Enfant allergique à l’arachide : il faut soigner les mamans !!

jeudi 15 décembre 2011 par Dr Stéphane Guez601 visites

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Enfant allergique à l’arachide : il faut soigner les mamans !!

Enfant allergique à l’arachide : il faut soigner les mamans !!

jeudi 15 décembre 2011, par Dr Stéphane Guez

Impact psychologique du test de réintroduction alimentaire pour confirmer l’absence d’allergie à l’arachide ou à la noisette. : Knibb, R. C., Ibrahim, N. F., Stiefel, G., Petley, R., Cummings, A. J., King, R. M., Keeton, D., Brown, L., Erlewyn-Lajeunesse, M., Roberts, G. and Lucas, J. S. A. (2011),

The psychological impact of diagnostic food challenges to confirm the resolution of peanut or tree nut allergy.

dans Clinical & Experimental Allergy. doi : 10.1111/j.1365-2222.2011.03905.x

 Introduction :

  • 20% des enfants perdent en grandissant leur allergie à l’arachide et 10% celle à la noisette.
  • Cette guérison peut-être confirmée par un test de réintroduction alimentaire.
  • Peu de choses sont connues sur l’impact psychologique de ce test.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à évaluer les effets d’un test de provocation alimentaire sur l’anxiété, le stress et la qualité de vie des enfants et de leurs mères le jour du test de provocation à l’arachide ou à la noisette et dans les mois qui ont suivi ce test.

 Matériel et Méthodes :

  • 104 familles ont participé à cette étude.
  • 40 enfants qui ont eu un test de réintroduction résolutif ainsi que leurs mères ont complété un questionnaire :
    • validé le jour de la réalisation du test de réintroduction
    • et 3 à 6 mois après.
  • 63 enfants qui n’avait pas d’indication clinique à un test de réintroduction (basé sur l’opinion de l’allergologue en raison de la persistance d’une allergie) ont servi de témoins et ont complété le questionnaire à 3 et 6 mois.

 Résultats :

  • Les mères rapportent une augmentation de leur anxiété le jour du test de réintroduction (p = 0.007) mais les enfants, eux, sont moins anxieux.
  • Les enfants (p = 0.01) et leurs mères (p = 0.01) ont une amélioration de leur qualité de vie liée à l’alimentation mais pas la qualité de vie générale après le test.
  • Les enfants rapportent un plus faible niveau d’anxiété après le test (p = 0.002) mais l’anxiété reste inchangée chez les mères.
  • L’amélioration de la qualité de vie des mères et des enfants et les niveaux d’anxiété sont indépendants du résultat du test de réintroduction et de la coexistence d’allergies alimentaires associés chez 50% des enfants.

 Conclusion :

  • Les mères ont une augmentation de leur anxiété le jour de la réalisation du test de réintroduction alimentaire, à la différence des enfants, peut-être en raison d’une perception différente du risque.
  • Les tests alimentaires sont associés à une amélioration de la qualité de vie dans les mois qui suivent, même lorsque le test est positif.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que la réalisation d’un test de réintroduction alimentaire s’accompagne d’une anxiété importante surtout pour la mère.

La résolution de l’allergie va améliorer la qualité de vie sur le plan alimentaire, mais le stress reste présent chez les mamans quel que soit l’issu du test de réintroduction.

Ce travail semble au premier abord enfoncer une porte ouverte : il est évident que la mère a un stress le jour ou après des années d’éviction d’un aliment dont on lui a enseigné la gravité possible d’une ingestion accidentelle, un allergologue va justement réintroduire cet allergène. Il est également habituel de voir que la mère est plus stressée que l’enfant.

Mais cet article a des conclusions intéressantes qui expliquent des comportements qui apparaissent parfois aberrants : ainsi, il n’est pas rare de faire la preuve d’une perte totale d’allergie à un aliment et de constater qu’un an après l’éviction est maintenue !

D’ailleurs dans beaucoup de centres d’allergologie, le test de réintroduction n’est programmé que si les parents s’engagent ensuite à tenir compte des conclusions du test et à redonner l’aliment testé.

Il faudrait donc développer une éducation spécifique pour les parents d’un enfant allergique pour expliquer le mécanisme de la perte de l’allergie, la validité de tests proposés et l’intérêt ensuite de redonner l’aliment.

Une piste importante centrée sur la mère dans les écoles de l’allergie donc.

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