté dans de nombreux pays.
- Il a été suggéré que les vaccinations pouvaient contribuer au développement des maladies allergiques en réduisant les infections cliniques de l’enfance ou en agissant directement sur les IgE.
- Les preuves d’un rôle potentiel des immunisations dans le développement des maladies allergiques sont rares.
– Objectifs :
- L’objectif était donc d’étudier les associations entre les vaccinations contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, les infections naturelles par ces maladies, la sensibilisation aux allergènes intérieurs d’extérieur et les symptômes allergiques chez les écoliers.
– Méthodes :
- L’étude en sections croisées incluant 1537 écoliers du huitième grade, âgés de 13 à 15 ans, résidant dans dix communautés réparties en Suisse, a été organisée dans le cadre d’un programme environnemental de surveillance de santé du service de santé des écoles (programme de surveillance suisse de l’asthme et des allergies infantiles en relation avec la pollution de l’air et le climat :SCAPROL).
- Les principales mesures d’évaluation des résultats ont été :
- d’une part, l’appréciation de l’asthme et des éternuements pendant la saison pollinique déterminés par des questionnaires parentaux
- d’autre part, le degré de sensibilisation atopique mesurée par les concentrations en IgE vis-à-vis de plusieurs allergènes.
– résultats :
- Il a été mis en évidence que les histoires de rougeole ou d’oreillons rapportées par les parents étaient associées à une réponse immune plus forte que 2 ou d’avantage de vaccinations contre les infections respectives :
- rougeole : moyenne géométrique des titres IgG (GMT) en IU/ml (95 %CI) 2.8 (2.0-3.9) vs 1.2 (1.0-1.4)
- oreillons : GMT PE/ml (95 %CI) 16.3 (13.9-19.1) vs 8.5 (6.1-11.7).
- Concernant les sensibilisations atopiques, des associations similaires ont été mises en évidence pour l’exposition aux infections naturelles ROR ou les vaccinations ROR :
- rougeole : OR (95 %CI) 1.02 (0.53-1.96) vs 1.22 (0.69-2.16)
- oreillons : OR (95 %CI) 0.59 (0.38-0.93) vs 0.79 (0.49-1.27)
- rubéole : OR (95 %CI) 0.93 (0.61-1.43) vs 0.95 (0.66-1.37)
- Des relations inverses ont été mises en évidence entre le risque d’asthme et une histoire de maladies effectives ou la vaccination :
- contre la rougeole : 0.36 (0.14-0.91) vs 0.45 (0.21-0.98)
- ou bien encore un titre sérique positif contre la rougeole : 0.65 (0.35-1.20)
– Conclusions :
- On peut conclure de cette étude que la pratique de la vaccination ROR ou une infection naturelle ROR dans l’enfance n’augmente pas le risque de sensibilisation aux allergènes communs ni celui de la survenue de maladies allergiques respiratoires.
- La vaccination ROR ou les infections naturelles ROR ne sont donc probablement pas des facteurs contribuant à l’augmentation des maladies atopiques dans les pays développés.
La conclusion de cette étude est nette : ni la vaccination ni les maladies infantiles ne protègent de l’apparition des maladies atopiques dans l’échantillon de population étudié.
Le mur de Berlin venait à peine de s’écrouler qu’une pédiatre de Munich, Erica Von Mutius, mettait en place une étude qui devait comparer Leipzig à l’est et Munich à l’ouest dans le but de prouver que la pollution (bien supérieure à l’est) augmentait le nombre d’allergiques.
Le résultat a été l’inverse de ce à quoi l’on s’attendait, avec un taux d’allergies bien supérieur à l’ouest : c’est plus le mode de vie qui est en cause que la pollution, mais quel facteurs dans ce mode de vie ?
L’alimentation : un sujet qui a suscité et suscite encore nombre d’études...
Les infections : c’est l’hypothèse hygiéniste : l’exposition aux bactéries et aux virus stimulerait une réponse immunitaire « adaptée », de type non allergique.
De nombreuses études ont tour à tour soufflé le chaud et le froid sur cette théorie, le froid ayant tendance à l’emporter de plus en plus nettement ; le souffle de cette étude est carrément glacial, confirmant ce que rapportait notre confrère Philippe Auriol en 2002 concernant un article du magazine science press : « les infections précoces que nous prévenons par des vaccins ne protègent pas des allergies les plus banales, pas plus que les vaccins. »
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