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Si Vespula et Poliste l’emportent au premier tour, le vote des biologistes fera la différence au second.
mercredi 2 mai 2007, par
Il est très fréquent de constater lors de l’exploration de patients ayant une allergie aux hyménoptères une double positivité pour Vespula et Poliste. Cependant, il n’y a pas de corrélation clinique, la distribution géographique de ces hyménoptères n’étant pas la même partout. Comment savoir s’il s’agit ou non d’une réactivité croisée ?
Evaluation des réactions croisées entre les venins de vespidés. Une approche possible pour le choix d’une immunothérapie. : B. Caruso, P. Bonadonna, M. G. Severino, M. Manfredi, A. Dama, M. Schiappoli, P. Rizzotti, G. Senna, G. Passalacqua (2007)
1Laboratory of Clinical Chemistry and Haematology, Verona General Hospital, Verona ; 2Allergy Service, Verona General Hospital, Verona ; 3Laboratory and Clinical Allergy Services S. Giovanni di Dio Hospital Firenze, Firenze ; 4Allergy and Respiratory Diseases, DIMI, University of Genoa, Genoa, Italy
dans Allergy 62 (5), 561–564.
– Introduction :
- L’allergie au venin d’hyménoptère peut être traitée efficacement par une immunothérapie spécifique, mais l’identification correcte de l’allergène est essentielle.
- Dans le cas de positivités multiples des tests cutanés et sériques, il est important de savoir si une allergie croisée entre les venins testés est présente.
– Objectif de l’étude :
- Les auteurs ont étudié par inhibition du CAP le degré de réactivité croisée entre vespula vulgaris (Vespula) et poliste dominulus (Poliste).
– Matériel et méthode :
- Des échantillons de sérum ont été obtenus de patients venant de façon consécutive en consultation, et ayant :
- des antécédents de réactions de stade III ou IV aux piqûres d’hyménoptères
- avec des résultats positifs non discriminants en tests cutanés et RAST, à la fois pour Vespula et Polistes.
- Les tests d’inhibition ont été réalisés selon la méthode CAP system, en incubant les sérums de façon séparée avec chaque venin, puis en mesurant secondairement les IgE spécifiques aux venins eux-mêmes.
– Résultats :
- 45 patients (33 hommes, âge moyen 40 ans (12 à 74 ans), IgE totale sériques 242 +/- 168 KU/L) ont été inclus.
- Les résultats des dosages des IgE spécifiques étaient respectivement :
- pour Vespula de 12.03 +/- 5.7 KU/L
- pour poliste de 10.7 +/- 2 KU/L (p = NS).
- Lors du test d’inhibition du CAP :
- 25 patients ont plus de 75% d’inhibition hétérologue par le venin de poliste contre les IgE spécifiques de Vespula.
- chez 6 patients, le venin de Vespula a inhibé les IgE spécifiques de Poliste.
- pour les 14 patients restants, le test d’inhibition du CAP a donné des résultats intermédiaires et non discriminants.
– Conclusion :
- Chez 31 sur 45 patients, la double sensibilisation aux venins est probablement le résultat de réactions croisées, et le test d’inhibition du CAP permet d’identifier la vraie double sensibilisation.
- Cette approche peut être utile pour prescrire de façon correcte une immunothérapie spécifique dans le cas d’une double positivité à la fois à Vespula et à Poliste.
Les auteurs proposent une méthode biologique pour distinguer une double sensibilisation à Poliste et Vespula d’une réaction croisée entre ces 2 insectes.
Une application simple de la technique d’inhibition du RAST par méthode CAP System permet de ne désensibiliser un patient qu’au seul insecte auquel il est allergique.
Il s’agit d’un travail très intéressant qui vient d‘une équipe italienne très dynamique.
Il est très fréquent de trouver chez les patients rapportant un accident anaphylactique lors d’une piqûre de guêpe, une double positivité vis-à-vis de Vespula et Poliste aussi bien sur le plan cutané que sur les RAST.
Cependant géographiquement on ne rencontre pas ces 2 sortes de guêpes partout. Il y a donc des réactions croisées probables dans la plupart des cas.
Pour mettre en évidence ces réactions croisées les auteurs ont utilisé une méthode simple.
Pour chaque sérum de patient, il y a eu recherche des IgE spécifiques.
Puis chaque sérum a été divisé en 2 lots avec ajout de venin de Vespula dans l’un, et de Poliste dans l’autre, avec différentes dilutions.
Puis un nouveau dosage des IgE spécifiques a été réalisé.
Une inhibition de plus de 75% traduit une réaction croisée : par exemple, l’inhibition de plus de 75% des IgE spécifiques de Vespula par le venin de poliste traduit une réaction croisée du sérum entre Vespula et Poliste.
Une seconde manipulation a confirmé par ailleurs que ces mêmes sérums étaient inhibés par le venin autologue : ainsi dans notre exemple les IgE spécifiques de Vespula qui sont inhibées par le venin de poliste sont également totalement inhibées par le venin de Vespula.
Il y a donc bien une réaction croisée, et il ne faut désensibiliser le patient que pour Vespula dans cet exemple.
Les auteurs par contre n’ont pas cherché à identifier la nature de l’épitope responsable de cette réactivité croisée : il s’agit probablement d’un résidu carbohydrate.
Au total donc, il devient urgent de demander aux laboratoires biologiques de développer ces techniques d’inhibition du RAST qui permettent efficacement de repérer les allergies croisées pour affiner le diagnostic allergologique et permettent une désensibilisation spécifique et donc efficace.
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