Le petit lupin n’a pas fini de faire parler de lui !

mardi 30 juin 2009 par Dr Alain Thillay3048 visites

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Le petit lupin n’a pas fini de faire parler de lui !

Le petit lupin n’a pas fini de faire parler de lui !

mardi 30 juin 2009, par Dr Alain Thillay

Le lupin, allergène caché par excellence, croise avec l’arachide et est de plus en plus utilisé dans l’industrie agro-alimentaire comme émulsifiant et élément de valorisation protéique. Les allergiques à l’arachide peuvent donc se faire piéger. Ces auteurs milanais à l’aide d’un test de provocation avec des pâtes enrichies en lupin tentent, chez des enfants allergiques à l’arachide, d’évaluer leur tolérance à ces pâtes.

Evaluation de la tolérance à des pâtes enrichies en lupin chez des enfants allergiques à l’arachide. : A. Fiocchi * , P. Sarratud * , L. Terracciano * , E. Vacca † , R. Bernardini ‡ , D. Fuggetta § , C. Ballabio § , M. Duranti ¶ , C. Magni ¶ and P. Restani §

* Department of Child and Maternal Medicine, The Melloni University Hospital, Milan, Italy, † R&D Infant Nutrition, Milan, Italy, ‡ San Giuseppe Hospital, Empoli, Italy, § Department. of Pharmacological Sciences, State University of Milan, Milan, Italy and ¶ Department of AgriFood Molecular Sciences, State University of Milan, Milan, Italy

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 39 Issue 7, Pages 1045 - 1051

 Contexte :

  • Les déclarations d’allergie aux dérivés du lupin (en tant que sensibilisation de novo ou de réactivité croisée chez les sujets allergiques à l’arachide) sont de plus en plus fréquentes alors que leur utilisation dans les produits alimentaires augmente.

 Objectifs :

  • L’objectif de cette étude était d’évaluer :
    • 1) la tolérance au lupin dans un groupe d’enfants allergiques à l’arachide, en utilisant des pâtes enrichies au lupin au lieu de farine crue comme cela a été fait dans de précédentes études cliniques ;
    • 2) si les traitements technologiques subis par le lupin modifient sa réactivité croisée ou sa co-sensibilisation à l’arachide ;
    • 3) le rôle des protéines de la graine de lupin dans la sensibilisation ; et
    • 4) l’identification des doses à l’aide du test de provocation alimentaire en double-aveugle, contrôlé contre placebo (TPADACP).

 Méthodes :

  • Douze patients ayant des antécédents cliniques de réactions allergiques à l’arachide ont été évalués par tests cutanés, ImmunoCAP ®, Immunoblotting et TPADACP.
  • Les 12 sujets sélectionnés ont été inclus dans un essai où des pâtes enrichies en lupin et des pâtes placebo ont été administrées dans le cadre d’un protocole de TPADACP.

 Résultats :

  • Des réactions cliniques ont été observées chez deux enfants, les doses limites étant de 0,2 et 6,4 g de pâtes, correspondant respectivement à 50 mg et 1,6 gr de protéines de lupin.
  • La bêta-conglutine était la protéine la plus impliquée dans la positivité des tests cutanés.

 Conclusion :

  • Les pâtes enrichies en lupin peuvent être tolérées par la plupart des sujets souffrant d’allergie à l’arachide, toutefois un nombre non négligeable, deux patients sur douze, a pu développer des réactions cliniques potentiellement dangereuses.
  • Les informations concernant les réactions possibles aux dérivés du lupin par les allergiques à l’arachide doivent être incluses dans l’étiquetage des produits enrichis en lupin pour protéger les consommateurs à risque.

Comme de juste, cette étude, concernant des pâtes enrichies en lupin, est d’origine italienne (Université d’état de Milan).

Le lupin est une légumineuse facile à cultiver et très riche en protéines. C’est un bon émulsifiant, sa richesse protéique valorise le produit fini. Il est retrouvé dans les produits de la boulangerie, la biscuiterie, les produits céréaliers, les pâtes alimentaires et de nombreux plats préparés.

C’est l’exemple même de l’allergène caché.

