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Madame Bardot jubile, le chat c’est bon pour les allergiques !
vendredi 2 octobre 2009, par
Beaucoup d’études pratiquées chez l’enfant suggèrent fortement un effet protecteur du fait de vivre en continu avec un chat sur l’IgE réactivité à Fel d 1. Cette protection serait due à rééquilibrage Th1/Th2 en faveur de Th1. Qu’en est-il chez l’adulte ? C’est tout le propos de ce travail.
Sensibilisation au chat en fonction de la période d’exposition chez l’adulte asthmatique. : M.-P. Oryszczyn *,† , R. Van Ree ‡ , J. Maccario *,§ , R. Nadif *,† and F. Kauffmann *,† , on behalf of the EGEA cooperative group
* INSERM, U780, Epidemiology and Biostatistics, Villejuif, France, † Univ Paris-Sud, IFR69, Villejuif, France, ‡ Departments of Experimental Immunology and Otorhinolaryngology, Academic Medical Center, Amsterdam, The Netherlands and § Faculté des Sciences Pharmaceutiques, Université Paris Descartes, Paris, France
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 39 Issue 10, Pages 1515 - 1521
– Contexte :
- Chez l’adulte, il existe peu d’informations sur la tolérance au chat qui pourrait être en rapport avec des IgG4 élevés sans sensibilisation à IgE.
- L’exposition précoce au chat pourrait jouer un rôle crucial.
– Objectif :
- L’objectif était d’évaluer parmi les adultes l’association de Fel d 1 IgG4, de Fel d 1 IgE, des tests cutanés chat et autres animaux de compagnie en fonction de la symptomatologie liée à l’exposition au chat tout en tenant compte de la période d’exposition.
– Méthodes :
- Le test cutané spécifique du chat, les IgE et les IgG4 spécifiques de Fel d 1 ont été évalués chez 167 asthmatiques recrutés dans des services de Pneumologie (40 ans en moyenne) à partir de l’étude Epidémiologique française sur la Génétique et l’Environnement de l’Asthme (EGEA).
- L’exposition au chat durant l’enfance et/ou en cours a été étudiée rétrospectivement.
– Résultats :
- Les IgG4 spécifiques de Fel d 1 étaient plus élevées chez les patients ayant une exposition en cours (0,53 vs 0,09 ng/ml ; P <0,001) et plus élevées chez la femme que chez l’homme.
- La période d’exposition au chat était significativement lié à Fel d 1 IgE, le rapport IgE/IgG4 et la taille de la papule du test cutané spécifique du chat.
- Les valeurs les plus faibles de Fel d 1 IgE, de la taille de la papule chat, et des symptômes nasaux ou respiratoires ont été observées chez ceux présentant à la fois une exposition dans l’enfance et une exposition contemporaine ainsi que la plus forte proportion du rapport IgE-/IgG4+ observée chez 1,4%, 4,0% , 38,1% et 12,5% de ceux ayant une exposition -/-, +/-, +/+, -/+ ( durant l’enfance /en cours), respectivement.
– Conclusions :
- Les adultes asthmatiques exposés aux chats depuis l’enfance présentent un modèle immunologique avec des IgG4 élevées et des IgE faibles.
- Une exposition prolongée pourrait maintenir un état de tolérance immunologique au chat.
Un grand nombre d’études pratiquées chez l’enfant montre que le fait de vivre avec un chat protège des sensibilisations à IgE et de l’apparition des maladies de l’atopie.
Par contre, peu de chose chez l’adulte, c’est tout le sujet de ce travail et tout son intérêt.
En effet, l’allergologue moderne n’impose plus de façon dictatoriale l’éviction du chat pour l’enfant ; cette étude tendra à l’encourager à avoir la même attitude chez l’adulte.
Mais que peut-il dire pour l’adulte d’autant s’il est asthmatique et allergique ?
L’intérêt de l’étude est de prendre en considération les « fenêtres » d’exposition au chat, aucune exposition, exposition dans l’enfance mais pas contemporaine, exposition dans l’enfance et contemporaine ou uniquement contemporaine.
Le biais de l’étude serait que la présence féline n’a été évaluée que sur questionnaire rétrospectif, nous aurions préféré un dosage de Fel d 1 dans la poussière de literie par exemple tout au moins pour la période contemporaine.
Toutefois, les résultats sont clairs et montrent que le meilleur moyen de posséder des Fel d 1 IgG4 élevées et des Fel d 1 IgE basse c’est d’avoir toujours vécu avec un chat.
Encore plus, il existerait un effet protecteur même si l’on vit avec un chat qu’à l’âge adulte.
Ces résultats semblent encore plus probants chez la femme.
Nous le savons l’allergie au chat est paradoxale.
Si, par exemple, pour les acariens domestiques ce qui compte est le taux allergénique dans l’environnement et la durée de l’exposition ; plus nous sommes exposés plus l’IgE réactivité sera importante et en conséquence l’expression symptomatique.
Il n’en est pas de même pour le chat, pour simplifier, une exposition continue serait protectrice alors qu’une exposition discontinue serait provocatrice.
Bien sûr, pour accepter cette interprétation, il faut rester prudent.
Fel d 1 est un allergène ubiquitaire et pérenne présent dans tous les lieux publics surtout l’école et même dans des habitats n’ayant jamais hébergé de chat.
L’interprétation la plus acceptée concernant cet éventuel effet protecteur de l’exposition au chat est le rééquilibrage de la balance Th1/Th2 en faveur de Th1 ce qui se concrétise par une élévation des Fel d 1 IgG4 et une baisse des Fel d 1 IgE.
Des études antérieures ont même montré que la rupture d’exposition féline se soldait par une inversion de ces deux critères ; la cinétique semble donc réactive rapidement.
Pour conclure, les résultats de ce travail chez l’asthmatique allergique ne doivent pas être extrapolés à la population générale, de grandes études prospectives longitudinales sont nécessaires.
Il restera qu’il faudra se pencher sur les mécanismes immunitaires qui semblent présider à l’effet protecteur de l’exposition au chat.
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