Les liaisons dangereuses…

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Les liaisons dangereuses…

Les liaisons dangereuses…

lundi 13 décembre 2010, par Dr Hervé Couteaux

Comparaison des capacités de liaison aux IgE, des réactivités croisées et de l’activité biologique des LTP de pêche, de cerise et de noisettes. : Christina Hartza, Iris Lauera, Maria del Mar San Miguel Moncinb, Anna Cistero-Bahimac, Kay Foetischa, Jonas Lidholmd, Stefan Viethsa, Stephan Scheurera

aDivision of Allergology, Paul-Ehrlich-Institute, Langen, Germany ;
bAllergy Department, Pius Hospital de Valls, Xarxa Santa Tecla, Tarragona, and
cInstitut Universitari Dexeus, Barcelona, Spain ;
dPhadia, Uppsala, Sweden

dans Int Arch Allergy Immunol 2010 ;153:335-346 (DOI : 10.1159/000316344)

 Contexte :

  • Il n’est toujours pas établi avec certitude que les profils cliniques observés pour les allergies alimentaires médiés par les protéines de transfert lipidique non spécifiques (nsLTP) soient attribuables à une sensibilisation primaire à Pru p 3 de la pêche et à des réactivités croisées ultérieures à des aliments des Rosacées (et des aliments non-Rosacées) exprimant des allergènes homologues.

 Objectifs :

  • Etudier les propriétés allergéniques des nsLTP des aliments issus de plantes de la famille des Rosacées ou pas.

 Méthodes :

  • Chez les patients allergiques à la pêche, à la cerise ou à la noisette, la prévalence de la sensibilisation, la capacité de liaison aux IgE, la réactivité croisée et la puissance allergénique de Pru p 3 a été comparée à Pru av 3 (cerise) et Cor a 8 (noisette).

 Résultats :

  • Chez des patients allergiques à la pêche, à la noisette et à la cerise, les fréquences de sensibilisations aux nsLTPs correspondantes étaient respectivement de 88, 85, et 77%.
  • Des réactions allergiques concomitantes à la cerise et à la noisette ont été signalées pour 51 et 44% des patients allergiques à la pêche.
  • Contrairement à l’allergie à la cerise, l’allergie à la noisette n’était pas strictement liée à l’allergie à la pêche.
  • La sensibilisation à Cor a 8 ou Pru av 3 était fortement corrélée avec l’IgE-réactivité à Pru p 3, même lorsque les sujets toléraient la pêche.
  • Les IgE spécifiques étaient les plus élevées pour les LTP des Rosacées, et les tests d’inhibition ont confirmé une plus forte capacité de liaison aux IgE pour Pru p 3 que pour Cor a 8.
  • L’activité biologique de Pru p 3 et Pru av 3 était similaire, plus forte pour ces deux nsLTPs que celle de Cor a 8.

 Conclusion :

  • L’allergie croisée des patients souffrant d’allergie alimentaire en zone méditerranéenne est communément attribuée à une sensibilisation primaire à Pru p 3 et à des réactivités croisées sérologiques avec d’autres nsLTPs alimentaires homologues.
  • Par rapport à Cor a 8, les nsLTP des Rosacées ont montré une capacité supérieure de liaison aux IgE et un potentiel allergénique suggérant un profil différent d’épitopes.

Les auteurs (allemands, espagnols, suédois) concluent que, par rapport à Cor a 8, la LTP de la noisette, les LTP des aliments issus de plantes de la famille des Rosacées (notamment pêche et cerise) ont une capacité de liaison supérieure aux IgE et vraisemblablement un profil d’épitopes différents.

Bien peu (voir aucun) renseignements précis sur les méthodes utilisées pour arriver aux conclusions des auteurs qui peuvent se résumer en disant que la LTP de la noisette semble un peu différentes des LTP des Rosacées.

En pratique, nous considérons que le test rPru p 3 est représentatif des LTP.

Cette représentativité s’exerce au mieux vis-à-vis des LTP alimentaires des Rosacées mais nous savons déjà que, selon le contexte, il peut être utile de tester rCor a 8 en cas d’allergie à un ou plusieurs aliments végétaux, même en cas de résultat négatif pour rPru p 3, car Cor a 8 peut se comporter différemment des autres LTP alimentaires.

Leurs réactivités croisées au sein de la famille des Rosacées semblent donc très larges, ce qui n’est pas le cas avec la LTP de noisette et probablement non plus pas le cas avec les LTP alimentaires d’autres familles taxonomiques (Fabacées, Moracées, Vitacées,…) et encore moins avec les 11 LTP des pollens actuellement connues (Nous ne disposons pas de données pour les LTP présentes au niveau des feuilles ou d’autres organes, qui n’ont été que très peu étudiées…).

Ces remarques peuvent avoir des incidences pratiques ou en auront vraisemblablement dans un futur proche ; un exemple : la place du test rAra h 9 (Arachis hypogaea étant une Fabacée) dont l’intérêt mériterait d’être précisée…

Les LTP sont des protéines de défense végétales, largement répandues chez les végétaux supérieurs, essentiellement au niveau de leurs organes aériens (pollens, feuilles, peau plus que pulpe de certains fruits) ce qui en fait des panallergènes.

L’importance des LTP en allergologie réside essentiellement dans le caractère sévère des réactions qu’elles peuvent entraîner ainsi que dans la fréquence des sensibilisations qui admet un gradient Nord-Sud, toujours pas clairement expliqué.

Bien qu’une pollinose soit fréquemment observée dans les syndromes LTP, cette dernière ne paraît pas jouer un rôle au niveau de la sensibilisation aux LTP alimentaires, ce qui est un « comportement » différent des Bet v 1-like ou des profilines.

Pour nos lecteurs curieux, signalons l’article d’AllerData dédié aux LTP.

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