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Alimentation du bébé : du solide mais pas trop !?
lundi 18 janvier 2010, par
Existe-t-il un intérêt, chez le nourrisson, à introduire les aliments solides le plus tard possible afin de limiter le risque d’expression de la maladie allergique IgE dépendante dans l’avenir ? Nombre d’études ont eu pour sujet cette interrogation sans pour autant dégager une ligne décisionnelle claire. C’est tout l’intérêt de cette étude finlandaise de tenter d’y répondre.
Age d’introduction des aliments solides durant la première année de vie et sensibilisation allergique à l’âge de 5 ans. : Nwaru BI, Erkkola M, Ahonen S, Kaila M, Haapala AM, Kronberg-Kippilä C, Salmelin R, Veijola R, Ilonen J, Simell O, Knip M, Virtanen SM.
Tampere School of Public Health, University of Tampere, Finland
dans Pediatrics. 2010 Jan ;125(1):50-9. Epub 2009 Dec 7
– Objectif :
- L’objectif était d’examiner la relation entre l’âge d’introduction des aliments solides au cours de la première année de vie et la sensibilisation allergique chez des enfants âgés de 5 ans.
– Méthodes :
- Nous avons analysé les données d’une étude prospective finlandaise de cohorte concernant la prévention nutritionnelle et la prévision du diabète de type 1.
- Nous avons étudié 994 enfants ayant un HLA conférant une sensibilité au diabète de type 1 pour lesquels les informations sur l’allaitement maternel, l’âge d’introduction des aliments solides et les taux des IgE spécifiques à 5 ans étaient disponibles.
- L’association entre l’âge d’introduction des aliments solides et la sensibilisation allergique a été analysée en utilisant la régression logistique.
– Résultats :
- La durée médiane de l’allaitement maternel exclusif était de 1,8 mois (extrêmes : 0-10 mois).
- Après ajustement en fonction des facteurs potentiels confondants, l’introduction tardive des pommes de terre (>4 mois), de l’avoine (>5 mois), du seigle (>7 mois), du blé (>6 mois), de la viande (>5,5 mois), du poisson (>8,2 mois) et des œufs (>10,5 mois) était significativement et directement associée à la sensibilisation aux allergènes alimentaires.
- ’L’Introduction tardive des pommes de terre, du seigle, de la viande et du poisson était significativement associée à la sensibilisation aux aéroallergènes.
- Dans les modèles qui comprenaient tous les aliments solides qui sont significativement liés aux critères d’évaluation, les œufs, l’avoine et le blé sont restés les aliments les plus importants liés à la sensibilisation aux trophallergènes, tandis que les pommes de terre et le poisson sont les aliments les plus importants associés à la sensibilisation aux aéroallergènes.
- Nous n’avons trouvé aucune preuve de lien de causalité inverse, en tenant compte de la rhinite et de l’asthme allergiques chez les parents.
– Conclusion :
- L’introduction tardive des aliments solides est associée à un risque accru de sensibilisation aux trophallergènes et aux aéroallergènes.
Etude finlandaise intéressante cherchant à mettre en évidence un lien entre l’âge de la diversification alimentaire et l’existence d’une sensibilisation aux aéroallergènes et aux trophallergènes classiques à l’âge de 5 ans.
De façon consensuelle, dans une population d’enfants non à risque atopique il n’y a pas d’intérêt nutritionnel à diversifier avant l’âge de 4 à 6 mois révolus, en commençant par les fruits et les légumes, puis les céréales, puis viandes et poissons, et, pas avant un an, les fruits à coques.
Sur le plan de la prévention primaire du développement d’une maladie allergique IgE dépendante, cette diversification alimentaire relativement tardive présente-t-elle un intérêt ?
Ici les auteurs ont recrutés les patients dans une population d’enfants possédant un HLA de susceptibilité au diabète de type 1, maladie de profil Th1.
Il faut se souvenir que nombre d’études ont établies une relation inverse entre les désordres de type Th1 et ceux de type Th2 en fonction des profils cytokiniques spécifiques.
Des études ont montré ainsi qu’avoir un profil Th2 (maladies inflammatoires à IgE) protégerait des maladies inflammatoires autoimmunes de profil Th1, d’autres une relation inverse et d’autres encore aucune relation.
De fait, recruter des enfants de profil Th1 plutôt que des enfants issus de la population générale tendait à s’affranchir d’un trop grand marquage Th2.
Dans la présente étude, plus les aliments ont été introduits tardivement plus le risque d’allergie alimentaire est important.
Il en est de même pour certains aliments comme pommes de terre et poissons pour le risque d’allergie aux aéroallergènes.
La question que l’on peut se poser est de savoir si justement le fait de travailler sur une population à tendance Th1 ne représente pas un biais, cette population pourrait avoir un comportement spécifique à une diversification alimentaire tardive.
En 2006, Fiocchi et coll, dans une revue de 52 études concernant ce sujet, suggéraient que l’introduction précoce des aliments solides augmentait le risque d’allergie alimentaire.
En 2008, Zutavem et coll, dans une étude prospective de cohorte de naissance (2073 enfants), montraient que retarder l’introduction des aliments solides ne semblait pas prévenir l’apparition de l’asthme ou de la rhinite allergiques et de la sensibilisation aux aéroallergènes ou aux trophallergènes.
La relative disparité de ces résultats, y compris ceux de la présente étude, ne permet donc pas de trancher.
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