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La nage rapide favorise l’allergie… au poisson !
jeudi 21 janvier 2010, par
Une étude a été menée à Vienne (mais sur des sérums de patients espagnols) pour tenter de comprendre la réactivité croisée entre différentes espèces de poissons. On s’est pour cela intéressés aux parvalbumines, les allergènes majeurs des poissons …
Les taux d’expression des parvalbumines déterminent l’allergénicité des espèces de poisson : U. Griesmeier 1*, S. Vázquez-Cortés 2*, M. Bublin 1 , C. Radauer 1 , Y. Ma 1 , P. Briza 3 , M. Fernández-Rivas 2 & H. Breiteneder 1
1 Department of Pathophysiology, Center for Physiology, Pathophysiology and Immunology, Medical University of Vienna, Vienna, Austria ; 2 Allergy Department, Hospital Clínico San Carlos, Madrid, Spain ; 3 Department of Molecular Biology, University of Salzburg, Salzburg, Austria
dans Allergy
Volume 65 Issue 2, Pages 191 - 198
– Contexte :
- Les parvalbumines sont les allergènes de poisson les plus importants.
- On rapporte fréquemment une polysensibilisation à diverses espèces de poisson liée à la réactivité croisée de leurs parvalbumines.
- On manque toujours d’études sur la réactivité croisée et son association à l’allergénicité des parvalbumines naturelles purifiées des différentes espèces de poissons.
- De plus, certaines études suggèrent que les poissons au muscle brun comme le thon sont moins allergéniques.
– Méthodes :
- Des extraits protéiques totaux et des parvalbumines purifiées de cabillaud, de cardine franche et d’espadon, poissons fréquemment mangés en Espagne, ont été testés pour leur propriétés de liaison aux IgE sur 16 sérums de patients allergiques à Madrid.
- L’étendue de la réactivité croisée des ces parvalbumines a été explorée par des tests d’inhibition IgE ELISA.
- On a déterminé, par ailleurs, les séquences d’ADNc de parvalbumines de cardine franche et d’espadon.
– Résultats :
- Les quantités de parvalbumines extraites étaient 20 fois plus élevées dans le cabillaud que dans l’espadon et 30 fois plus élevées dans la cardine franche que dans l’espadon.
- Les parvalbumines ont été reconnues par 94% des patients dans les extraits de cabillaud et de cardine franche mais seulement par 60% d’entre eux dans les extraits d’espadon.
- Néanmoins, une réactivité croisée importante a été déterminée par inhibition IgE pour toutes les parvalbumines purifiées.
- Les identités de séquences d’acides aminés des 3 parvalbumines étaient de 62 à 74%.
– Conclusions :
- Les parvalbumines de cabillaud, cardine franche et espadon ont une réactivité croisée élevée.
- La réactivité croisée observée résulte de la forte identité de séquence d’acides aminés entre les parvalbumines de cabillaud, de cardine franche et d’espadon.
- La faible allergénicité de l’espadon est due à la faible expression de ses parvalbumines.
Cabillaud (morue), cardine franche (proche du turbot) et espadon sont des poissons couramment consommés en Espagne.
Les poissons sont comme les coureurs : certains sont fait pour les mouvements rapides (cabilllaud, cardine franche) et d’autres pour la nage de fond (thon, espadon) ! Les seconds ont davantage de muscles bruns que les premiers...
Une étude a été menée en Autriche sur les sérums de 16 patients espagnols allergiques au poisson. Le but était d’analyser la réactivité croisée des parvalbumines purifiées de ces poissons et de vérifier si les poissons à muscle brun sont moins allergéniques que les poissons blancs.
Les parvalbumines de cardine franche (Lep w 1) et d’espadon (Xip g 1) ont été décrites dans ce travail.
La réactivité croisée des parvalbumines des 3 poissons s’est avérée élevée probablement en raison d’une forte identité de séquence d’acides aminés.
Par contre, l’espadon exprimait plus faiblement sa parvalbumine et avait de ce fait une allergénicité plus faible.
On aimerait bien sûr avoir plus de détails cliniques sur les patients concernés…
Il faut pour cela lire l’article en entier. On apprend ainsi que 10 patients étaient des enfants (de 1 à 3 ans) et 6 autres des adultes (de 21 à 36 ans).
Ils avaient tous présenté des réactions allergiques de type 1 modérées à sévères à plus d’une espèce de poissons.
Sept patients ne savaient pas quel type de poisson ils avaient mangé.
On n’a que peu de détails sur la correspondance entre la sensibilisation relevée et la tolérance ou non à tel ou tel poisson…
Une étude clinique avec tests de provocation orale complèterait utilement ce travail…
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