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Atopie : le risque augmente avec la durée de l’allaitement maternel exclusif !
jeudi 7 septembre 2006, par
Nombre d’études suggèrent que l’allaitement maternel durant les six premiers mois de la vie a un effet protecteur à l’encontre des maladies atopiques. Quelques études, plus rares, sont venues dire le contraire. Ici, les auteurs cherchent à savoir si le fait de prolonger l’allaitement maternel à 9 mois de vie ou plus permet de constater un gain de ce caractère préventif.
L’allaitement maternel exclusif prolongé est associé à une augmentation de la dermatite atopique : une étude prospective de suivi de nouveaux-nés en bonne santé non sélectionnés de la naissance à l’âge 20 ans. : M. Pesonen*, M. J. T. Kallio+, A. Ranki* and M. A. Siimes+
*The Department of Dermatology, Skin and Allergy Hospital and +The Hospital for Children and Adolescents, Helsinki University Hospital, University of Helsinki, Helsinki, Finland
dans Clinical & Experimental Allergy 36 (8), 1011-1018.
– Introduction :
- L’allaitement maternel exclusif des 6 premiers mois de vie est recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé car considéré comme un moyen de prévention de l’allergie.
- Cependant, on ne sait pas si la prolongation de l’allaitement maternel exclusif au-delà de 6 mois apporte davantage de bénéfice dans la prévention de l’allergie.
– Objectif :
- Le but de cette étude prospective de suivi sur 20 ans était de montrer si l’effet protecteur vis-à-vis de l’allergie peut être augmenté en prolongeant l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 9 mois ou plus.
– Méthodes :
- Au total 200 nouveaux-nés, en bonne santé, non sélectionnés ont été enrôlés dans l’étude.
- Leurs mères ont été encouragées à maintenir l’allaitement au sein exclusif le plus longtemps possible.
- Le nombre d’enfants en bas âge nourris exclusivement par allaitement maternel était de 167 à 2 mois, de 116 à 6 mois, de 36 à 9 mois et à 7 à 12 mois d’âge.
- Des 200 enfants en bas âge, 42% avaient des antécédents familiaux d’allergie.
- Les enfants ont été réévalués à l’âge de 5 ans (n=163), 11 ans (n=150) et 20 ans (n=164) avec examen clinique, prick-tests cutanés, et interrogatoire des parents et du patient.
– Résultats :
- L’allaitement maternel exclusif prolongé pendant 9 mois ou plus était associé à la dermatite atopique (p=0.002) et aux symptômes d’hypersensibilité alimentaire (p=0.02) à l’âge de 5 ans, et, aux symptômes de l’hypersensibilité alimentaire à l’âge 11 ans (p=0.01), chez les enfants ayant des antécédents familiaux d’allergie.
– Conclusion :
- Le fait de prolonger l’allaitement maternel exclusif pendant 9 mois ou plus ne permet pas de contribuer à la prévention de l’atopie, bien au contraire, cet allaitement était associé à un accroissement de la dermatite atopique et des symptômes d’hypersensibilité alimentaire dans l’enfance.
Cette étude finlandaise va en déranger plus d’un, particulièrement, les tenants de l’allaitement tout maternel.
Il est vrai que beaucoup d’études suggèrent plus que fortement l’effet protecteur de l’allaitement maternel du début de la vie à l’encontre des manifestations de l’atopie.
Et puis, de temps en temps, une étude vient apporter une dissonance dans cette harmonie. C’est le cas ici.
Les résultats paraissent clairs, si on prend les enfants ayant des antécédents d’allergie familiale le fait d’allaiter naturellement jusqu’à 9 mois ou plus permet de constater à l’âge de 5 ans, plus de dermatite atopique et d’allergie alimentaire, et, à l’âge de 11ans, plus d’allergie alimentaire.
Si on comprend bien le résumé, il semblerait que dans la même population, l’allaitement maternel exclusif limité à 6 mois, ne serait pas associé à ce surplus de manifestations atopiques.
En d’autres termes, plus on allaite de façon naturelle un candidat à l’atopie, plus le risque de voir apparaître les manifestations atopiques est grand !
Bien sûr, on peut être critique et se demander, si justement, les mamans qui choisissent d’allaiter le plus longtemps possible ne seraient pas majoritairement des atopiques. Dans le contexte informatif actuel, il serait logique que, d’une façon plus ou moins consciente, elles allaitent plus longtemps. Cela constituerait un beau biais de recrutement.
On peut se demander aussi, s’il n’existe pas d’autres facteurs à prendre en compte pour évaluer l’effet de l’allaitement maternel prolongé.
Enfin, pour le moment, je ne changerai pas mes habitudes et conseillerai toujours aux futures mamans atopiques d’allaiter le plus longtemps possible.
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