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Le latex serait-il un produit allergénique végétal comme les autres ?
lundi 8 février 2010, par
La puce ISAC est en cours d’évaluation dans de nombreux domaines. Elle a montré un intérêt certain dans l’exploration de patients polyréactifs, même si les avis sont parfois partagés. Dans cette étude les auteurs ont étudié des profils de réactivité vis-à-vis du latex. Les conclusions en sont assez logiques, ce qui est rassurant !
Diagnostic moléculaire de l’allergie au latex par biopuce. : D. G. Ebo 1 , M. M. Hagendorens 2 , K. J. De Knop 1 , M. M. Verweij 1 , C. H. Bridts 1 , L. S. De Clerck 1 and W. J. Stevens 1
Departments of 1Immunology – Allergology – Rheumatology, and 2Paediatrics, Faculty of Medicine, University of Antwerp, Antwerp, Belgium
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 2, Pages 348 - 358
– Contexte :
- Des résultats positifs d’IgE spécifiques pour le latex ne reflètent pas toujours la situation clinique, et sont parfois trouvés chez des patients sans allergie déclarée au latex.
– Objectifs :
- Nous avons étudié le potentiel du diagnostic moléculaire dans l’allergie au latex par biopuce (microarray) et évalué si la technique permet de différencier une authentique allergie d’une sensibilisation asymptomatique.
– Méthodes :
- Etaient inclus : trente-six sujets sains contrôles sans histoire clinique d’allergie au latex, avec IgE spécifiques au latex et prick-tests négatifs,
- vingt-deux patients allergiques au latex, avec histoire clinique irréfutable, IgE spécifiques et prick-tests positifs,
- et 20 individus sensibilisés au latex, avec une exposition fréquente à des objets en caoutchouc naturel, des tests cutanés négatifs pour le latex mais des IgE spécifiques positifs.
- Le diagnostic moléculaire était réalisé avec la biopuce ImmunoCAP ISAC et les IgE unitaires ImmunoCAP traditionnels.
– Résultats :
- Chez tous les patients allergiques, le diagnostic d’allergie au latex a pu être établi par la combinaison des résultats des allergènes recombinants du latex présents sur la biopuce (Hev b 1, Hev b 3, Hev b 5 et Hev b6.02).
- Plus des trois quarts des patients étaient sensibilisés à Hev b 5 et/ou Hev b 6.02.
- Certains patients ont aussi montré une réactivité pour Hev b 1 et/ou Hev b 3.
- En revanche aucun individu sensibilisé au caoutchouc naturel ou cas contrôle n’a montré d’IgE réactivité pour rHev b 1, rHev b 3, rHev b 5 ou rHev b 6.02.
- Trois quarts des patients sensibilisés au latex ont eu des résultats positifs en microarray pour la profiline recombinante du latex (rHev b 8).
- Contrairement aux résultats de broméline obtenus en ImmunoCAP traditionnel, pratiquement aucune sensibilisation pour les résidus glucidiques n’était mise en évidence par la broméline fixée sur la biopuce.
- Le diagnostic moléculaire a montré des résultats tout à fait comparables aux dosages unitaires en ImmunoCAP.
– Conclusion :
- Le diagnostic moléculaire par microarray est un outil valable pour le diagnostic de l’allergie au latex.
- De plus, la technique permet la discrimination entre une authentique allergie et une sensibilisation.
- Le diagnostic moléculaire par microarray peut améliorer le diagnostic d’allergie IgE-médiée au latex en discriminant véritable allergie et sensibilisation.
Les auteurs se proposent de comparer le profil de réactivité de trois groupes de patients allergiques ou non au latex.
Ils utilisent pour cela la biopuce ISAC, sur laquelle sont fixés 103 allergènes recombinants ou naturels purifiés, dont 8 allergènes de latex.
Le premier groupe, composé de patients authentiquement allergiques (histoire clinique, tests cutanés, IgE spécifiques latex positifs), montre une réactivité pour les allergènes recombinants rHev b 5, rHev b 6.02 , et dans une moindre mesure rHev b 1 et rHev b 3. Les résultats sont comparables en ImmunoCAP et sur la puce ISAC.
Le deuxième groupe, contrôle, est composé de patients non atopiques, non allergiques, bien qu’exposés comme tout le monde au caoutchouc dans la vie quotidienne. La recherche d’IgE spécifiques vis-à-vis du latex et de ses recombinants ne met pas en évidence de faux positifs.
Le troisième groupe est formé de sujets asymptomatiques mais ayant des IgE spécifiques vis-à-vis du latex. Leur profil de réactivité est dominé par la profiline (Hev b 8) et dans une moindre mesure les CCD (broméline).
Il est ainsi assez tentant d’établir un raccourci : panallergène = asymptomatique, allergènes spécifiques = symptomatique.
Le profil allergénique du latex n’est que partiellement connu. Treize allergènes possèdent une dénomination IUIS. D’autres protéines IgE réactives ont été mises en évidence sans avoir encore de dénomination spécifique.
Cette étude ne s’intéresse pas du tout au mode d’exposition des patients allergiques. La distinction classique « patients multi-opérés / personnels de santé » n’est pas faite. L’objectif était ici de savoir comment interpréter des résultats d’IgE spécifiques positives vis à vis du latex, alors que les sujets sont asymptomatiques.
Le mode d’exposition revient cependant par la fenêtre, avec le focus fait sur la profiline chez ces sujets asymptomatiques. La sensibilisation à la profiline se fait en effet plutôt par la voie respiratoire, par le biais de sensibilisation aux pollens. Tous les patients de ce groupe possédaient des IgE vis à vis des graminées, du bouleau ou de l’armoise.
De plus le test ISAC montre une bonne concordance entre les résultats de toutes les profilines recherchées sur la puce.
La relevance clinique de l’IgE réactivité à la profiline est réputée modérée. En ce qui concerne le latex, cette étude tend à montrer qu’elle est nulle. L’idéal serait toutefois de confirmer ces résultats en faisant la démarche inverse : étudier l’existence ou non de symptômes chez des sujets mono réactifs pour Hev b 8.
Les CCD sont aussi susceptibles de positiver les CAP sans relevance clinique. La sensibilisation aux CCD se fait aussi par le biais de l’allergie aux pollens, mais aussi aux venins d’hyménoptères.
Il est intéressant de noter que dans cette étude les profils ne se chevauchent pas du tout, et que les patients réactifs pour rHev b 1, r Hev b 3, rHev b 5, rHev 6 ou rHev b 11 ne réagissent pas à rHev b 8.
Les auteurs concluent en soulignant que le dosage de rHev b 5, rHev b 6 et rHev b 1 ne peut suffire pour déterminer les authentiques allergiques au latex, du fait de l’importance, pour certains patients, d’allergènes mineurs.
Quelles conclusions pratiques tirer de tout cela ? Que l’on peut rechercher des IgE vis à vis de rHev b 8 et de la broméline lorsque l’on tombe sur des IgE positives pour le latex chez un sujet asymptomatique.
Mais, si ce patient n’a jamais présenté de réaction clinique… pourquoi ne pas tout simplement lui faire un prick aux graminées ?
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