Allergique au bouleau, ce n’est pas drôle, mais en plus allergique au soja ! Alors là…

jeudi 5 avril 2012 par Dr Alain Thillay376 visites

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Allergique au bouleau, ce n’est pas drôle, mais en plus allergique au soja ! Alors là…

Allergique au bouleau, ce n’est pas drôle, mais en plus allergique au soja ! Alors là…

jeudi 5 avril 2012, par Dr Alain Thillay

L’allergie secondaire au soja chez des enfants allergiques au pollen de bouleau peut entraîner à la fois des symptômes aigus et chroniques. : De Swert, L. F. A., Gadisseur, R., Sjölander, S., Raes, M., Leus, J. and Van Hoeyveld, E. (2012),

Secondary soy allergy in children with birch pollen allergy may cause both chronic and acute symptoms

dans . Pediatric Allergy and Immunology, 23 : 118–124. doi : 10.1111/j.1399-3038.2011.01218.x

 Contexte :

  • L’allergie secondaire au soja se produisant chez des patients allergiques aux pollens d’arbres peut être la cause de symptômes aigus.

 Méthodes :

  • Nous avons sélectionné des enfants ayant une allergie au pollen de bouleau soupçonnés d’être également allergiques au soja.
  • L’allergie au soja a été prouvée sur la base de l’un des critères suivants :
    • une histoire clinique claire ;
    • un test de provocation positif ;
    • une épreuve d’éviction/réintroduction du soja.
  • Les tests cutanés ont été réalisés avec un extrait de soja commercial et avec de la farine de soja.
  • Les IgE spécifiques à Gly m 4, Gly m 5 et Gly m 6 ont été mesurées au moyen d’ImmunoCAP et d’ISAC.
  • Huit enfants atopiques tolérants au soja étant négatifs à l’ImmunoCAP rGly m 4 ont servi de groupe témoin pour les tests cutanés.

 Résultats :

  • Des15 sujets présentant une allergie au pollen de bouleau et soupçonnés d’être allergiques au soja, huit d’entre eux se sont avérés allergiques au soja ; 7/15 sujets se sont avérés être tolérants au soja.
  • Outre les symptômes aigus chez les huit sujets allergiques au soja, 3 d’entre eux avaient aussi souffert de graves affections chroniques en relation avec l’allergie au soja.
  • Les tests cutanés pratiqués avec l’extrait de soja commercial étaient négatifs chez tous les sujets testés allergiques ou non au soja.
  • Les tests cutanés pratiqués avec la farine de soja étaient positifs chez les 8 patients allergiques au soja et chez 5 des 6 sujets tolérants, mais négatifs chez les 8 sujets du groupe témoin (p <0,0001) ; le diamètre médian de la papule était de 7,7 mm chez les sujets allergiques au soja, comparativement à 3 mm chez les sujets tolérants (p <0,01).
  • Le niveau médian des IgE spécifiques de rGly m 4 mesuré par ImmunoCAP et ISAC était respectivement de 32,4 kU / l et 4,0 ISU chez les sujets allergiques au soja, comparativement à 6,2 kU / l et 0,4 ISU chez les sujets tolérants (p <0,05).
  • L’analyse des IgE spécifiques de nGly m 5 et nGly m 6, avec l’ImmunoCAP ou l’ISAC, n’ont montré aucune différence significative entre les sujets allergiques ou non au soja.

 Conclusions :

  • L’allergie secondaire au soja peut entraîner des symptômes chroniques sévères en dehors des symptômes aigus.
  • Les tests cutanés pratiqués avec de la farine de soja est un outil sensible et spécifique dans le cadre de la détection de la sensibilisation au soja.
  • Les tests cutanés pratiqués avec de la farine de soja, l’ImmunoCAP rGly m 4 et l’ISAC rGly m 4 sont des outils précieux dans le diagnostic de l’allergie au pollen de bouleau associée à une allergie secondaire au soja.

