Les sérum albumines ? une vraie vacherie …

mardi 11 décembre 2007 par Dr Hervé Couteaux5775 visites

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Les sérum albumines ? une vraie vacherie …

Les sérum albumines ? une vraie vacherie …

mardi 11 décembre 2007, par Dr Hervé Couteaux

Alors, c’est grave, Docteur ? « Chère petite madame, vous êtes, je le crains, terriblement allergique aux BSA thermolabiles, d’où mon conseil : arrêtez la viande crue et expédiez sans tarder Pépette chez votre belle mère ! »

Sensibilisation aux sérumalbumines chez les enfants allergiques au lait de vache et aux epithelia. : Vicente-Serrano J, Caballero ML, Rodríguez-Pérez R, Carretero P, Pérez R, Blanco JG, Juste S, Moneo I.

Department of Allergology, Hospital General Yagüe, Burgos, Spain. jvicente@hgy.es

dans Pediatr Allergy Immunol. 2007 Sep ;18(6):503-7.

 Contexte :

  • Les patients présentant une allergie persistante au lait de vache et des IgE spécifiques aux sérum albumines bovines (BSA) ont un plus grand risque de rhino conjonctivite et d’asthme par les phanères animales.

 Objectifs :

  • Prouver la réactivité croisée entre la sérum albumine du lait, de la viande et des epithelia de différents mammifères et déterminer si le traitement des viandes par la chaleur diminue l’allergénicité des albumines.

 Méthodes :

  • L’étude a été réalisée en utilisant des tests SDS-Page et IgE Immunoblot avec des sera de huit patients sensibilisés au lait, aux BSA et aux phanères animales.
  • Des sera de sujets non allergiques ainsi que de sujets allergiques seulement aux phanères animales ont servi de contrôle.

 Résultats :

  • À une exception près, tous les sera de patients ont reconnu la sérum albumine dans différentes viandes (bœuf, agneau, cerf, et porc), dans les epithelia (chiens, chats, et de vaches), et dans le lait de vache.
  • Quelques patients étaient même seulement sensibilisés aux sérum albumines de la viande et des epithelia.
  • Ceux qui n’étaient allergiques qu’aux phanères ont reconnu d’autres protéines dans les epithelia, mais pas les sérum albumines.
  • Aucun patient n’a réagi aux sérum albumines des extraits de viandes chauffées.

 Conclusion :

  • La sérum albumine est un allergène important impliqué dans l’allergie au lait, à la viande et aux epithelia.
  • Le premier contact avec les sérum albumines s’est fait par l’intermédiaire du lait de vache et les patients ont développé une sensibilisation aux sérumalbumines d’epithelia même sans contact direct avec les animaux.
  • Les patients présentant à la fois une allergie au lait de vache et BSA devraient éviter les viandes crues et les animaux de compagnie à fourrure.

La sérum albumine est à l’origine de réactivités croisées entre le lait de vache, la viande et les phanères animales.

Les données dont nous disposons semblent indiquer que l’allergène sensibilisant est la sérum albumine du lait de vache.

Il a été observé, vraisemblablement par allergie croisée, des réactions à certains epithelia (en l’absence de contact avec les animaux en question) ainsi qu’à des viandes crues.

La sérum albumine est la famille de protéine la plus citée en matière d’allergie à la viande.

Rappelons qu’elle n’est pas seule en cause dans l’allergie à la viande : une étude espagnole avait mis l’accent sur le rôle de la myoglobine, thermostable à l’inverse de la serum albumine.

Si le lait de vache contient plus de 30 protéines allergisantes, la serum albumine (Bos d 6) ne représente qu’environ 1% de ces protéines.

87% des enfants IgE réactifs à l’alpha ou la béta lactoglobuline sont également IgE réactifs à la caséine mais le cas de la serum albumine est différent : les patients IgE réactifs à cette protéine ne sont pas particulièrement IgE réactifs aux autres protéines du lait de vache.

A l’origine de réactivités croisées, parfois cliniques et pas seulement biologiques, entre viandes, epithelia d’animaux et lait de vache, la serum albumine peut être en cause dans des circonstances moins évidentes : on a décrit des réactions de type anaphylactique au cours d’insémination artificielle ou de fécondation in vitro, lorsque l’on ajoute de la sérumalbumine bovine à du sperme ou à une culture d’embryons.

Ces réactivités croisées sont connues depuis déjà quelques années : on citera le syndrome porc-chat où plusieurs types de viandes peuvent être concernées par le biais semble-t-il, de la serum albumine.

Il s’agit donc d’un allergène important en allergologie, même s’il n’est pas impliqué très fréquemment dans notre pratique quotidienne.