Allergie et animal domestique : le mieux si on l’aime est encore de le manger ?

vendredi 27 mai 2005 par Dr Stéphane Guez2513 visites

Accueil du site > Allergènes > Aériens > Animaux > Allergie et animal domestique : le mieux si on l’aime est encore de le manger ?

Allergie et animal domestique : le mieux si on l’aime est encore de le manger ?

Allergie et animal domestique : le mieux si on l’aime est encore de le manger ?

vendredi 27 mai 2005, par Dr Stéphane Guez

L’éviction des allergènes est considérée comme le traitement le plus efficace et le plus radical d’une allergie. Cela est vérifié en particulier dans l’allergie alimentaire. Cependant, il y a paradoxalement très peu d’études qui ont réellement étudié l’efficacité de l’éviction dans l’asthme allergique. Ce travail est donc le bienvenu.

Effet de l’élimination des animaux domestiques sur l’asthme allergique aux animaux domestiques. : Toshihiro Shirai, MD ; Takashi Matsui, MD ; Kenichiro Suzuki, MD and Kingo Chida, MD

* From the Department of Internal Medicine, Fujinomiya City General Hospital (Dr. Shirai), Fujinomiya ; and the Second Department of Internal Medicine, Hamamatsu University School of Medicine (Drs. Matsui, Suzuki, and Chida), Hamamatsu, Japan.

dans Chest. 2005 ;127:1565-1571

 Introduction :

  • L’élimination des animaux a été recommandée comme mesure thérapeutique dans la prise en charge d’un asthme allergique.
  • Cependant, très peu d’études ont évalué les effets de l’élimination des animaux domestiques sur l’asthme allergique.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont observé les effets d’une élimination des animaux domestiques de l’habitat sur :
    • la fonction pulmonaire,
    • l’hyper réactivité bronchique
    • et l’utilisation des médicaments.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude prospective, non randomisée et sans double aveugle.
  • 20 patients asthmatiques ont été inclus, tous étant de nouveaux patients avec un diagnostic d’asthme allergique aux animaux domestiques et ayant un animal domestique à la maison : hamster, chien, chat et furet et tous sont sensibilisés à ces animaux.
  • Ils ont été traités par des corticoïdes ou d’autres traitements selon les recommandations du GINA en fonction de la sévérité de l’asthme.
  • Des tests à la méthacholine ont été réalisés régulièrement avant et après le début du traitement.
  • L’évolution clinique a été comparée entre les patients qui ont retiré leurs animaux selon les recommandations médicales et les patients qui ont gardé leurs animaux en refusant de s’en séparer.

 Résultats :

  • l y a 10 patients dans le groupe qui s’est séparé de ses animaux et 10 dans le groupe qui les a gardés.
  • Après 1 an ou plus de suivi, avec ou sans élimination de l’animal, il est observé :
    • une augmentation de 5.9 du seuil de déclenchement de l’HRB à la méthacholine (PD20%) dans le groupe ayant éliminé les animaux
    • par rapport à une augmentation de 2.3 dans le groupe les ayant gardé (p=0.04).
  • Il n’y a pas de différence significative dans la modification du VEMS ni dans celle du débit mètre de pointe.
  • Finalement, aucun patient n’a reçu de corticoïdes inhalés dans le groupe ayant éliminé les animaux, alors que tous les patients sauf un ont nécessité de la beclomethasone ( en moyenne 600 microg/jour) dans le groupe ayant gardé son animal.

 Conclusion :

  • Ce travail prouve que l’élimination de la maison de l’animal sensibilisant réduit l’hyper réactivité bronchique chez des patients ayant un asthme allergique aux animaux domestiques, d’une façon plus efficace que les médicaments seuls, avec également la possibilité de diminuer les doses de corticoïdes inhalés.

Dans ce travail prospectif, les auteurs ont étudié deux groupes de patients ayant un asthme allergique aux animaux domestiques : l’un gardant son animal et l’autre en faisant l’éviction.

Dans le premier l’HRB diminue et les patients ne prennent pas de traitement. Dans le second l’HRB persiste avec nécessité de corticoïdes inhalés.

Ce travail est très intéressant dans son objectif et dans sa méthodologie.

Cependant on peut regretter le faible nombre de patients inclus qui ne peut pas permettre réellement de tirer une conclusion formelle.

L’éviction semble nécessaire pour protéger réellement le patient et permettre une guérison de l’asthme puisque dans le groupe conservant l’animal l’HRB persiste de même que la nécessité de prise d’un traitement régulier par des corticoïdes inhalés. Il n’est pas noté par contre d’aggravation de l’asthme ni une augmentation des crises dans ce groupe. D’autre part la quantité de corticoïdes inhalés reste faible.

Il ne semble donc pas qu’une mesure d’éviction soit absolument nécessaire si pour des raisons psychologiques il est impossible d’obtenir une séparation d’avec l’animal.

Il faudrait donc refaire ce travail mais sur un nombre beaucoup plus important de patients.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois