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Nez chatouillé le jour, bronches irritées la nuit ?
mardi 12 juin 2012, par
Relation entre la rhinite et la toux nocturne chez les enfants scolarisés. : Higuchi, O., Adachi, Y., Itazawa, T., Ito, Y., Yoshida, K., Ohya, Y., Odajima, H., Akasawa, A. and Miyawaki, T. (2012),
Relationship between rhinitis and nocturnal cough in school children.
dans Pediatric Allergy and Immunology. doi : 10.1111/j.1399-3038.2012.01309.x
– Contexte :
- Il existe une relation complexe entre la rhinite, l’asthme et la toux chronique.
– Méthodes :
- Pour évaluer si la rhinite est un facteur de risque important de toux nocturne et si cet effet est indépendant de l’asthme, les auteurs ont analysé les données recueillies à partir du questionnaire de l’étude ISAAC, étude de surveillance de population à l’échelon mondial
- Un enfant qui avait ressenti une toux sèche nocturne au cours des douze derniers mois, en l’absence de syndrome viral, était défini comme ayant une toux nocturne.
– Résultats :
- Après exclusion de 11475 rapports ayant des données incomplètes, les données concernant 136.506 enfants ont été analysées
- La prévalence de la toux nocturne était significativement plus élevée chez les enfants ayant une rhinite concomitante comparativement aux enfants sans rhinite
- L’association entre la rhinite et la toux nocturne était significative chez les enfants ayant un asthme habituel (OR ajusté, IC à 95% : 2.26 [2.00-2.56] chez les enfants âgés de six à sept ans, 1.90 [1.58-2.30] chez ceux âgés de treize à quatorze ans, et 1.86 [1.60-2.19] chez ceux de seize à dix-sept ans), et cette association était même plus élevée chez les enfants n’ayant pas d’asthme (PR ajusté, IC à 95% : 3.65 [3.36-3.97] chez les enfants âgés de 6six à sept ans, 3.05 [2.79-3.32] chez ceux de treize à quatorze ans, et 2.69 [2.51-2.88] chez ceux de seize à dix-sept ans).
– Conclusions :
- Il y avait une association claire entre la rhinite et la toux nocturne chez les jeunes enfants et les adolescents, et cet effet était indépendant de l’asthme
- Les voies aériennes supérieures devraient être examinées chez les enfants ayant une toux nocturne.
La toux est un symptôme fréquent chez les enfants, le plus souvent en rapport avec une infection virale. Parmi les différents types de toux, la toux nocturne est particulière chez les enfants, en raison des troubles induits sur le sommeil. Elle peut être associée aussi à l’asthme, à la rhinite, la sinusite et au reflux gastro-oesophagien.
En raison des inter-relations complexes entre asthme et rhinite, peu d’études ont concerné l’association directe entre rhinite et toux nocturne chez l’enfant : le but de cette étude était d’évaluer, dans une grande cohorte de population, si la rhinite est un facteur de risque important de toux nocturne, et si cet effet est indépendant de l’asthme.
Cette étude transversale, analysée à partir du questionnaire international ISAAC, a recueilli les données concernant la fréquence de la toux nocturne sèche sur une période de un an, en dehors d’un épisode viral, chez 136.506 enfants dans la tranche d’âge de 6 à 17 ans (3 sous-groupes ont été analysés : enfants âgés de 6 à 7 ans, de 13 à 14 ans, et de 16 à 17 ans). Ont été recherchés, outre la toux nocturne, l’existence d’un asthme et/ou d’une rhinite.
Les résultats montrent que :
- la prévalence de la toux nocturne était plus élevée chez les enfants ayant une rhinite concomitante
- l’association entre la rhinite et la toux nocturne était significative chez les enfants ayant de l’asthme
- cette association était même plus élevée chez les enfants n’ayant pas d’asthme
- ces résultats étaient concordants dans les 3 sous-groupes d’âge.
La rhinite apparaît donc être un facteur de risque indépendant de toux nocturne chez l’enfant et l’adolescent, puisqu’il est retrouvé que les enfants aient un asthme associé ou non. Les mécanismes qui sous-tendent l’association entre rhinite et toux nocturne restent flous :
- pourrait-il s’agir d’un phénotype particulier d’asthme (« cough variant asthma » des anglo-saxons) ? mais cette entité ne semble pas en être la cause principale, et dans cette étude la prévalence de la toux était plus importante chez les enfants avec rhinite sans asthme par rapport à ceux ayant un asthme
- des terminaisons nerveuses tussigènes seraient localisées dans l’hypopharynx et le larynx, et des stimuli endogènes ou environnementaux pourraient entraîner une hypersensibilité locale avec réflexe de toux induite
- l’activation de terminaisons nerveuses sensorielles nasales pourrait aussi favoriser ce réflexe
- ces données suggèrent que l’importance de l’inflammation nasale pourrait affecter le développement d’une toux nocturne. Des études complémentaires sont nécessaires pour analyser l’effet du traitement de la rhinite sur la toux nocturne, en particulier chez les enfants sans maladie asthmatique associée.
Cette étude a certaines limites : le type de l’étude ne permet pas de savoir si la rhinite a précédé la toux nocturne ou inversement ; par ailleurs certains facteurs confondants ne sont pas pris en compte : tabagisme parental, statut socio-économique, traitements en cours pour la rhinite et l’asthme, statut atopique.
Quoiqu’il en soit, et ainsi que le proposent les recommandations ARIA, cette étude suggère que les voies aériennes supérieures devraient être prises en compte chez les enfants ayant des symptômes respiratoires, incluant ceux ayant une toux nocturne.
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