Le Docteur NO frappe encore !

mercredi 21 septembre 2005 par Dr Alain Thillay1085 visites

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Le Docteur NO frappe encore !

Le Docteur NO frappe encore !

mercredi 21 septembre 2005, par Dr Alain Thillay

Les auteurs de cette étude tentent de corréler le NO expiré et nasal aux conséquences de l’effort physique chez des patients atteints de rhinite et d’asthme, avec l’augmentation des résistances nasale et bronchique. Une manière de démontrer un processus inflammatoire éosinophilique dans l’asthme à l’effort.

Réponse nasale et bronchique à l’exercice physique chez des patients asthmatiques et rhinitiques : rôle de l’oxyde nitrique. : A. Valero1, C. Serrano1, J. L. Valera2, A. Barberá2, A. Torrego2, J. Mullol3, C. Picado2

1Unidad de Alergia ; 2Servicio de Neumología y Alergia Respiratoria ; 3Unidad de Rinología, Servicio de ORL, Hospital Clínic, Universitat de Barcelona, Barcelona, Spain

dans Allergy 60 (9), 1126-1131

 Contexte

  • L’exercice physique est associé à une augmentation des résistances nasales dans la rhinite et à une augmentation des résistances bronchiques dans l’asthme.

 Objectif

  • L’objectif était d’évaluer la relation entre les niveaux d’oxyde nitrique nasal (nNO) et d’oxyde nitrique bronchique expirée (eNO), et la réponse bronchique à l’exercice chez des patients rhinitiques et asthmatiques.

 Méthodes

  • Nous avons soumis 24 sujets atteints d’asthme et de rhinite à un test d’effort.
  • Une diminution du VEMS supérieure ou égale à 15% était considérée comme positive.
  • Le volume des cavités nasales et la surface minimale de la section transverse ont été évalués par rhinomanométrie acoustique (RA) ; le nNO et l’eNO ont été évalués par chémoluminiscence.
  • Les mesures ont été enregistrées à l’état basal puis à 15 et à 50 minutes après la fin du test d’effort.

 Résultats

  • Le test d’effort était positif chez 17 sujets.
  • Quinze minutes après le test d’effort, le volume nasal augmentait de 57% (P<0,0001) et restait augmenté de 30% après 50 minutes (P<0,0001).
  • Il n’y avait pas de corrélation entre la diminution du VEMS et l’augmentation du volume nasal.
  • La valeur basale de nNO était de 1186 +/- 439 ppm (partie par milliard), et la valeur à 15 et 50 minutes était de 1165+/- 413 et 1020 +/-368 ppm, la dernière valeur étant significativement plus basse (P<0,01) que la valeur de départ.
  • La valeur basale de l’eNO était de 21 +/-19 ppm, sans différences significatives à 15 et à 50 minutes.
  • Il n’y avait pas de corrélation significative soit entre la diminution du VEMS et la réponse nasale, ou soit entre valeurs basales de eNO et de nNO.

 Conclusions

  • La réponse nasale et bronchique à l’effort est complètement différente entre la rhinite et l’asthme ; au départ, une augmentation du volume nasal est constatée, alors que plus tard il y a une chute du VEMS.
  • Il n’y a pas de relation entre les valeurs du NO nasal ou expiré et la réponse bronchique et nasale après exercice physique.

L’oxyde nitrique (NO) est lié à l’inflammation éosinophilique, sa mesure permet d’en connaître le degré.

Ici, les auteurs ont tenté de mesurer le NO expiratoire (eNO) et le NO nasal (nNO) chez des patients atteints d’asthme et de rhinite lors de l’effort physique. En d’autres termes, cela revenait à évaluer le degré d’inflammation éosinophilique des muqueuses respiratoires, en faisant le distinguo nez et bronches, lors de l’effort physique.

Ces mesures ont été comparées à celles des débits bronchique et nasal car l’effort physique provoque augmentation des résistances nasales et bronchiques.

Ainsi, dans une certaine logique, nous pouvions nous attendre à ce qu’au test d’effort on constate une augmentation des résistances nasale et bronchique corrélées à celle du nNO et du eNO, et, de plus, qu’il y ait une corrélation nez et bronche.

Que nenni, à l’effort le volume nasal augmente sans corrélation avec la diminution du VEMS qui intervient plus tard.

La modification du eNO à l’effort n’est pas significative alors que seule la différence entre nNO basal et nNO à 50 minutes l’est.

Ces résultats suggèrent donc que le mécanisme bronchospastique de l’asthme à l’effort n’est pas lié à l’activation de l’éosinophile donc non en rapport avec l’inflammation bronchique.

Faudrait-il en revenir à une théorie des récepteurs de l’irritation (récepteurs cholinergiques) ?

Enfin, bizarrement dans cette étude, le test d’effort physique n’entraîne pas d’augmentation des résistances nasales.

Tout cela semble confirmer ce que l’on constate sur le terrain praticien, à savoir que les asthmatiques à l’effort ne sont peut-être pas tout à fait comparables aux autres asthmatiques. Peut-être s’agit-il d’un sous-groupe physiopathologique ?

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