L’avenir de la rhinite allergique ne se lit pas dans une boule de cristal !

dimanche 2 janvier 2005 par Dr Alain Thillay1259 visites

Accueil du site > Maladies > Rhinites > L’avenir de la rhinite allergique ne se lit pas dans une boule de cristal !

L’avenir de la rhinite allergique ne se lit pas dans une boule de cristal !

L’avenir de la rhinite allergique ne se lit pas dans une boule de cristal !

dimanche 2 janvier 2005, par Dr Alain Thillay

Cette étude danoise aborde un point important de la rhinite allergique, sa rémission. En effet, comment évolue la rhinite allergique ? C’est là toute la question que soulève ce travail.

Rémission de la rhinite allergique : une étude observationnelle de 8 ans. : Uffe Bodtger, PhD a * [MEDLINE LOOKUP]
Allan Linneberg, PhD b

# aFrom Allergy Clinic TA 7551, Copenhagen University Hospital
# bResearch Centre for Prevention and Health, Glostrup University Hospital

dans JACI December 2004 • Volume 114 • Number 6

 CONTEXTE :

  • Rhinite et sensibilisation allergiques sont considérées comme des affections chroniques.
  • Cependant, peu d’études rapportent le taux de rémission chez l’adulte.

 OBJECTIF :

  • Nous avons cherché à estimer l’incidence des rémissions de la rhinite allergique sur une période de 8 ans.

 METHODES :

  • Il s’agit d’une étude de population, les patients âgés de 15 à 69 ans ont été invités en 1990 à faire l’objet d’un suivi jusqu’à 1998.
  • Les questionnaires concernant les symptômes respiratoires et les IgE spécifiques sériques ont été collectés lors des deux consultations (en 90 puis en 98) chez 734 sujets (69% des patients invités).
  • Les rhinites allergiques polliniques étaient définies comme une rhinite symptomatique lors de l’exposition aux pollens dans les 12 mois derniers et des taux d’IgE spécifiques de classe 2 ou plus à l’encontre des pollens de bouleau, de graminées ou d’armoise.
  • Il en était de même pour les rhinites allergiques aux épithélias du chat ou du chien et ainsi qu’aux acariens domestiques.
  • La rémission de la rhinite allergique était définie comme étant une rhinite active au départ mais non symptomatique lors de la visite de contrôle et ayant une sensibilisation avec des IgE spécifiques passant de classe 2 ou supérieure au départ pour finir à une classe inférieure à 2.

 RESULTATS :

  • La rémission de la rhinite allergique était présente chez 12% des rhinites allergiques polliniques, 19% des rhinites allergiques aux épithélias d’animaux et 38% des rhinites allergiques aux acariens domestiques (soit 17% de rémissions de l’ensemble des rhinites allergiques) et était prédictible par des taux bas d’IgE spécifiques.
  • L’âge, le sexe, l’asthme, la prédisposition atopique, l’âge d’apparition et la durée de la rhinite allergique n’avaient pas de valeur prédictive.
  • Une diminution du taux des IgE spécifiques a été observée chez seulement 22% des sujets exempts de symptômes alors qu’elle étaient significativement plus fréquente chez les sujets non exempts de symptômes (7,4%).
  • La rémission de la sensibilisation est apparue chez 6% des sensibilisés aux acariens domestiques et chez 11% des sensibilisés aux épithélias d’animaux et aux pollens et étaient prédictive sur la base d’un taux bas d’IgE spécifiques (classe 2) au départ.

 CONCLUSION :

  • La rémission des symptômes de la rhinite allergique était relativement peu fréquente, et la rémission à la fois des symptômes et de la sensibilisation IgE médiée étaient rares.
  • Ces résultats sous-tendent la nature chronique de la rhinite allergique de l’adulte.

Si même cette étude d’origine danoise paraît critiquable sur le plan de la méthodologie, nous verrons qu’elle a le mérite d’insister sur un point important de l’évolutivité de la maladie allergique, ici la rhinite allergique.

Il s’agit d’une étude d’observation dont le principe est simple, on recrute des sujets à un temps zéro, on authentifie leur rhinite allergique à l’aide de critères précis, et on les revoit à T + 8 ans pour les réévaluer selon ces mêmes critères.

Malheureusement, les critères n’apparaissent pas très pertinents, questionnaire symptomatique et IgE spécifiques sériques ; pas d’examen clinique, pas de tests cutanés.

Particulièrement, le fait de tenir compte de la classe des IgE n’est pas judicieux. En effet, tout allergologue sait que souvent des patients souffrent d’un rhume des foins intense avec des IgE sériques spécifiques des pollens de Graminées. Même chose pour les sensibilisations aux épithélias des animaux et des acariens domestiques. Il existe donc un biais de recrutement.

Ensuite, le résumé de cette étude ne dit rien du traitement reçu durant ces 8 ans : éviction, traitement symptomatique, désensibilisation ?

Alors, alors, nous allons rester sur notre faim... A moins que la lecture du texte intégral n’apporte des éléments complémentaires.

Nous retiendrons donc que seulement 17% de l’ensemble des rhinites sont en rémission au bout de 8 ans. S’il s’agit d’une évolution spontanée et donc de rémissions spontanées, intuitivement, cela ne me choque pas trop.

Vraiment dommage que cette étude n’ait pas bénéficié d’une méthodologie plus sérieuse.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois