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IgE spécifiques circulantes et tissulaires : même tonneau ?
mercredi 13 juin 2012, par
La majorité des IgE spécifiques circulantes des patients allergiques ne proviennent pas des cellules B ou des plasmocytes circulants. : Julia Eckl-Dorna1,†, Ines Pree1,†, Jürgen Reisinger1, Katharina Marth2,3, Kuan-Wei Chen2, Susanne Vrtala2, Susanne Spitzauer4, Rudolf Valenta2,3,*, Verena Niederberger1
dans Clinical & Experimental Allergy
– Contexte :
- La production des IgE spécifiques est une caractéristique de l’allergie IgE dépendante, toutefois la contribution des cellules sanguines à la production de ces IgE chez le patient allergique n’a pas été étudiée de façon détaillée.
– Objectif :
- Le but de cette étude était de caractériser les cellules productrices d’IgE dans le sang de patients allergiques et de déterminer la quantité des IgE produites par ces cellules par rapport à la quantité totale des IgE spécifiques circulantes.
– Méthodes :
- Les cellules mononuclées du sang périphérique ont été isolées chez des patients allergiques, les populations cellulaires ont été purifiées ou appauvries en utilisant des anticorps « étiquetés » magnétiquement spécifiques des marqueurs cellulaires (CD19, CD20, CD22, CD27, CD38, CD126, CD138, CD203c).
- Les IgE spécifiques d’allergène ont été mesurées dans les échantillons de sérum et dans les surnageants de culture cellulaire par des mesures quantitatives à l’aide de l’ImmunoCAP et par ELISA en utilisant les allergènes recombinants purifiés.
- Les transcrits d’IgE ont été détectés par PCR en temps réel avec des « primers » d’IgE spécifiques humaines.
– Résultats :
- Nous avons constaté que les niveaux d’IgE spécifiques d’allergène des surnageants de cellules mononuclées du sang périphérique étaient corrélés aux IgE spécifiques sériques mais représentaient moins de 1% des IgE circulantes.
- La déplétion des basophiles entraînait une réduction substantielle du taux des IgE spécifiques des allergènes des surnageants de culture de cellules mononuclées du sang périphérique indiquant qu’une source importante des IgE spécifiques de ces surnageants pouvait provenir de la surface des basophiles.
- Les IgE nouvellement synthétisées dérivaient des cellules CD138 + qui sont des plasmocytes, mais pas de cellules B et des cellules B à mémoire et ne représentait que 0,2% environ des IgE circulantes.
– Conclusion et pertinence clinique
- Nos résultats montrent que la majorité des IgE spécifiques du sang périphérique n’est pas dérivée des cellules sécrétrices d’IgE dans la circulation ce qui suggère une production locale d’IgE au niveau des tissus comme une source majeure pour les IgE spécifiques et cible possible pour une intervention thérapeutique.
Mettre en évidence une allergie IgE dépendante nécessite le recours, entre autres, à la mesure des IgE spécifiques sur prélèvement sanguin.
Mais au fait, que mesure-t-on ainsi ? D’où proviennent ces IgE circulantes ? Des cellules mononuclées circulantes ou bien d’une sécrétion locale ? C’est tout l’intérêt de cette étude autrichienne émanant, rien de moins, de l’équipe de Rudolf Valenta !
Je ne reviendrai pas en détails sur la méthodologie fort astucieuse de cette étude.
Simplement un petit rappel sur les marqueurs cellulaires ; CD 19, CD 20, CD 22 , CD 27, CD 38 et CD 126 sont ceux des cellules B ; CD 138 celui des plasmocytes ; CD 203 celui des basophiles.
La comparaison des IgE spécifiques circulantes et des IgE spécifiques provenant du surnageant des cellules mononuclées du sang périphérique permet de constater qu’elles sont corrélées en terme de spécificité mais que ces dernières ne représentent que 1% de l’ensemble des IgE circulantes.
Lorsque l’on supprime les basophiles des cellules mononuclées du sang périphérique, on assiste à une forte diminution des IgE spécifiques qui proviennent donc de ces cellules.
Enfin, la majorité des IgE spécifiques récemment synthétisées proviennent des plasmocytes correspondant à 0,2% des IgE circulantes.
Tous ces résultats concourent pour avancer l’hypothèse que la grande majorité des IgE circulantes ne proviennent pas d’une synthèse des cellules circulantes mais proviennent des tissus.
Ainsi, la réserve est tissulaire, les IgE sont sécrétés par les plasmocytes au sein du compartiment lymphoïde diffus que constitue l’ensemble des muqueuses et sont mis en réserve sur la membrane tissulaire des mastocytes.
Les IgE spécifiques circulantes sont donc les mêmes que les IgE spécifiques tissulaires.
Nous avons eu chaud, il y a bien corrélation entre tests cutanés et dosage des IgE spécifiques sériques.
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