L’IgE-réactivité du lupin semble bien résister à la chaleur, il faut atteindre des températures très élevées au-dessus de 130°C pour commencer à diminuer de façon significative cette IgE-réactivité.

Comme indiqué dans la méthodologie, le test a été pratiqué avec des pâtes enrichies en lupin et non pas avec de la farine crue, ce qui correspond à un test réaliste ; dans la vie nous ne mangeons pas de farine de lupin crue mais en tant qu’additif, principalement dans le pain et autres produits alimentaires manufacturés comme explicités plus haut. La farine de lupin comme les autres ingrédients subit les conséquences des procédés de fabrication, principalement ici, la cuisson. Au final, la concentration en protéines de lupin était de 26%.

Tous les patients ont eu le même bilan, tests cutanés pratiqués au moyen d’extraits commerciaux mais aussi en natif. A noter que test lupin en extrait est de fabrication maison, concentration finale protéique de 5%. Ces mêmes allergènes ont été évalués in vitro par ImmunoCAP.

Les patients ont été testés aussi avec des protéines purifiées obtenues par la combinaison d’une chromatographie sur gel et d’une chromatographie échangeuse d’ion. Les auteurs ont ainsi pu produire l’alpha-conglutine, la bêta-conglutine et la gamma-conglutine ; la delta-conglutine a demandé un peu plus de travail par plusieurs précipitations sélectives selon la méthode décrite par Sironi et coll.

Chez 8 patients sur 12, le test cutané pratiqué avec l’extrait maison de lupin était positif, négatif chez les patients 1, 3, 4 et 7.
L’ImmunoCAP lupin était positif chez 7 d’entre eux, négatif chez les patients 1, 5, 7, 11 et 12.
L’immunoblotting était positif chez 8 patients sur 12, négatifs chez les patients 7, 10, 11, 12).
A noter que l’allergène apparemment responsable est la bêta-conglutine ou 7S vicilline-like globuline ce qui correspond à Ara h 1 qui est aussi une 7S vicilline-like globuline, test cutané positif chez 7/12.

Il est intéressant de noter que seulement deux patients (c’est toujours de trop) réagissent aux pâtes au lupin, le seuil réactif le plus bas étant de 50 mg. Dix patients allergiques à l’arachide ont parfaitement tolérés ces pâtes. Les sujets réactifs lors du test de provocation orale en double-aveugle contre placebo sont les patients 2 et 6, tous deux étaient positifs pour le lupin en test cutané, en ImmunoCAP et à l’immunoblotting.

Henri Malandain rapporte sur www.allerdata.com qu’approximativement, d’après les données disponibles, l’allergie au lupin se rencontre chez 23% des allergiques à l’arachide. Ici, sur cette série de douze, cela correspond à un peu plus de 16%.

En consultant le même site, je note sept références bibliographiques en rapport avec les réactions croisées lupin/arachide, cinq sont en faveur d’une réaction arachide vers lupin, une étude infirme le contraire et enfin une autre ne démontre pas de réaction croisée lupin vers arachide.

En conclusion, les auteurs insistent sur l’intérêt du test cutané avec l’extrait protéique de lupin et le test natif ainsi que l’immunoblotting ; pour eux l’ImmunoCAP est moins performant.

La réactivité au lupin ne peut pas être prédite chez les allergiques à l’arachide même en cas de réaction sévère.

La réaction à la Bêta-conglutine pourrait être considéré comme un bon marqueur du risque d’allergie au lupin chez l’allergique à l’arachide.

Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2016 à 23:26, par Vivier En réponse à : Le petit lupin n’a pas fini de faire parler de lui !

    Mon fils est allergique a l arachide et suite a deux reactions allergiques en mangeant des tartes achetees en boulangerie nous avons decouvert qu il etait allergique au lupin... Nous regrettons l usage de plus en plus frequent en boulangerie de cette farine de lupin. Pendant 4 ans il a pu vivre normalement et maintenant nous allons devoir faire beaucoup plus attention a son alimentation et le priver de nombreux desserts face a l utilisation grandissante de ces farines de lupin. Il est necessaire d adapter les etiquetages et aussi sensibiliser les boulangeries pour savoir s ils utilisent ces farines de lupin.

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