Au menu : aubergines d’Afrique farcies à la crème de dolique et confit de liseron d’eau…

mardi 16 octobre 2007 par Dr Hervé Couteaux1194 visites

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Au menu : aubergines d’Afrique farcies à la crème de dolique et confit de liseron d’eau…

Au menu : aubergines d’Afrique farcies à la crème de dolique et confit de liseron d’eau…

mardi 16 octobre 2007, par Dr Hervé Couteaux

La diversification effrénée des aliments à laquelle nous assistons depuis quelques dizaines d’années n’est pas pour rien dans la progression des allergies alimentaires aussi le praticien allergologue ne sera pas surpris que l’étude du jour concerne une méthode d’évaluation de l’allergénicité de nouveaux aliments mis sur le marché.

Stratégie d’évaluation de l’allergénicité de “nouveaux aliments naturels” : investigations cliniques et moléculaires de légumes exotiques (Le liseron d’eau, la dolique d’Égypte et l’aubergine africaine). : M. Gubesch, B. Theler, M. Dutta, B. Baumer, A. Mathis, T. Holzhauser, S. Vieths, B. K. Ballmer-Weber

1Division of Allergology, Paul-Ehrlich-Institut, Langen, Germany ; 2Department of Dermatology, University Hospital Zürich, Zürich, Switzerland ; 3Department of Food Technology, University of Applied Sciences, Wädenswil, Switzerland ; 4Department of Natural Resources Sciences, University of Applied Sciences, Wädenswil, Switzerland

dans Allergy
Volume 62 Issue 11 Page 1243-1250, November 2007

 Contexte :

  • Les aliments qui ne sont pas consommés habituellement dans l’union européenne doivent prouver leur sécurité avant d’être mis sur le marché, incluant une évaluation de leur allergénicité.
  • Nous présentons une stratégie en trois étapes pour l’évaluation de l’allergénicité de nouveaux aliments naturels dont trois nouveaux légumes : le liseron d’eau, le lablab d’Égypte, ou dolique d’Egypte et l’aubergine africaine.

 Méthodes :

  • Premièrement, les extraits de légumes ont été analysés quant à la présence de panallergènes (protéines homologue de Bet v 1, profiline, protéine de transfert de lipides non spécifiques notées LTP) par analyse immunoblot avec des anticorps spécifiques animaux.
  • Deuxièmement, les liaisons IgE avec les extraits d’aliments ont été explorées par EAST (Enzyme-allergosorbent test) et analyse immunoblot utilisant des sera présentant une IgE-réactivité vis à vis de panallergènes connus ou d’aliments reliés venant
    • de sujets allergiques au bouleau, aux Graminées et à l’armoise (i),
    • de sujets présentant une allergie alimentaire au soja, à l’arachide et à la tomate, aliments reliés aux pollens (ii),
    • de sujets sensibilisés aux LTP (iii).
  • Troisièmement, la pertinence clinique des liaisons IgE a été vérifiée in vivo par des tests cutanés (SPT) et des tests de provocation ouverts (open food challenge : OFC).

 Résultats :

  • Des profilines et des LTP ont été détectés dans chaque légume par les anticorps animaux, une protéine homologue de Bet v 1 sélectivement dans le lablab d’Égypte.
  • Les liaisons IgE avec LTP, profilines, et homologue de Bet v 1 ont été prouvées par analyse immunoblot et EAST.
  • Les tests cutanés et les OFC ont été positifs pour tous les légumes chez les patients allergiques aux pollens.

 Conclusion :

  • Notre procédé par étapes a confirmé la présence et la capacité à se lier à des IgE de protéines de nouveaux légumes homologues d’allergènes connus d’aliments endémiques.
  • Les tests in vivo ont prouvé la capacité de ces nouveaux légumes d’induire une allergie clinique.
  • Par conséquent, l’algorithme que nous décrivons semble être applicable aux tests d’allergénicité de nouveaux aliments naturels.

Une stratégie d’évaluation de l’allergénicité en trois étapes appliquée à trois nouveaux légumes a retrouvé chez ces légumes une capacité à induire des réactions allergiques vis-à-vis de protéines homologues d’allergènes connus.

La réactivité tant clinique que biologique a été étudiée pour les profilines (dont la pertinence clinique, encore débattue paraît plutôt modérée), les LTP (fréquemment en cause en zone méditerranéenne avec des réactions sévères) et les Bet v 1-like (bien connus des polliniques au bouleau).

C’est un progrès, indéniable mais partiel : il peut paraître en effet dangereux d’estimer que l’on a fait le tour de la question en étudiant la réactivité pour 2 allergènes et un panallergène, alors que l’on sait qu’un aliment peut contenir jusqu’à une vingtaine d’allergènes différents dont certains peuvent entraîner des réactions sévères.

Avec cette méthode ne serait-on pas passé à côté de la gravité de l’allergie à l’arachide et aux fruits à coques, par le biais des protéines de stockage propres aux graines et à certains fruits secs…

D’ailleurs les graines de dolique, (une Fabacée comme l’arachide) dont il est question dans cette étude sont consommées réduites en farines servant à la confection de beignets et gateaux thai.

Il ne serait pas surprenant qu’elle contienne des protéines de stockage…

Pour terminer essayons de nous familiariser avec ces nouveaux aliments :

Le liseron d’eau, Ipomea aquatica, est ce que l’on appelle un légume feuille tropical.

L’aubergine africaine, Solanum aethiopicum est un fruit qui fait également partie des légumes feuilles tropicaux.

Pour plus d’informations sur les légumes feuilles tropicaux : http://www.agricultures-urbaines.co...

Le lablab d’égypte, ou dolique d’Egypte, Dolichos lablab appartient à la famille des Fabacées.

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