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La polysomnographie, une indication allergologique ?!
mercredi 12 janvier 2011, par
Evaluation de la dépréciation du sommeil chez des patients souffrant de rhinite allergique persistante à l’aide de la polysomnographie. : J. Menga, J. Xuana, X. Qiaoa, X. Lia, S. Liua, K.F. Lukatb, N. Zhangb, C. Bachertb
aDepartment of Otorhinolaryngology, West China Hospital, Sichuan University, Sichuan, China ;
bUpper Airway Research Laboratory, Department of Otorhinolaryngology, University of Ghent, Ghent, Belgium
dans Int Arch Allergy Immunol 2011 ;155:57-62 (DOI : 10.1159/000317244)
– Contexte :
- Bien que des questionnaires aient montré une association entre dépréciation de la qualité du sommeil et symptômes de la rhinite allergique (RA), à ce jour, il n’existe pas de publication concernant l’évaluation objective du sommeil chez des patients atteints de rhinite allergique persistante (RAP) telle que définie par les directives d’ARIA.
– Objectif :
- Le but de la présente étude était donc d’évaluer les troubles du sommeil chez des patients souffrant d’une rhinite allergique persistante par la polysomnographie (PSG).
– Méthodes :
- Quatre-vingt-huit patients atteints de RAP avec une obstruction nasale modérée à sévère et 30 volontaires sains ont été inclus dans l’étude.
- Tous les patients ont subi une PSG pendant le sommeil nocturne afin d’évaluer la présence et la gravité des troubles du sommeil.
- Le débit de pointe inspiratoire nasal (DPIN) a également été mesuré afin d’évaluer la résistance nasale.
– Résultats :
- Il y avait de façon statistiquement significative, quoique modeste sur le plan clinique, des différences entre les patients atteints de RAP et les contrôles sains pour la plupart des paramètres de la PSG, y compris l’efficacité du sommeil, l’indice d’éveil, la SaO2 moyenne, le plus bas de SaO2, le temps passé avec une saturation inférieure à 90% et le temps le ronflement.
- Bien que l’indice d’apnée-hypopnée (IAH) ne soit pas significativement différent entre les 2 groupes, 17 sujets (17,3%) du groupe RAP, mais aucun des sujets témoins, avaient un IAH> 5.
- Les patients ayant des scores plus élevés du T5SS (12 ≤ T5SS ≤ 15) avaient une plus grande tendance à ronfler que les patients présentant des scores plus faibles (8 ≤ T5SS ≤ 11).
- Enfin, le DPIN dans le groupe RAP était significativement plus faible que dans le groupe contrôle.
- De faibles corrélations entre l’indice d’éveil et le DPIN, entre la SaO2 moyenne et DPIN ont été trouvées.
– Conclusion :
- La polysomnographie a montré des modifications modestes chez les patients atteints de rhinite allergique persistante par rapport aux sujets témoins.
Des études de questionnaire ont suggéré un lien entre la symptomatologie de la rhinite allergique persistante et une diminution de la qualité du sommeil. Toutefois, il n’existait jusqu’à présent aucune étude objective pour le démontrer.
Cette étude sino-belge avait pour objectif d’utiliser les critères de la polysomnographie afin d’évaluer la qualité du sommeil chez des patients atteints de rhinite allergique persistante.
La polysomnographie étudie le sommeil permettant ainsi d’en connaître les troubles et d’en évaluer la qualité.
Elle se pratique usuellement sur le sommeil nocturne, en milieu hospitalier mais aussi en ambulatoire.
Dans le principe, la polysomnographie enregistre l’activité électrique cérébrale, la respiration, les mouvements oculaires et la position, l’activité électrique cardiaque.
En outre, d’autres éléments sont mesurés comme le débit nasal (détection des apnées), l’activité musculaire (sangle thoracique et abdominale), le niveau sonore nasal (évaluation de la ronchopathie), capteur d’oxygène (mesure de la SaO2).
Les indications classiques de la polysomnographie sont une somnolence diurne invalidante, apnée et dyspnée de courte durée pendant le sommeil, ronchopathie, réveils fréquents, asthénie au réveil, troubles de la concentration, troubles de la vigilance particulièrement au volant, céphalées matinales.
Elle permettra ainsi de choisir le traitement d’un syndrome d’apnée du sommeil, pression positive continue et/ou chirurgie.
Au total, la polysomnographie est un moyen multifactoriel de mesurer la qualité du sommeil.
Dans cette étude, on note le recrutement de 88 patients atteints de RAP avec une obstruction nasale modérée à sévère comparés à 30 sujets sains non rhinitiques.
Outre la polysomnographie tous les sujets ont subi une mesure du débit de pointe inspiratoire nasal et une évaluation de la sévérité de la rhinite par le T5SS (score mesurant 5 symptômes de rhinoconjonctivite).
Les résultats montrent de façon claire que les sujets ayant un score du T5SS élevé avaient plus de risque de ronfler et que le DPIN était significativement plus faible chez les rhinitiques.
Pour ce qui concerne les différentes mesures de la polysomnographie, il existe une corrélation significative mais faible de leur dégradation chez les sujets atteints de RAP comparativement aux sujets sains.
La conclusion des auteurs suggère donc que la qualité du sommeil de patients atteints de RAP est peu dépréciée par rapport à celle de sujets sains.
Ce travail, d’autant plus qu’il semble s’agir du premier, mérite confirmation par d’autres études sur des échantillons plus larges et d’être pratiquées lors des exacerbations de la rhinite.
Il ne faut pas oublier aussi que la charge de la dépréciation du sommeil de ces rhinitiques est chronique, c’est ce que ne rend pas compte cette étude.
De quoi convaincre l’allergologue, s’il était besoin, d’une prise en charge globale du rhinitique.
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