Les recombinants dans nos assiettes : enfin une bonne excuse pour être dispensé de céleri-rave !

mercredi 30 décembre 2009 par Dr Céline Palussière1664 visites

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Les recombinants dans nos assiettes : enfin une bonne excuse pour être dispensé de céleri-rave !

Les recombinants dans nos assiettes : enfin une bonne excuse pour être dispensé de céleri-rave !

mercredi 30 décembre 2009, par Dr Céline Palussière

Comment accommoder le céleri à la sauce moléculaire ? Un peu de pollen, des sucres et bien sûr des recombinants. Mélangez le tout, vous obtenez un diagnostic plus précis et de meilleure sensibilité… mais tout est question de dosage.

Evaluation du diagnostic moléculaire dans l’allergie au céleri : Kerstin Bauermeister, MSca, Barbara K. Ballmer-Weber, MDb, Merima Bublin, PhDc, Philipp Fritsche, MDb, Kay-Martin O. Hanschmann, MSca, Karin Hoffmann-Sommergruber, PhDc, Jonas Lidholm, PhDd, Christina Oberhuber, PhDe, Stefanie Randowa, Thomas Holzhauser, PhDa, Stefan Vieths, PhDa

a Paul-Ehrlich-Institut, Langen, Germany

b Department of Dermatology, University Hospital Zurich, Zurich, Switzerland

c Department of Pathophysiology, Medical University of Vienna, Vienna, Austria

d Phadia AB, Uppsala, Sweden

e Biomay AG, Vienna, Austria

dans JACI Volume 124, Issue 6, Pages 1273-1281.e2 (December 2009)

 Introduction :

  • Des études ont démontré le manque de sensibilité des extraits commerciaux dans le diagnostic de l’allergie au céleri.

 Objectifs de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à déterminer les performances d’une recherche d’IgE spécifiques basée sur des allergènes recombinants et naturels purifiés, par comparaison avec l’utilisation d’un extrait total.
  • Ils ont aussi étudié les interférences des IgE vis à vis des résidus glucidiques (CCD) et l’activité biologique de ces épitopes.

 Matériel et méthode :

  • Les sérums de 24 patients allergiques au céleri-rave (TPO en double aveugle positif), de 20 sujets allergiques au pollen de bouleau et de 20 sujets non atopiques ont été étudiés.
  • Une recherche en ImmunoCAP à été réalisée pour les IgE spécifiques vis à vis des allergènes du céleri (rApi g 1.01, rApi g 4, nApi g 5), des allergènes du bouleau (rBet v 1, rBet v 2), des extraits totaux de céleri, bouleau, armoise, fléole, et vis à vis des CCD.
  • L’activité biologique des allergènes à été évaluée par un test d’activation des basophiles.

 Résultats :

  • Dans la recherche d’IgE spécifiques du céleri, le diagnostic moléculaire permet d’augmenter la sensibilité du diagnostic de 20%.
  • Une IgE réactivité vis à vis des résidus glucidiques était mise en évidence chez 38% des sujets allergiques au céleri. Il existait une bonne corrélation entre les résultats d’IgE spécifiques vis à vis des CCD et de nApi g 5, allergène glycosylé.
  • Les IgE présentes chez les sujets-contrôles atopiques étaient principalement dues aux allergènes protéiques, la réactivité vis à vis des CCD restant marginale.
  • La capacité des allergènes à faire libérer les médiateurs des basophiles décroît de Bet v 1> Api g 1> Api g 5, ce qui confirme la faible activité biologique des épitopes glucidiques.

 Conclusion :

  • La sensibilité du diagnostic moléculaire est de 88%, contre 67% pour le diagnostic basé sur des extraits.
  • La réactivité à Api g 5 est liée à ses épitopes glucidiques, mais n’altère pas la spécificité du diagnostic.

L’allergie alimentaire au céleri survient dans la grande majorité des cas chez des sujets sensibilisés aux pollens de bouleau et/ou d’armoise. Elle rentre dans le cadre de la triade « bouleau-armoise-apiacées ».

Cette réactivité croisée repose le plus souvent sur les PR10 (telles que Api g 1 et Bet v 1 recherchées dans cette étude), et le céleri est alors toléré cuit. Elle peut aussi être liée aux profilines (Api g 4 et Bet v 2).

Les auteurs ont cherché à définir l’intérêt de la recherche d’IgE spécifiques d’allergènes recombinants de représentants de ces deux familles moléculaires, par rapport à l’utilisation d’extraits totaux.

Ils ont aussi évalué l’impact des épitopes glucidiques dans le diagnostic in vitro par la recherche d’IgE vis à vis d’un allergène naturel purifié glycosylé (nApi g 5) et vis à vis des CCD.

La sensibilité du diagnostic moléculaire est de 88%, contre 67% avec l’utilisation d’extraits totaux. Des IgE dirigées contre les CCD étaient mises en évidences chez 38% des sujets allergiques au céleri, avec une bonne corrélation avec les IgE vis à vis de nApi g 5.

Il est étonnant que les sujets-contrôles polliniques n’aient pas eu d’IgE-réactivité vis à vis des CCD, ces épitopes glucidiques ayant été identifiés dans les pollens de bouleau, armoise et fléole, étudiés ici en extraits totaux.

Les extraits commerciaux utilisés pour le diagnostic des allergies alimentaires sont réputés avoir des performances médiocres, principalement en raison des traitements subis, qui dénaturent les polypeptides allergéniques.

La détermination des allergènes majeurs des aliments sources, et la mise à disposition de leur forme recombinante permettent de pallier la dénaturation des peptides allergéniques, la variabilité du contenu des extraits et l’interférence des épitopes glucidiques.

Cette démarche implique la détermination des allergènes majeurs des produits sources que l’on recherche…Ce qui existe déjà pour de nombreux produits, alimentaires ou non.

Cet article s’inscrit donc bien dans l’évolution actuelle de l’allergologie, dont le diagnostic s’affine et gagne en performances grâce à la connaissance des allergènes au niveau moléculaire.

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