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Ce soir : sorbet de crevette ! c’est l’allergologue qui régale !
jeudi 8 juillet 2010, par
L’allergologie, discipline dont les pratiques se structurent et s’appuient sur des données scientifiques, laisse encore la place à des expérimentations novatrices. Les grincheux regretteront cet aspect expérimental, les autres y verront matière à réflexion. En attendant… regardons déjà le contenu de notre frigo…
Détermination des conditions de conservation des extraits de crevettes : analyse des profils d’IgE réactivité. : Piboonpocanun S, Boonchoo S, Pariyaprasert W, Visitsunthorn N, Jirapongsananuruk O.
Institute of Molecular Biosciences, Mahidol University, Nakhon Pathom, Thailand.
dans Asian Pac J Allergy Immunol. 2010 Mar ;28(1):47-52.
– Introduction :
- La consommation de crevettes est une cause fréquente de réaction d’hypersensibilité alimentaire.
- L’allergie à la crevette peut être diagnostiquée par tests cutanés (SPT), ainsi que par test de provocation par voie orale.
- En raison de l’absence d’une large variété d’extraits commerciaux de crevettes pour tests cutanés, nous avons préparé des extraits de crevettes à partir de différentes espèces de crevettes locales.
- Les conditions de stockage optimales des extraits de crevettes, qui conditionnent également leur puissance allergénique, n’ont toutefois pas encore été déterminées.
– Objectifs :
- L’objectif cette étude était de déterminer la puissance allergénique des extraits de crevette sous différentes conditions et durées de stockage.
– Matériel et méthodes :
- Des profils d’IgE-réactivité spécifiques de huit patients allergiques aux crevettes ont été étudiés, en utilisant des sérums incubés avec des extraits lyophilisés, préparés à partir de crevettes crues ou cuites, ayant été stockés à +4°C ou à -20 ° C, pour une durée maximale de 4 semaines.
– Résultats :
- Lorsque les extraits étaient conservés à -20 ° C, la plupart des allergènes ont été conservés après 4 semaines.
- En cas de stockage à +4°C, il existait une raréfaction des allergènes après 2 semaines de conservation.
- Les extraits de crevettes bouillies, conservés à +4°C et -20 ° C, possédaient une teneur plus élevée en complexes IgE réactifs que les extraits de crevettes crues.
- En outre, tant au niveau des extraits de crevettes crues que bouilles, les allergènes majeurs étaient des protéines de 36-40 kDa , observées dans tous les profils d’IgE réactivité.
– Conclusion :
- En conclusion, nous recommandons une conservation des extraits de crevettes à -20 °C, jusqu’à 4 semaines, pour prévenir la perte d’allergènes.
Les auteurs thaïlandais de cette étude se sont donc intéressés à la conservation des extraits allergéniques de crevettes utilisés en diagnostic.
Afin de tester les allergènes de différentes variétés de crevettes, ils ont fabriqué leur propre extrait, à partir de produits du marché local : crevettes crues ou bouillies, et lyophilisation des extraits obtenus.
Puis l’étape de conservation, à –20°C ou +4°C, jusqu’à 4 semaines. Ils ont ensuite testé l’IgE réactivité des différents extraits obtenus chez 8 patients allergiques à la crevette, dont les données cliniques ne sont pas détaillées.
L’allergénicité des extraits lyophilisés conservés à –20°C était meilleure que celle des extraits conservés à +4°C. Ceci dit, étant donné que faire des tests cutanés avec des glaçons n’est pas des plus aisé, il faudrait maintenant étudier l’effet de la décongélation…
Le contenu en allergènes des extraits est variable selon les matières premières utilisées, selon les processus d’extraction, et donc selon les conditions de stockage… Cette variabilité a été mise en évidence dans de nombreuses études, notamment dans le domaine de l’allergologie alimentaire où les extraits ne sont pas standardisés.
Pour les crevettes, cette notion est particulièrement vraie de par la grande diversité des espèces consommées. Les extraits commerciaux disponibles actuellement mélangent des crevettes orientales et occidentales.
Cette variabilité conduit les allergologues à tester les aliments avec les produits natifs. Reste alors à trouver « la » bonne crevette, car les patients ne réagissent parfois qu’à une espèce précise !
Cette étude, comme d’autres l’avaient fait auparavant, montre que l’allergénicité de la crevette est supérieure lorsqu’elle a été bouillie. Il faudrait donc utiliser des crevettes bouillies plutôt que crues pour les tests…
Dans l’extrait maison japonais, l’allergène reconnu par les 8 sérums de patients allergiques à la crevette avait une masse de 36 à 40 kDa… comme la tropomyosine, ça tombe bien ! La tropomyosine est donc la molécule la plus souvent en cause dans les allergies, que ce soit dans les crevettes occidentales ou orientales.
Cette étude, même si elle est un peu « bricolage », a donc le mérite de souligner que toutes les étapes du diagnostic doivent être pensées et étudiées : même la température du frigo peut avoir un retentissement sur la validité de nos tests !
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