Un nez qui marche de travers, c’est la science qui fait un pas en avant !

lundi 30 janvier 2006 par Dr Hervé Couteaux2084 visites

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Un nez qui marche de travers, c’est la science qui fait un pas en avant !

Un nez qui marche de travers, c’est la science qui fait un pas en avant !

lundi 30 janvier 2006, par Dr Hervé Couteaux

Les médecins sont-ils fâchés avec les classifications de l’asthme et de la rhinite ? Si l’utilité de telles classifications n’a pas été remise en cause, les remaniements, abandons et nouvelles propositions en la matière témoignent de la difficulté à trouver une classification pertinente. Alors, pour la rhinite, l’ARIA, c’est la bonne ?

Sévérité et altérations dans les rhinites allergiques chez des patients consultant en médecine générale. : Jean Bousquet, MDa, Françoise Neukirch, MDb, Philippe J. Bousquet, MDa, Pierre Gehano, MDc, Jean Michel Klossek, MDd, Martine Le Gal, MDe, Bashar Allaf, MDf

a From the University Hospital and Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U454, Montpellier
b Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U408, Paris
c Assistance Publique des Hospitaux de Paris-Bichat-Claude-Bernard, Paris
d University Hospital La Miletrie, Poitiers
e CRO, MAPI SA, Lyon
f Almirall-France, Paris

dans JACI Volume 117, Issue 1, Pages 158-162 (January 2006)

 Contexte :

  • La rhinite allergique est une maladie altérant la qualité de vie, le sommeil et le travail.
  • Une nouvelle classification des rhinites allergiques, « Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma » (ARIA) a été récemment proposée.

 Objectif :

  • Étudier les conséquences de la rhinite allergique en utilisant la définition de l’ARIA en terme de sévérité et de durée.

 Méthodes :

  • Un total de 3052 patients ayant consulté des médecins généralistes pour rhinite allergique ont été étudiés.
  • Les patients ont été classés selon les 4 classes de l’ARIA.
  • Pour chaque patient, on a évalué :
    • La qualité de vie (Questionnaire de qualité de vie pour la rhino conjonctivite)
    • Le sommeil (Questionnaire Jenkins)
    • L’efficience au travail (Questionnaire allergie-spécifique de la productivité au travail et de l’altération de l’activité).

 Résultats :

  • En terme de sévérité, la répartition des patients était la suivante :
    • Rhinite intermittente légère : 11% des patients
    • Rhinite persistante légère : 8%
    • Rhinite intermittente modérée à sévère : 35%
    • Rhinite persistante modérée à sévère : 46%
  • La sévérité de la rhinite avait plus de conséquences au niveau de la qualité de vie, du sommeil, des activités quotidiennes et de la productivité au travail que la durée de cette rhinite.
  • Dans les rhinites modérées à sévères, plus de 80% de patients ont rapporté des altérations de leurs activités, contre seulement 40% pour les rhinites légères.

 Conclusions :

  • Il semble que l’on pourrait remplacer le terme « modéré à sévère » par « sévère ».
  • Une étude dans la population générale est nécessaire pour établir la prévalence des 4 classes de rhinite allergique selon ARIA, tout particulièrement pour les personnes ne consultant pas de médecins pour leurs symptômes.

Constatant le pourcentage élevé de patients souffrant d’un retentissement important de leur rhinite sur leurs activités, les auteurs proposent de regrouper les rhinites modérées à sévères qui ne formeraient plus qu’un seul groupe, celui des rhinites sévères.

Les conclusions de ce travail soulignent également la nécessité de faire une étude auprès de la population générale, particulièrement pour recenser les personnes atteintes de rhinites ne consultant pas de médecins pour ces symptômes.

La première suggestion des auteurs de cette étude me paraît utile pour mettre un frein à la sous évaluation « générale » de la rhinite, qui est un fait marquant de cette affection, banalisée au point que tant de personnes atteintes n’en parlent même pas à leur médecin (ceux qui en ont parlé ont-ils été vraiment entendus ? c’est une autre question...) La sévérité de la rhinite est plus fréquente qu’on ne le croit.

La rhinite est encore mal connue et c’est le deuxième point de conclusion de cette étude, insistant sur l’ignorance dans laquelle nous nous trouvons quant à la prévalence de cette affection dans la population générale.

Cette ignorance mérite d’être levée d’autant qu’on connaît désormais de mieux en mieux les liens nez-bronches ; selon les études, on retrouve jusqu’à 67 à 80% d’hyperréactivité bronchique chez des rhinitiques et que la prise en charge de la rhinite prévient l’apparition de l’asthme, et, si l’asthme est déjà présent, diminue significativement le recours aux urgences et les hospitalisations pour asthme.

La rhinite, du tout jeune enfant (il n’y a pas que des virus) au senior, doit être diagnostiquée, évaluée, dans son retentissement (qualité de vie, productivité au travail, retentissement scolaire, perte du bien être psychologique, sensation d’altération de la cognition) et dans ses complications, notamment bronchiques, puis traitée ( trop de patients qui ont parlé de leur rhinite n’ont aucun traitement ni aucune recommandation) et traitée correctement (encore combien de prescriptions de corticoïdes retard ?)

Bref, les allergologues ont encore du pain sur la planche !...

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