Diagnostic de l’allergie à la viande, le doute subsiste !

mardi 2 juin 2009 par Dr Alain Thillay12092 visites

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Diagnostic de l’allergie à la viande, le doute subsiste !

Diagnostic de l’allergie à la viande, le doute subsiste !

mardi 2 juin 2009, par Dr Alain Thillay

A en croire les données du CICBAA, l’allergie aux viandes est assez rare, 2,7% des observations d’allergie alimentaire colligées chez l’adulte. Cette faible prévalence rend utile cette étude pour affiner la valeur des outils diagnostiques, essentiellement tests cutanés et IgE sériques spécifiques. Ces outils auront-ils une sensibilité suffisante pour pouvoir se passer du test de provocation orale ? C’est tout l’intérêt de cette étude.

Présentation clinique et diagnostique de l’allergie à la viande en Suisse et dans le sud de l’Allemagne. : Theler B, Brockow K, Ballmer-Weber BK.

Allergy Unit, University Hospital, Zürich, Switzerland.

dans Swiss Med Wkly. 2009 May 2 ;139(17-18):264-70.

 Objectifs :

  • L’objectif de cette étude était d’étudier les caractéristiques cliniques de l’allergie à la viande, de valider les outils diagnostiques de routine et de comparer nos résultats avec les données de la littérature.

 Méthodes :

  • Nous avons recruté dans le cadre du projet de l’Union Européenne REDALL des patients adultes et des enfants ayant eu une histoire d’allergie à la viande.
  • Le critère d’inclusion définitif était, soit des antécédents de réaction anaphylactique à une viande ou un test de provocation quantitatif, contrôlé, en double aveugle, contre placebo à la viande incriminée.
  • La sensibilisation à la viande a été évaluée chez tous les patients par prick-tests avec des extraits de viande (extraits viande de poulet, de bœuf et de porc), et, in vitro par la détermination des IgE spécifiques à la viande de porc, de bœuf et de poulet (CAP-FEIA).

 Résultats :

  • Entre mars 2003 et juin 2005, nous avons identifié treize patients ayant une histoire d’allergie à la viande, soit au poulet (n = 6), au boeuf (n = 5) ou au porc (n = 2).
  • Les symptômes associés à l’allergie à la viande, tels que rapportés par les patients, variaient de l’urticaire de contact de la muqueuse buccale (syndrome allergique oral) à des réactions anaphylactiques.
  • Les tests cutanés avec la viande responsable étaient positifs chez neuf patients, et, in vitro, la détermination des IgE spécifiques était positive chez quatre patients.
  • Au test de provocation orale quantitatif, un patient a répondu par des nausées et de la dysphagie après 10,2 g de viande de poulet et deux patients, soit avec de l’urticaire ou des nausées, de la diarrhée, des vomissements et des douleurs abdominales, à 0,102 g et 34 g de viande de bœuf, respectivement.

 Conclusion :

  • L’allergie à la viande semble être une allergie alimentaire assez rare en Europe centrale.
  • La viande induit des symptômes allant du syndrome oral à de graves réactions anaphylactiques.
  • Les outils diagnostiques de routine, c’est-à-dire, les tests cutanés et la détermination in vitro des IgE spécifiques ont une faible sensibilité parmi nos patients.

Les données disponibles sur le site du CICBAA, d’année en année, indiquent chez l’adulte un pourcentage qui tourne autour de 2,7% des cas d’allergies alimentaires, sans préciser la viande incriminée, ce qui la positionne au 17ième rang. Chez l’enfant, selon la même source, le pourcentage est de 2,6% soit le 10ième rang.

Dans les études antérieures il y a consensus pour que les tests cutanés aux viandes soient réalisés avec l’aliment naturel, viande crue et cuite, afin d’augmenter la performance diagnostique.

Pour le dosage des IgE spécifiques, les valeurs seuils ne sont pas parfaitement connues ce qui rend indispensable le test de provocation orale en dehors d’une réaction anaphylactique clairement en rapport avec la prise de la viande.

J’ai pris contact avec l’auteur principal de la présente étude, Barbara Theler pour préciser les modalités des tests cutanés, ils ont été pratiqués avec des extraits commerciaux Alyostal Stallergènes SA. A mon sens, il s’agit là d’un biais d’évaluation très important.

Cette étude a été réalisée par les membres de l’unité d’allergologie de l’hôpital universitaire de Zurich. Les patients ont été recrutés à partir du projet européen REDALL pour « Reduced Allerginicity of Processed Foods ». Sur un peu plus de deux ans, l’étude a permis de trouver treize cas d’allergie à la viande. Bœuf et poulet viennent largement en tête, 11 cas, pour 2 cas d’allergie à la viande de porc.
Les tests cutanés sont positifs chez 9 patients, les IgE spécifiques chez 4 d’entre eux.

Pour conclure, je dirai que cette étude est à considérer comme une simple mise en lumière de l’allergie aux viandes.

Cette allergie alimentaire souffre de sa faible prévalence ce qui rend difficile la réalisation d’études de grande envergure afin de bien préciser les modalités diagnostiques. En cas de doute, le test de provocation orale en double-aveugle contre placebo reste la pierre angulaire du diagnostic.

Vos commentaires

  • Le 25 août 2015 à 13:35, par thiry En réponse à : Diagnostic de l’allergie à la viande, le doute subsiste !

    Une étude qui soulèvent beaucoup d’interrogations.

    quand à l’origine de la viande :

    les animaux dont provient la viande utilisés pour les tests ont ils été soumis à des hormones de croissance (de synthése ou non) à des antibiotiques (en traitement systématique) ? le fourrage est il issue de mutagénése ou de trangénése (tourteaux de soja) ? a t-il subit des traitements phytosanitaires ? les animaux ont-ils été vaccinés ou soignés avec des produits pharmaceutiques contenant des molécules de synthése. les animaux mêmes ont-ils été inséminés artificiellement ?

    Quand aux personnes soumises aux tests :

    l’origine des personnes et leur habitudes alimentaire depuis l’enfance peut influer fortement sur les résultats des tests. Un asiatique supporte mal les ferments lactiques.
    Les habitudes alimentaires sont directement liées aux espèces végétales et animales disponibles et connues. Schématiquement, trois grandes civilisations fondées sur des cultures alimentaires prédominent : la « civilisation du blé » en Europe, en Méditerranée et au Moyen-Orient, la « civilisation du riz » en Asie et celle du « maïs » en Amérique (Fernand Braudel). Ceci se conjugue avec les modes de production de protéines animales, ainsi qu’avec toute la variété offerte pas les animaux d’élevage, les ressources halieutiques et la chasse, elles aussi marquées culturellement.

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