Guerre en Allergie : le retour des Croisés !

jeudi 21 septembre 2006 par Dr Stéphane Guez3176 visites

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Guerre en Allergie : le retour des Croisés !

Guerre en Allergie : le retour des Croisés !

jeudi 21 septembre 2006, par Dr Stéphane Guez

L’identification plus précise des épitopes allergéniques qui sont partagés par de nombreuses structures révolutionne notre pratique allergologique. L’allergie croisée ou plutôt l’immunogénicité croisée met à rude épreuve la sagacité des cliniciens : comment faire la part des choses ?

Diagnostic in vitro de l’allergie au venin d’hyménoptère : amélioration par une recherche systématique des réactions croisées aux déterminants carbohydrates et d’une inhibition réciproque. : U. Jappe1, M. Raulf-Heimsoth2, M. Hoffmann1, G. Burow3, C. Hübsch-Müller1, A. Enk1

1Department of Dermatology and Venereology, University of Heidelberg, Heidelberg ; 2Research Institute of Occupational Medicine of the Berufsgenossenschaften (BGFA), Ruhr University Bochum, Bochum ; 3Sweden Diagnostics, Medical Research, Freiburg, Germany

dans Allergy 61 (10), 1220-1229.

 Introduction :

  • Les IgE spécifiques, positives à la fois pour abeille et guêpe vespula, entraînent des difficultés diagnostiques concernant la stratégie thérapeutique.
  • Le but de ce travail a été de clarifier les causes et les relations d’une réactivité croisée entre insectes dans l’allergie au venin d’hyménoptère.

 Méthodologie :

  • 147 patients ayant une suspicion d’allergie au venin d’hyménoptère et ayant une double recherche positive en CAP FEIA pour abeille et vespula ont été étudiés à la recherche d’IgE spécifiques ayant une réactivité croisée liée aux déterminants carbohydrates : pollen de graminées (fléole des prés), latex naturel, broméline, et peroxydase du raifort (HRP).
  • Les prélèvements sériques avec des IgE spécifiques au latex ont été étudiés de façon plus approfondie avec les allergènes recombinants disponibles commercialement.
  • Un test d’inhibition réciproque avec les venins et la HRP a été réalisé.

 Résultats :

  • 36 patients sur les 147 (24.5%) ont des IgE spécifiques à la fois pour les 2 venins seulement.
  • Cependant, 111 sur 147 (75.5%) ont réagi de façon associée aux allergènes portés par les résidus carbohydrates.
  • 89 sur 111 ont des IgE spécifiques au latex naturel.
  • Dans les cas où les tests d’inhibition ont été réalisés, la liaison au latex naturel a été totalement abolie en présence de HRP.
  • Seulement 9 sérum sur 61 sont positifs à l’un des allergènes recombinants du latex ; tous ont une absence d’antécédents d’allergie au latex, et des tests cutanés négatifs au latex naturel.
  • Pour 43 des sérum qui contiennent des IgE spécifiques aux carbohydrates, l’inhibition avec la peroxydase du raifort révèle des résultats univoques : dans 28 cas sur 43 (65%) le test d’inhibition au HRP inhibe à plus de 70% les IgEs à l’un des venin, permettant de préciser le venin réellement en cause.
  • Chez 3 patients sur 43 les IgE spécifiques sont entièrement liées à la présence de résidus carbohydrates.

 Conclusion :

  • Ces données indiquent que dans les cas d’une positivité des IgE spécifiques vis-à-vis de plusieurs venins, il faut faire une recherche supplémentaire d’allergie croisée liée à la présence d’IgE dirigées contre les résidus carbohydrates.
  • La HRP est un bon outil pour ce test.
  • De plus, l’inhibition réciproque est une méthode diagnostique essentielle pour interpréter la spécificité des résultats des IgE spécifiques.

Les auteurs démontrent que lorsqu’il y a présence d’IgE spécifiques vis-à-vis de 2 insectes ou plus dans l’allergie au hyménoptère, cela est du en réalité à un allergie croisée liée à la présence de déterminants allergéniques carbohydrates (CCD).

Un RAST spécifique au CCD avec un test d’inhibition permet d’identifier la vraie allergie.

Cet article est très intéressant et permet de reprendre le difficile problème des allergies croisées mais qui doit maintenant entrer de façon tout à fait naturelle dans notre démarche clinique aussi bien diagnostique que thérapeutique.

Face à plusieurs positivités aussi bien des tests cutanés que des RAST il faut systématiquement faire une recherche d’immunogénicité croisée qui va permettre de repérer réellement l’allergène responsable de l’allergie clinique du patient.

Ici, les auteurs abordent le problème des positivités multiples vis-à-vis des hyménoptères. Lorsqu’un patient a plus de 2 RAST positifs, il faut suspecter une allergie croisée liée au carbohydrates. Il s’agit de glycoprotéines qui sont des structures fixées par leur résidu glucidique sur les protéines.

Ces glycoprotéines augmentent la solubilité des protéines, leur résistance à la chaleur et leur adhésion cellulaire. Mais ces glycoprotéines sont communes aux plantes et aux insectes. On observe donc des réactions croisées liées à ces glycoprotéines, les épitopes étant des glycoépitopes nommés CCD (cross carbohydrates determinants).

Il est possible de doser les IgE anti-CCD en utilisant des RAST disponibles dans le commerce : il s’agir du RAST à la broméline. Il est positif de façon pertinente seulement chez les patients allergiques à l’ananas ce qui est très rare.

Donc si ce RAST est positif chez un patient qui par ailleurs à des RAST positifs aux hyménoptères, cela signifie qu’il y a dans le sérum des IgE dirigées en réalité contre les résidus glycoprotéiques, sans que cela ait de pertinence sur le plan clinique.

Pour savoir alors si le patient est allergique à un venin et lequel, il faut faire un RAST inhibition : en mettant du CCD dans le sérum (dans de travail du HRP, mais il est possible de mettre de la broméline ou du colza), on bloque les IgE spécifiques des CCD et il ne reste que la positivité liée réellement à une allergie vraie à un venin.

Il serait très important de faire des tables rondes avec les biologistes intéressés par l’exploration des allergies afin de définir des arbres de décision diagnostique et clinique intégrant ces données.

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