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Moins de fièvre, plus d’allergie ?
mercredi 2 octobre 2002, par
La théorie hygiéniste selon laquelle l’augmentation des maladies allergiques serait due à la diminution des infections chez les jeunes enfants suscite beaucoup d’études. Ici, les auteurs se sont demandés si en fait, la fièvre souvent présente lors des infections, n’était pas un des composants du lien entre infections et allergie.
Episodes fébriles dans la petite enfance et développement d’une atopie chez des enfants asthmatiques : Calvani M Jr, Alessandri C, Bonci E. Dept of Paediatrics, San Camillo De Lellis Hospital, Rome, Italy. MI5660@mclink.it dans Eur Respir J 2002 Aug ;20(2):391-6
L’hypothèse hygiéniste propose que la diminution de l’exposition aux infections pourrait contribuer à « l’épidémie » d’allergie et d’asthme, mais les études qui identifient les infections en cause ont surtout produit des données contradictoires.
Une approche alternative pourrait se baser sur une étude pour identifier les mécanismes communs aux diverses infections, qui pourrait provoquer un effet « protecteur » pour l’atopie. Un de ces mécanismes pourrait être la fièvre, qui est fréquemment associée aux infections et pourrait stimuler la production d’interféron gamma.
– Le but de cette étude était de voir comment la fréquence des épisodes fébriles dans les premières années de vie était reliée au développement de l’atopie.
– Des enfants asthmatiques ( 317) et non asthmatiques ( 304) comprenant des malades externes ont été inclus.
– Le nombre d’épisodes fébriles survenus pendant les deux premières années ont été documentées rétrospectivement par les parents par un questionnaire rempli lors d’un interrogatoire. L’atopie a été déterminée par des tests cutanés aux dix principaux allergènes respiratoires au moment de l’étude.
– Les épisodes fébriles étaient significativement plus fréquents dans la première ou deuxième année chez les enfants asthmatiques. Cependant, cette différence était retrouvée exclusivement chez les sous-groupes d’enfants qui avaient débuté les épisodes de sifflements dans leur première année.
– Un rapport inverse significatif a été retrouvé entre les épisodes fébriles dans la première année et une atopie, mais pas chez les témoins. L’association persiste après ajustement d’âge, de sexe, la présence de soins quotidiens, l’histoire familiale d’atopie et ceci a été parfaitement démontré pour les enfants asthmatiques qui ont commencé à siffler dans leur première année.
– Les auteurs n’ont pas retrouvé d’association significative entre les épisodes de fièvre dans la deuxième année et l’atopie chez les malades et chez les témoins.
L’étude présentée ici suggère que les épisodes fébriles précoces peuvent influencer l’histoire naturelle de l’asthme en prévenant le développement d’une atopie et met en exergue la nécessité de surveiller les épisodes fébriles de toute origine dans des études longitudinales pour apporter des explications prospectives sur l’hypothèse hygiéniste.
Plutôt que les infections virales ou microbiennes elles-mêmes, qui ont été dans de nombreuses études récentes, suspectées de jouer un rôle dans la protection de l’atopie, ce serait le mécanisme de défense universel qu’est la fièvre qui amènerait une explication plus fidèle.
Les prochaines études portant sur le rôle des infections devront donc prendre en compte ce paramètre pour affiner encore les résultats.
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