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Vade retro Arachidas ! Quid novi ?
mardi 15 mai 2007, par
Les anglais sont très forts en matière d’études épidémiologiques. Ils ont mis en place dès 1998 une campagne d’éviction de l’arachide chez les mamans atopiques, lors de la grossesse, l’allaitement, et au début de la vie. Ces enfants constituent une cohorte arrivant à l’école. Résultat positif ?
Efficacité des recommandations gouvernementales d’éviction de l’arachide chez la femme enceinte, sur la prévalence de cette allergie chez les enfants du Royaume uni entrant à l’école. : Jonathan O’Brien Hourihane, MD, FRCPCHab, Rachel Aiken, RNc, Rita Briggs, RNa, Lesley A. Gudgeona, Kate E.C. Grimshaw, SRD, MSca, Audrey DunnGalvin, MAb, Stephen R. Roberts, FRCPCHc
a From Infection Inflammation and Repair, University of Southampton
b Paediatrics and Child Health, University College, Cork
c Paediatrics, South Manchester University Hospitals NHS Trust
dans JACI lume 119, Issue 5, Pages 1197-1202 (May 2007)
– Contexte
- En juin 1998, le gouvernement du Royaume Uni a suggéré l’éviction de l’arachide chez les femmes enceintes ou allaitantes, atopiques, ainsi que chez leurs enfants.
– Objectifs :
- Nous rapportons la prévalence de la sensibilisation à l’arachide au sein de la première cohorte d’enfants scolarisés (2003-2005), conçus après la mise en œuvre des mesures d’éviction.
– Méthode :
- 1072 couples mère- enfant furent étudiés à l’école.
- Les enfants ayant des tests cutanés positifs à l’arachide bénéficièrent d’un test de provocation à l’arachide.
– Résultats
- Au total, 61% des 957 mères avaient entendu les recommandations concernant l’arachide en 1998.
- Ce chiffre n’était pas affecté par la notion d’atopie maternelle.
- Seulement 36 mères (3,8%) suivirent les recommandations gouvernementales en stoppant la consommation d’arachide pendant la grossesse.
- Le terrain atopique maternel n’avait pas de retentissement sur la consommation d’arachide pendant l’allaitement.
- Les mères étaient moins disposées à modifier leur régime alimentaire lors d’une 2ème grossesse ou lors d’une grossesse ultérieure en comparaison avec les mères attendant leur premier enfant. (odds ratio 0.635, 95% IC, 0.543-0.743 ; P < .01).
- 30 enfants (2.8% ; 95% IC, 1.8% to 3.8%) eurent un test positif en prick à l’arachide, 20 enfants (1.8% ; 95% IC, 1.1% to 2.7%), présentèrent une allergie à l’arachide.
- Ceci est la plus forte prévalence pour l’allergie à l’arachide enregistrée jusqu’ici.
– Conclusion :
- La prévalence de sensibilisation à l’arachide dans cette cohorte est de 2,8%, l’allergie à l’arachide affecte désormais 1,8% des enfants Britanniques entrant à l’école.
- Il est difficile d’affirmer un impact quelconque (positif ou négatif), des recommandations gouvernementales concernant la prévalence de l’allergie à l’arachide chez les petits britanniques âgés de 4 à 5 ans de 2003 à 2005.
– Application clinique
- Il n’y a toujours pas le moindre argument établissant l’efficacité de l’éviction de l’arachide durant la grossesse ou l’allaitement sur la prévalence de l’allergie à l’arachide chez l’enfant.
Ceci est une étude britannique évaluant l’efficacité d’un conseil d’éviction totale de l’arachide chez les femmes ayant un terrain atopique, pendant leur grossesse et lors de l’allaitement maternel.
Ces recommandations ont été faites dés 1998.
Nos amis anglais sont très compétents en matière d’épidémiologie et une étude de ce type est d’un grand intérêt.
1072 mères avec leur enfant entrent dans l’étude, ce sont des enfants entrant à l’école pour la première fois.
Chiffre remarquable : 61 %des mères étudiées ont entendu ces recommandations.
Chiffre navrant : seul 3% de ces mères ont suivi ces recommandations…le plus souvent les mères attendant leur premier enfant.
Au final, le taux de sensibilisation chez les enfants est de 2,8%, et l’allergie de 1,8%, le plus élevé jamais enregistré.
Le leçon à tirer de cette étude, selon moi, est l’inefficacité des mesures de masse. Le discours de prévention actuel est noyé dans un ensemble de recommandations, ne fumez plus, ne buvez pas d’alcool, mangez 5 fruits et légumes par jour, bougez, prenez des oméga 3 etc.…
Le deuxième problème est la reconnaissance de l’allergène. Qui, sans information précise, connaît le caractère masqué et omniprésent de l’arachide dans l’alimentation ?
Enfin, l’éviction stricte est-elle la solution, (Oui, pour Anne des Roches au Canada), à l’inverse, la présence de petites quantité d’allergènes ne favorise-t-elle pas la tolérance ?
La prévalence de l’allergie à l’arachide parait plus basse dans certains pays où la consommation d’arachide est précoce dans l’alimentation des jeunes enfants. Une étude comparative est d’ailleurs en cours, comparant 2 populations d’enfant, avec ou sans exclusion de l’arachide ( source CICBAA, rapportant un communiqué de l’anaphylaxis Campaign).
Est-ce vraiment la présence de l’allergène qui est en cause ou les perturbations du système immunitaire qui peuvent expliquer l’épidémie d’allergie frappant nos pays dits avancés.
Bref, les études manquent encore pour établir la valeur des mesures d’éviction. Cette question résolue, le dialogue singulier du médecin allergologue avec sa patiente permettra peut-être de faire progresser l’efficacité des mesures d’éviction.
Dernière question, mais pas la moindre, y aura-t-il encore des allergologues pour prodiguer ces conseils ?
En tant que dernier allergologue exclusif installé dans le Pas de Calais, je m’interroge ?
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