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Tu es allergique, donc tu as moins de chance d’avoir un cancer ! Enfin, faut voir ...
mardi 6 septembre 2005, par
Nos consultations d’allergologie regorgent de rumeurs en tout genre, parfois à l’origine de questions surprenantes sur les sujets les plus divers...Allergie et cancer est un thème porteur, illustré par de nombreuses études dont l’homogénéité des résultats n’a sauté aux yeux de personne. Aussi n’était-il pas inutile de faire le point.
L’atopie, une protection ou un facteur de risque pour le cancer ? Une revue d’études épidémiologiques. : H. Wang, T. L. Diepgen
Department of Clinical Social Medicine, Centre of Occupational and Environmental Dermatology, Ruprecht-Karls-University Heidelberg, Heidelberg, Germany
dans Allergy 60 (9), 1098-1111
– Objectifs :
- Il y a toujours débat sur les liens éventuels entre une histoire d’atopie et le risque de cancer.
- Le projet de cet article est de passer en revue les études épidémiologiques publiées sur l’association atopie-risque de cancer.
– Méthodes :
- Par recherche électronique (Janvier 1986 - Avril 2004) complétée par une revue de références citées, nous avons identifié des études comportant des données quantitatives sur la relation entre atopie (sans tenir compte de sa définition ou de sa catégorie) et cancer (de diverses localisations).
– Résultats :
- L’effet protecteur de l’atopie pour le cancer colorectal a été régulièrement observé dans les études contrôlées, mais pas dans les études de cohortes.
- Une association inverse a été montrée entre l’atopie (alléguée par soi-même) et le risque de gliome, mais ce type d’association n’a pas été retrouvé pour les méningiomes.
- Dans la plupart des études, le risque de leucémie, en particulier chez l’enfant, a tendance à être plus faible pour les personnes présentant une histoire d’atopie.
- Pour les études qui se sont intéressées à l’association entre les maladies atopiques et les risques de lymphomes, de cancer du pancréas ou des poumons, les résultats ont été variables.
- La plupart des études atopie-cancer du pancréas ont suggéré une association inverse.
- Pour les lymphomes, la plupart des études n’ont pas retrouvé d’association.
- Dans l’ensemble, les données recueillies indiquent un risque augmenté de cancer du poumon pour les personnes présentant une histoire d’asthme.
– Conclusion :
- En dépit de ces résultats hétérogènes, il se dégage des données des principales données épidémiologiques disponibles que l’atopie paraît associée avec un risque réduit de cancer.
- Des travaux complémentaires devraient mieux définir le statut atopique et les manifestations atopiques évoquées afin d’améliorer notre compréhension sur le rôle que les allergies pourraient jouer dans la survenue d’un cancer.
Malgré la diversité des conclusions des nombreuses études épidémiologiques passées au crible, les auteurs pensent qu’il se dégage finalement une tendance à l’effet protecteur vis-à-vis du cancer.
L’enthousiasme que pourrait susciter cette annonce parmi les personnes allergiques est cependant tempéré par le peu de cohérences des résultats autant que des méthodes.
On reste un peu sur sa faim à la lecture de cette revue de la littérature : j’ai pour ma part retenu une énorme disparité de résultats et des lacunes rédhibitoires en ce qui concerne la définition de l’atopie (parfois seulement self-reported...)
Lymphomes, cancer du Pancréas, des poumons, méningiomes et leucémies sont hardiment mis dans le même sac.
L’ensemble des résultats tend plutôt à prouver qu’on a comparé des carottes et des poireaux et ne me paraît pas d’une cohérence suffisante pour entraîner l’adhésion.
Sans doute faudra-t-il progresser dans notre connaissance de la génétique de l’allergie et des cancers (ou bien reprendre une revue avec des critères de sélections et une méthodologie plus précis) pour y voir plus clair.
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