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Cellule T à arachide : message bien reçu !
lundi 29 mars 2010, par
Les IgE, les IgE, les IgE, il n’y a pas que ça dans l’allergie ! il y a aussi les cellules T dont nous sommes loin d’avoir compris toutes les implications. L’étude du jour s’est intéressée au comportement de cellules T dans l’allergie à l’arachide. D’abord mieux comprendre pour pouvoir ensuite mieux traiter ?
Réponses des cellules T à des allergènes majeurs de l’arachide chez les enfants avec et sans allergie à l’arachide. : A. E. Flinterman 1 , S. G. M. A. Pasmans 1 , C. F. den Hartog Jager 1 , M. O. Hoekstra 2 , C. A. F. M. Bruijnzeel-Koomen 1 , E. F. Knol 1 and E. van Hoffen 1
Departments of 1Dermatology/Allergology and 2 Pediatrics, UMC Utrecht, Utrecht, The Netherlands
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 4, Pages 590 - 597
– Contexte :
- Les réponses des lymphocytes T impliqués dans l’allergie à l’arachide sont peu connues.
– Objectif :
- Etudier les réponses des lymphocytes T à des allergènes majeurs d’arachide chez des sujets allergiques à l’arachide (PA) par rapport à des enfants sensibilisés (PS) non allergiques à l’arachide et des sujets contrôles non atopiques (NA).
– Méthodes :
- Dix-huit enfants PA, sept enfants non-allergiques PS et 11 adultes NA ont été inclus.
- Les cellules mononuclées du sang périphérique ont été stimulées avec un extrait d’arachide (CPE).
- Des lignées de cellules T ont été d’abord générées puis stimulées par la suite par CPE et par Ara h 1, Ara h 2, Ara h 3 et Ara h 6 purifiés.
- La prolifération et la production d’IL-13, IFN-γ, IL-10 et TNF-α ont été analysés.
– Résultats :
- La prolifération par CPE et par des allergènes majeurs a été renforcée chez les sujets PA.
- La réponse primaire à l’extrait (CPE) a été comparable chez des sujets PS, avec augmentation de la production d’IL-13 et l’IFN-γ, comparativement aux sujets contrôles NA.
- La production d’IL-10 n’a pas été observée.
- Dans les lignées de cellules T, la réponse au CPE a été plus forte chez les PA que chez les PS et les NA.
- Seuls les enfants PA ont eu une réponse détectable aux allergènes majeurs d’arachide caractérisée par production d’IL-13.
- La réponse la plus élevée a été observée après stimulation par Ara h 3 et les plus bas, après stimulation par Ara h 2.
- Aucune corrélation significative n’a été observée entre les niveaux d’IgE spécifiques pour l’arachide et les réponses des cellules T au CPE.
– Conclusion :
- Les réponses des cellules T au CPE chez les enfants PA et PS se caractérisent par des cytokines Th1 et Th2.
- Seuls les enfants PA ont montré des réponses Th2 renforcées à Ara h 1, Ara h 3, et Ara h 6.
Après stimulation par des extraits d’arachide, on note des réponses en cytokines à la fois de la voie TH1 et TH2, et ceci est observé aussi bien chez des enfants non allergiques que chez des sensibilisés et des allergiques à l’arachide.
Après stimulation par des allergènes purifiés (Ara h 1, Ara h 2, Ara h 3, Ara h 6) seuls les enfants allergiques ont fait preuve d’une réponse augmentée en IL-13, une cytokine de la voie TH2.
Dans une réponse immunitaire, c’est tout un ensemble de moyens de défense qui est mis en jeu, mais la réponse la mieux adaptée en fonction du type d’antigène à éliminer est prédominante.
Il y a plusieurs populations de lymphocytes T : les cellules T cytotoxiques ( encore appelés T 8 , T CD 8+) et les T helpers ( ou T auxiliaires ou TCD4+).
Parmi ces derniers on distingue les Th1 (IL-2, IFN gamma), les Th2 (IL-10, IL-4), et les Th régulateurs (Treg ou Th 3).
Dans l’allergie, la balance TH1-TH2, évoquée dès 1990, favorise la voie TH2 dont la « fonction » principale est d’aider à la production d’anticorps.
Les TH2 libèrent diverses cytokines : IL-4 (qui inhibe la voie TH1), IL-5, IL-6, IL-10, IL-13.
Dans l’allergie, on peut se demander si une chute des Treg avec perte de la tolérance ne serait pas l’élément physiopathologique essentiel, entraînant secondairement une orientation TH2.
La pathogénie des allergies alimentaires a longtemps été, dans le passé, centrée sur l’atopie, les IgE et les populations lymphocytaires auxiliaires responsables de la bascule TH1-TH2 ; il y a désormais de nombreuses données permettant de penser que les cellules T régulatrices ont une place centrale dans l’induction d’une immunisation ou d’une tolérance, notamment aux aliments.
Cette étude, par sa nature même, s’inscrit dans cette perspective et permettra peut-être à l’avenir de développer des moyens d’actions efficaces en allergologie générale, mais aussi et surtout dans les allergies alimentaires sévères où nous sommes singulièrement démunis sur le plan thérapeutique.
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