Il existe deux formes principales d’allergie au soja. La première dans l’enfance a la réputation d’être plutôt transitoire et une forme secondaire associée à une allergie au pollen de bouleau. Cette dernière est plus rare chez l’enfant. Toutefois, les auteurs belges de cette étude ont cherché à décrire la présentation clinique chez des enfants atteints d’allergie au soja intervenue secondairement à une allergie au pollen de bouleau.

Parmi les enfants vus en consultation externe dans le département d’Allergologie de l’hôpital de Louvain, les auteurs ont sélectionné des enfants allergiques au pollen de bouleau.

Parmi eux, ils ont ensuite choisi des patients suspectés d’allergie au soja ; je ne reviendrai pas sur les critères choisis pour prouver cette allergie et qui m’apparaissent bien adaptés.

Quinze sujets sont ainsi rentrés dans l’étude, 9 garçons et 6 filles, âge moyen de 10,2 ans (de 4,7 ans à 16 ans).

Les tests cutanés ont été pratiqués avec un extrait commercial de soja et avec de la farine de soja, test natif.

Les IgE spécifiques de rGly m 4, de nGly m 5 et nGly m 6 ont évaluées par ImmunoCAP et sur la puce ISAC.

Je ne reviendrai pas en détails sur les résultats qui sont clairement explicités dans le résumé de l’étude.

Mon attention a été attirée, à la lecture du texte intégral, par les signes aigus ; outre le syndrome oral, il est rapporté de l’asthme chez 10 patients, de l’anaphylaxie chez un patient et fréquemment de la rhinite.

Tout cela sachant que seuls 8 patients ont été acceptés comme allergiques au soja, ainsi 5 patients qui avaient souffert d’asthme lors de la suspicion d’allergie au soja ne sont pas avérés y être réellement allergiques.

Trois patients avaient fait l’expérience dans les 12 à 20 derniers mois de pathologie chronique à type de prurit sévère avec des épisodes d’urticaire, dermatite atopique, diarrhée chronique.

Autre point important, chez tous ces patients, allergiques ou tolérants au soja, l’extrait commercial n’a pas entraîné de réaction cutanée.

Par contre, le test cutané natif est solide, excellente sensibilité et spécificité.

Ainsi, pas de réaction chez les témoins, fortement positif significativement chez les allergiques et faiblement réactif chez les tolérants (IgE réactifs non symptomatiques).
On retrouve le même constat quantitatif in vitro, avec l’ImmunoCAP et la puce ISAC.
Les ImmunoCAP nGly m 5 et nGly m 6 sont positifs chez deux sujets allergiques et chez deux sujets tolérants.

Les IgE spécifiques de nGly m 5 ou de nGly m6 en ISAC ont été constatées respectivement chez 4/7 et 2/7 des sujets allergiques testés ainsi et 1/5 des sujets tolérants.

Tous les sujets allergiques au soja étaient positifs pour l’ImmunoCAP rBet v 1, 7/7, et, 5/5 des sujets tolérants.

Cette étude est intéressante mais souffre d’un biais de recrutement du fait de la faiblesse du nombre de patients recrutés, ils ne sont que quinze dont huit allergiques vrais.

Il faudra donc confirmer.

Cette étude m’étonne aussi sur l’intensité des symptômes aigus. Je ne savais pas que la PR-10 de soja étaient aussi réactogène comparativement à celle de la pomme par exemple.

S’agit-il d’un problème de concentration, cette intensité symptomatique peut s’expliquer par des concentrations différentes en soja des différentes préparations alimentaires ?

En outre, même si il y a le même nombre de sujets positifs à Gly m 5 et Gly m 6 chez les allergiques et les tolérants, ils sont deux dans les deux groupes.

Cela peut très bien expliquer des réactions sévères dans le groupe allergique.

Nous attendrons donc avec intérêt d’autres études plus larges et plus fouillées sur l’allergie au soja.

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