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Où il semble bien que l’on puisse être et avoir été …
lundi 19 octobre 2009, par
L’allergie alimentaire tient une place prépondérante chez l’enfant. Elle inaugure souvent la marche atopique et revêt parfois un caractère de gravité tout particulier. Heureusement certaines allergies évoluent vers la tolérance…Quelle évolution pour ces enfants soumis précocement à des mesures d’éviction ?
Statut allergique des écoliers ayant présenté des allergies alimentaires aux œufs, au lait ou au blé dans la petite enfance. : Takashi Kusunoki 1,2 , Takeshi Morimoto 3 , Ryuta Nishikomori 2 , Toshio Heike 2 , Tatsuya Fujii 1 and Tatsutoshi Nakahata 2
1 Department of Pediatrics, Shiga Medical Center for Children, Shiga, Japan , 2 Department of Pediatrics, Graduate School of Medicine, Kyoto University, Kyoto, Japan , 3 Center for Medical Education, Graduate School of Medicine, Kyoto University, Kyoto, Japan
dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 20 Issue 7, Pages 642 - 647
– Contexte :
- Bien que les enfants allergiques aux œufs, au lait ou au blé dans la petite enfance ont tendance à devenir tolérants à l’âge scolaire, le statut allergique de ces enfants en âge scolaire n’a pas été bien évalué.
– Objectifs :
- Pour étudier le statut allergique des écoliers qui ont évité les œufs, le lait ou le blé en raison d’une réaction allergique de type immédiate survenue avant l’âge d’un an (éviction alimentaire durant la petite enfance), nous avons réalisé auprès des écoliers une étude à grande échelle sur questionnaire.
– Méthode :
- Un questionnaire sur les maladies allergiques a été distribué aux parents de 14.669 élèves de 7 à 15 ans dans 30 écoles à Kyoto, au Japon.
– Résultats :
- Sur ce nombre de 14.669, 13.215 ont répondu (taux de réponse, 90,1%).
- Le taux d’enfants de 7 ans qui ont suivi une éviction alimentaire pendant la petite enfance était de 5,4%.
- Ce taux a diminué au fur et à mesure de l’augmentation de l’âge actuel des enfants, jusqu’à 3% chez les enfants de 15 ans, indiquant que l’allergie alimentaire chez le nourrisson avait tendance à devenir plus fréquente au cours des 8 dernières années.
- Bien que plus de 80% soient devenus tolérants à ces aliments à l’âge scolaire, la prévalence de l’asthme bronchique, de la dermatite atopique, de la rhinite allergique et de la conjonctivite allergique ont été significativement plus élevées dans ce groupe.
- En outre, l’éviction d’autres aliments (sarrasin, fruits de mer, fruits et autres) à l’âge scolaire a été observée à des fréquences beaucoup plus élevées que chez les enfants n’ayant pas suivi d’éviction alimentaire dans la petite enfance (odds ratio ajustées : 7,7 avec l’intervalle de confiance 5.9-10.2).
- Ce risque ne différait pas significativement entre ceux qui avaient et ceux qui n’avaient pas développé de tolérance pour les oeufs, le lait et le blé à l’âge de 3 ans.
– Conclusion :
- En conclusion, l’éviction alimentaire dans la petite enfance semble comporter un risque plus élevé non seulement pour la survenue d’autres maladies allergiques ( « Marche atopique »), mais aussi pour la survenue d’allergies à d’autres aliments (« Marche des allergènes alimentaires ») à l’âge scolaire, ce qui indique la nécessité d’une attention soutenue en matière d’allergie alimentaire.
Cette étude sur questionnaire à large échelle (plus de 10000 enfants) indique que, globalement, l’éviction alimentaire réalisée dans la petite enfance comporte un risque particulier non seulement d’autres maladies allergiques mais aussi d’autres allergies alimentaires à l’âge scolaire.
Première remarque : cette étude Japonaise a eu un taux de réponse de plus de 90% ! Ce qui est impressionnant …
Un premier résultat connexe est de noter la probable augmentation des allergies alimentaires au cours des dernières années, avec les restrictions d’usage en rapport avec l’usage d’un questionnaire exclusif. Il ne s’agit pas d’un diagnostic confirmé…
Un deuxième résultat connexe est particulièrement intéressant : les allergies alimentaires de la petite enfance sont prédictives de la survenue de rhinite, d’asthme, de conjonctivite et d’eczéma atopique.
C’est dire toute l’importance de la précocité des bilans alors que nous entendons encore trop souvent dans nos cabinets des mises en garde de médecins contre l’inutilité de faire des bilans dans la petite enfance !!!
Enfin, il est particulièrement intéressant de noter que la préexistence d’une éviction, que l’on peut imaginer justifiée, favorise la réalisation d’autres évictions à l’âge scolaire, ce que les auteurs traduisent par l’existence de nouvelles allergies alimentaires, que les aliments en cause dans la petite enfance soient désormais tolérés ou pas.
Rappelons que l’éviction, pierre angulaire du traitement des allergies alimentaires doit être limitée aux aliments identifiés par un bilan soigneux et non décidée à la simple vue d’un test cutané ou d’un test d’IgE réactivité positif.
Par ailleurs l’éviction stricte, un temps recommandée, semble « perdre du terrain », créant les conditions pour une réaction plus sévère en cas d’erreur.
Enfin, comme le rappelait Gedeon LACK en 2005, on peut aussi, au nom de l’éviction, qui nous paraît logique, commettre des erreurs de logique !
- La réaction allergique implique la sensibilisation allergique, mais les causes de la réaction allergique sont différentes des causes de la sensibilisation allergique.
- La consommation d’arachide provoque des réactions allergiques : oui. La consommation d’arachide provoque-t-elle des sensibilisations ?
- Une forte consommation d’arachide peut causer des réactions plus sévères, mais on ne peut certifier que cette forte consommation augmente le risque de sensibilisation…
De la simple éviction à l’induction de tolérance voir à l’immunothérapie, de quoi sera fait l’avenir ?...
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