On a identifié la combine des cobayes : les lipocalines.

vendredi 27 mai 2011 par Dr Céline Palussière666 visites

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On a identifié la combine des cobayes : les lipocalines.

On a identifié la combine des cobayes : les lipocalines.

vendredi 27 mai 2011, par Dr Céline Palussière

Évaluation de deux nouveaux recombinants de lipocalines de cobaye, Cav p 2 et Cav p 3, dans le diagnostic de l’allergie au cobaye. : Hilger, C., Swiontek, K., Kler, S., Diederich, C., Lehners, C., Vogel, L., Vieths, S. and Hentges, F. (2011),

Evaluation of two new recombinant guinea-pig lipocalins, Cav p 2 and Cav p 3, in the diagnosis of guinea-pig allergy.

dans Clinical & Experimental Allergy, 41 : 899–908. doi : 10.1111/j.1365-2222.2011.03726.x

 Contexte :

  • Les cobayes, traditionnels animaux de laboratoires sont maintenant souvent gardés comme animaux de compagnie, et provoquent régulièrement des réactions allergiques importantes.
  • Deux allergènes de cobaye ont été précédemment décrits, dans une certaine mesure, mais les données biomoléculaires et immunologiques manquent.

 Objectifs :

  • Les objectifs étaient :
    • d’identifier les allergènes majeurs du cobaye
    • de les produire comme protéine recombinante
    • et de définir leur potentiel allergénique et leur importance clinique chez les patients allergiques.

 Méthodes :

  • Les extraits protéiques ont été préparés à partir de plusieurs tissus de cobaye, et les allergènes ont été purifiés par chromatographie ionique.
  • Les portions N-terminales de deux protéines IgE-réactives ont été déterminées et les amorces dénaturées ont été identifiées pour l’amplification d’ADNc par RT-PCR.
  • Les propriétés allergéniques des protéines recombinantes ont été évaluées par immunoblot, ELISA et tests de libération de médiateurs.
  • Les IgE spécifiques ont été quantifiées dans le sérum de 26 patients allergiques au cobaye.

 Résultats :

  • Les protéines IgE réactives majeures ont été détectées dans les extraits de glandes sous-maxillaires et de glandes de Harder.
  • Deux protéines ont été identifiées et l’ADNc a été cloné.
  • La protéine de 17 kDa exprimée dans la glande de Harder correspond à Cav p 2, précédemment décrite.
  • La protéine de 19 kDa, Cav p 3, est un nouvel allergène exprimé dans les glandes sous-maxillaires.
  • Les recombinants Cav p 2 et Cav p 3 ont été reconnus par les anticorps IgE de 65% et 54% des patients allergiques au cobaye, respectivement.
  • Les deux protéines ont démontré une activité allergénique équivalente dans le test de libération de médiateurs.

 Conclusion et pertinence clinique :

  • Deux allergènes majeurs du cobaye, Cav p 2 et Cav p 3, ont été caractérisés et produits comme protéine recombinante.
  • Associées à la sérum albumine du cobaye, ces nouveaux allergènes ont fait la preuve de leur validité dans le diagnostic moléculaire de l’allergie au cobaye.

Les cobayes font partie des « nouveaux animaux de compagnie », et les allergies concernent de plus en plus de sujets exposés en contexte domestique, et non plus uniquement en milieu professionnel. Comme pour la plupart des mammifères, les réactions allergiques reposent sur les lipocalines, ainsi que sur des albumines.

Cette étude caractérise et évalue l’immunoréactivité de deux lipocalines du cobaye, grâce à leur production sous forme de protéine recombinante.

Les sera de 26 patients allergiques au cobaye ont ainsi été étudiés, dont 20 personnes souffraient d’asthme.

Cav p 2 (17 kDa) est une protéine produite dans les glandes lacrymales du cobaye, plus précisément dans la glande de Harder, dont les sécrétions facilitent la mobilité de la paupière du rongeur. Cav p 3 (19 kDa) est produite dans les glandes salivaires sous-maxillaire.

Les auteurs de l’étude ont séquencé ces deux peptides et ont produit les recombinants, rCav p 2 et rCav p 3. Il existe une homologie de séquence et de structure avec d’autres lipocalines.

Soixante-cinq pour cent des sujets étudiés possédaient des IgE vis à vis de rCav p 2 et 54% vis à vis de rCav p 3, ce qui place bien ces protéines dans les allergènes majeurs du cobaye. Les tests d’activation des basophiles étaient positifs.

Les deux protéines n’ont que 43% d’homologie entre elles, et les tests d’inhibition de mettent pas en évidence de forte réactivité croisée. Il s’agit donc probablement de co-réactivité lorsque les sérums sont positifs pour les deux allergènes.

Cette étude très complète et rigoureuse caractérise donc deux allergènes majeurs du cobaye, pertinents cliniquement.

Un tiers des patients de l’étude ne reconnaissait aucun des deux allergènes étudiés, probablement par réactivité à Cav p 1, qui est une autre lipocaline, et qui est le plus fréquemment responsable des allergies au cobaye. Les albumines peuvent aussi induire des réactivités, mais elles sont considérées comme des allergènes mineurs. Elles peuvent en revanche rendre compte de réactions croisées avec d’autres mammifères.

Les auteurs ont aussi identifié l’origine de ces protéines, dans les glandes salivaires et lacrymales du rongeur. Or les extraits allergéniques utilisés en diagnostic sont fabriqués à partir du pelage des animaux, où les sécrétions salivaires sont retrouvées, par léchage, mais où le contenu des glandes lacrymales est plus incertain... ce qui pourrait entraver le diagnostic pour certains patients.

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