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Un verre de trop et c’est l’ivresse de l’allergie !
vendredi 9 octobre 2009, par
Des études déjà nombreuses suggèrent clairement que l’alcool est un promoteur des maladies allergiques IgE dépendantes. Cette équipe danoise récidive sur ce sujet. Cette fois, c’est l’évolution de l’IgE réactivité à l’encontre des aéroallergènes chez des sujets âgés de 40 à 60 ans en association avec la consommation énolique qui a capté leur attention.
Incidence et rémittence des IgE spécifiques des aéroallergènes chez des sujets âgées de 40 à 60 ans et association avec la consommation d’alcool. : Linneberg A, Friedrich N, Husemoen LL, Thuesen B, Gonzalez-Quintela A, Vidal C, Bodtger U, Johansen N, Drivsholm T.
Research Centre for Prevention and Health, Glostrup Hospital, Glostrup, Denmark
dans Int Arch Allergy Immunol. 2009 Sep 15 ;151(2):142-148
– Contexte :
- Les données sur l’incidence et la persistance à long terme d’une IgE réactivité aux aéroallergènes chez les adultes, de la tranche d’âge 40 à 60 ans, sont limitées.
- La consommation d’alcool est un immunomodulateur puissant ayant un impact significatif sur la réponse IgE.
– Objectifs :
- L’étude visait à évaluer l’incidence et la rémission de la sensibilisation aux aéroallergènes de l’âge de 40 à 60 ans.
- En outre, nous avons examiné la relation entre la consommation d’alcool et la prévalence et l’incidence de la sensibilisation aux aéroallergènes.
– Méthodes :
- En 1976-1977, un total de 1200 personnes nées en 1936 et sélectionnées au hasard dans la population générale a été invité à un examen de santé (1052 ont été examinés).
- À 60 ans, ils ont été convoqués pour un nouvel examen (695 ont été examinés).
- Les échantillons de sérum stockés provenant de ces deux examens ont été analysés de façon consécutive pour le dosage des IgE sériques spécifiques aux aéroallergènes l’aide d’un test de multi-immunodosage qualitatif des allergènes.
– Résultats :
- On observe un total de 32 patients sensibilisés à l’âge de 60ans qui ne l’étaient pas à 40 ans (7,1% de ceux qui n’étaient pas sensibilisés à 40 ans) et 35 cas rémittents (41,1% des personnes sensibilisées à 40 ans) de sensibilisation aux aéroallergènes au cours de cette période de 20 ans.
- Les sensibilisations persistantes ainsi que les sensibilisations incidentes étaient significativement associées à l’autodéclaration d’une maladie atopique à 60 ans.
- La consommation d’alcool (>14 verres par semaine) à 40 ans était significativement associée à une prévalence plus élevée de la sensibilisation à 40 ans, mais pas avec l’incidence de la sensibilisation (pas avec les nouveaux cas à 60 ans).
– Conclusions :
- Chez les adultes de la tranche d’âge 40 à 60 ans, la sensibilisation aux aéroallergènes comme en témoigne la positivité des IgE sériques spécifiques aux aéroallergènes est un processus dynamique.
- À la fois les sensibilisations persistantes et incidentes étaient associées à la maladie atopique.
- Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser l’influence de l’alcool sur la réponse IgE spécifiques aux aéroallergènes.
Cette équipe danoise s’intéresse beaucoup à la relation alcool et IgE réactivité vis-à-vis des aéroallergènes classiques.
Déjà en 2006, ils avaient publié un travail qui suggérait fortement un lien significatif entre sensibilisation à au moins un aéroallergène et consommation importante de boissons alcoolisées (15 à 21 boissons par semaine).
Si nous connaissons bien l’implication de l’alcool comme cofacteur de l’allergie alimentaire et autres réactions non IgE dépendantes (flush, urticaire, intolérance…), de nombreuses études plaident en faveur d’une promotion de la réaction IgE.
Ainsi, des travaux soulignent l’association alcool et augmentation des IgE totales sériques et alcool et sensibilisation aux aéroallergènes.
Ici, les auteurs ont plus cherché l’évolution de l’IgE réactivité aux aéroallergènes en fonction de la consommation d’alcool chez des sujets adultes entre l’âge de 40 ans et de 60 ans.
1052 personnes à l’âge de 40 ans sont sélectionnées dans la population générale, l’IgE réactivé spécifique des aéroallergènes est mesurée par un multitest qualitatif.
Vingt ans plus tard, ces sujets sont convoqués à nouveau, 695 seront examinés et expertisés pour cette même IgE réactivité.
A 60 ans, l’incidence des sensibilisés est de 7,1% parmi les indemnes du départ (32 sur 450), de plus, la prévalence chez les sujets réactifs à 40 ans diminue de 41,1% (35 des 85 sujets sensibles à 40 ans ne le sont plus à 60).
La cinétique de l’évolutivité d’une IgE réactivité aux aéroallergènes est variable, tel sujet à 40 ans ne l’est plus à 60 ans et inversement tel autre exempt à 40 ans le sera à 60 ans.
Il est dommage que le statut de ces deux profils évolutifs ne soit pas étudié plus avant.
Quel type de symptomatologie ? Les patients ont-ils reçu une immunothérapie spécifique ?
Que ce soit dans le cas de la persistance ou de l’apparition de novo d’une IgE réactivité la notion d’autodéclaration d’une maladie atopique est retrouvée, ce qui est logique, un terrain atopique peut s’avérer symptomatique à tout moment de la vie même à 60 ans.
D’après ces résultats, le facteur alcool joue sur une augmentation de la prévalence des sensibilisations à l’âge de 40 ans mais pas sur l’incidence à 60 ans.
Comme si l’action de l’alcool se faisait au début de la vie de l’atopique.
L’allergologie est une discipline globale.
L’allergologue doit prendre en compte l’ensemble des facteurs environnementaux de chaque patient.
Il s’agit d’une notion environnementale au sens large, bien sûr les aéroallergènes, bien sûr les trophallergènes, pour ne citer que ce type d’allergène, mais aussi toutes les molécules de synthèses de notre vie moderne qui constitue notre environnement intérieur et atmosphérique.
Ici, le facteur alcool est un élément à prendre en compte lors de l’enquête d’un adulte allergique.
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