Heureusement que les épidémiologistes ne sont pas des banquiers, nous serions ruinés !!

mardi 9 octobre 2007 par Dr Stéphane Guez585 visites

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Heureusement que les épidémiologistes ne sont pas des banquiers, nous serions ruinés !!

Heureusement que les épidémiologistes ne sont pas des banquiers, nous serions ruinés !!

mardi 9 octobre 2007, par Dr Stéphane Guez

A l’heure où la pression économique fait que tout problème médical doit être chiffré de façon précise pour que les décideurs acceptent de consacrer l’effort financier nécessaire à la prise en charge d’une affection, il est inquiétant de constater que nous n’avons aucun chiffre fiable de la prévalence de l’allergie alimentaire !!

La prévalence de l’allergie alimentaire : Une méta analyse. : Roberto J. Rona, FFPHa, Thomas Keil, MDb, Colin Summers, BScc, David Gislason, MDd, Laurian Zuidmeer, PhDe, Eva Sodergren, PhDf, Sigurveig T. Sigurdardottir, MDg, Titia Lindner, MDh, Klaus Goldhahnb, Jorgen Dahlstrom, PhDf, Doreen McBride, MBAb, Charlotte Madsen, DVMi

a Division of Asthma, Allergy and Lung Biology, King’s College London, London, United Kingdom
b Institute for Social Medicine, Epidemiology, and Health Economics, Charité, University Medical Center, Berlin, Germany
c Allergy Research Group, Department of Immunology, Manchester Royal Infirmary, Manchester, United Kingdom
d Department of Allergy, Respiratory Medicine and Sleep, Landspitali University Hospital, Reykjavik, Iceland
e Laboratory of Allergy, Department of Experimental Immunology, Amsterdam Medical Center, Amsterdam, The Netherlands
f Phadia AB, Uppsala, Sweden
g Institute for Medical Laboratory Science, Department of Immunology, Landspitali University Hospital, Hringbraut, Iceland
h Department of Dermatology and Allergology, University Medical Centre Utrecht, Utrecht, The Netherlands
i Department of Toxicology and Risk Assessment, National Food Institute, Technical University of Denmark, Lyngby, Denmark

dans JACI Volume 120, Issue 3, Pages 638-646 (September 2007)

 Introduction :

  • Il y a des incertitudes concernant la prévalence des allergies alimentaires dans différentes communautés.

 Objectif de l’étude :

  • Evaluer la prévalence de l’allergie alimentaire en réalisant une méta analyse en fonction de la méthode d’évaluation utilisée.

 Matériel et méthode :

  • Les aliments évalués sont : le lait de vache, les œufs de poule, l’arachide, le poisson, les crustacés, avec également une estimation globale de l’allergie alimentaire.
  • Les auteurs ont colligé les informations selon 5 critères :
    • symptômes auto rapportés,
    • IgE spécifiques positives,
    • prick-tests spécifiques positifs,
    • symptômes combinés à une sensibilisation
    • et les études avec des tests de provocation alimentaire.
  • La recherche a porté de façon systématique sur Medline et Embase pour toutes les publications depuis 1990.
  • La méta analyse a inclus seulement les études originales.
  • Enfin, il y a eu une stratification selon les groupes d’age : enfants et préscolaires, écoliers et adultes.

 Résultats :

  • Un total de 934 articles a été retenu mais seulement 51 ont été considérés comme ayant des critères d’inclusion appropriés.
  • La prévalence des symptômes auto rapportés est très forte par rapport aux mesures objectives de l’allergie alimentaire.
  • Il y a une grande hétérogénéité entre les études selon le type d’évaluation ou l’aliment considéré, et dans beaucoup d’études ceci persiste en fonction des classes d’age.
  • La prévalence auto rapportée de l’allergie alimentaire varie de :
    • 1.2% à 17% pour le lait de vache,
    • 0.2% à 7 % pour l’œuf,
    • 0 à 2% pour l’arachide et le poisson,
    • 0 à 10% pour les crustacés
    • et 3% à 35% pour l’ensemble des aliments.

 Conclusion :

  • Il y a une hétérogénéité marquée de la prévalence de l’allergie alimentaire qui pourrait résulter soit de différences dans la méthodologie ou la structure de l’étude, soit de différences selon les populations.

 Implications cliniques :

  • Les auteurs recommandent que les mesures d’évaluation de l’allergie alimentaire reposent sur des méthodes standardisées, et si possible des tests de provocation.
  • Il faut être prudent dans l’estimation des prévalences de l’allergie alimentaire basées uniquement sur des symptômes auto rapportés d’allergie alimentaire.

A partir d’une étude exhaustive des études de prévalence publiées depuis 1990, les auteurs démontrent que l’allergie alimentaire est difficile à apprécier avec de grandes variations dans les chiffres selon la méthodologie utilisée.

Dans tous les cas, on note une surestimation lorsqu’il s’agit d’allergie alimentaire auto rapportée.

Ce travail a le mérite de montrer qu’il ne sert à rien de se battre avec des chiffres concernant la prévalence des allergies alimentaires puisque que les variations importantes observées entre les études sont dues à des problèmes de méthodologie. L’absence de standardisation fait que souvent le diagnostic reste imprécis avec une surestimation de la prévalence lorsque les symptômes sont seulement rapportés par les patients sans réalisation de tests allergologiques.

Les chiffres proposés sont difficilement exploitables puisqu’il y a des écarts considérables : de 0 à 10% par exemple pour les crustacés et coquillages !!

Nous ne disposons donc pas actuellement de chiffres fiables pour évaluer la prévalence de l’allergie alimentaire dans la population, ce qui par ailleurs ne remet pas en cause, bien entendu, l’existence réelle d’allergie alimentaire sévère voire mortelle.

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