Allez pars, Val, tu me mines !

mardi 7 décembre 2010 par Dr Hervé Couteaux568 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Allez pars, Val, tu me mines !

Allez pars, Val, tu me mines !

Allez pars, Val, tu me mines !

mardi 7 décembre 2010, par Dr Hervé Couteaux

Variations importantes du contenu en parvalbumine d’espèces de poissons communs : un facteur qui peut contribuer à une allergénicité variable. : A. Kuehna, T. Scheuermanna, C. Hilgera, F. Hentgesa, b

aLaboratory of Immunogenetics and Allergology, CRP-Santé, and
bUnit of Immunology and Allergology, Centre Hospitalier de Luxembourg, Luxembourg

dans Int Arch Allergy Immunol 2010 ;153:359-366 (DOI : 10.1159/000316346)

 Contexte :

  • Bien que 95% des patients allergiques au poisson soient sensibilisés à la parvalbumine, allergène majeur du poisson, les réactions cliniques à différentes espèces de poissons varient considérablement dans les symptômes, l’intensité et la fréquence chez les sujets allergiques.
  • Cette étude visait à la quantification des niveaux de parvalbumine dans le saumon, la truite, la morue, la carpe, le maquereau, le hareng, le sébaste et le thon.

 Méthodes :

  • Des extraits de muscle de poissons ont été séparés par SDS-PAGE et le contenu en parvalbumine a été estimé par quantification de bande densitométrique.
  • Des antisera individuels ont été produits par des souris BALB/c contre des parvalbumines purifiées obtenues à partir de sept espèces de poissons.
  • Le contenu en parvalbumine a été quantifié dans le poisson (natif ou transformé) et dans des solutions pour tests cutanés (SPT) par ELISA en utilisant l’anti-sérum correspondant pour la détection et la parvalbumine purifiée en tant que standard.

 Résultats :

  • En SDS-PAGE numérisée, les contenus en parvalbumine ont été inférieurs à 0,5 mg par gramme de tissu pour le maquereau, de 0,5 à 2 mg pour le saumon et la truite, et supérieurs à 2 mg pour la morue, la carpe, le sébaste et le hareng.
  • En ELISA, le contenu en parvalbumine variait de moins de 0,05 mg pour le thon, 0.3 à 0.7 mg pour le maquereau, de 1 à 2,5 mg pour le saumon, la truite et le cabillaud à plus de 2,5 mg par gramme de muscle cru pour la carpe, le hareng et le sébaste.
  • Le contenu en parvalbumine d’échantillons traités (cuits/commercial) a été de 20 à 60% plus bas.
  • La teneur en allergènes dans des échantillons de SPT variait de 20 à 70 parvalbumine pg / ml d’extrait.
  • Il n’a pas été trouvé de parvalbumine dans la solution SPT de thon.

 Conclusion :

  • Le contenu en parvalbumine d’espèces de poissons les plus couramment consommés varie considérablement.
  • Les différences varient d’un facteur de quelques unités à plus de 100.
  • Ceci doit être pris en compte lors de la conception de tests de provocation alimentaire ainsi que pour les recommandations faites aux patients allergiques au poisson.

Les poissons consommés couramment ont un contenu en parvalbumine très variable, ce dont on doit tenir compte lors des tests de provocations et lors des conseils aux sujets allergiques.

Les parvalbumines sont plus présentes au niveau des muscles de la chair blanche des poissons qu’au niveau des muscles de la chair rouge.

La fabrication du surimi, au moins celui à base de morue, semble entraîner la disparition des parvalbumines. Seule semble persister en blot une bande d’environ 63 kDa, pas encore identifiée.

Les béta-parvalbumines sont considérés comme les allergènes les plus importants des poissons mais la place des alpha-parvalbumines (grenouilles, poulet, dinde,…) mérite d’être précisée.

Allergique à un poisson : allergique à tous les poissons ? la moitié seulement des patients allergiques à un poisson seraient allergiques à un ou d’autre(s) poisson(s).
Il faut noter une polyréactivité cutanée fréquente mais seulement une petite proportion de ces patients réagit effectivement en test de provocation, ce qui complique souvent les conseils d’éviction...

A côté de ces réactivités plus ou moins multiples, il existe un certain nombre de mono ou pauci réactivités à certains poissons (sole, thon, perche,…)

Il faut enfin rappeler qu’en dehors des études consacrées aux parvalbumines, bien peu de travaux se sont intéressés aux autres allergènes des poissons. Des immunoblot de patients allergiques ont en effet montré des IgE-réactivités multiples dont certaines correspondent probablement à des allergènes authentiques.

Moins fréquente que l’allergie aux crustacés (du moins en France) l’allergie aux poissons peut entraîner des symptômes sévères, le plus souvent par ingestion, mais parfois consécutifs à la simple inhalation des vapeurs de cuisson.

Il reste que les poissons sont un groupe très hétérogène, (au point que ce n’est plus un groupe taxonomique défini) avec des modes de préparation, de cuisson et de consommation très divers ; cette diversité se retrouve au niveau des allergies, elles aussi d’une extrême variété, ce dont notre connaissance de ces problèmes va probablement tenir compte de plus en plus…

Pour nos lecteurs curieux, signalons l’article d’AllerData dédié aux parvalbumines.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois