C’est Noël : pour l’acquisition de leur tolérance alimentaire les nourrissons ont foi en leur foie !

mercredi 19 décembre 2012 par Dr Stéphane Guez847 visites

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C’est Noël : pour l’acquisition de leur tolérance alimentaire les nourrissons ont foi en leur foie !

C’est Noël : pour l’acquisition de leur tolérance alimentaire les nourrissons ont foi en leur foie !

mercredi 19 décembre 2012, par Dr Stéphane Guez

Forte prévalence de la sensibilisation alimentaire chez les jeunes enfants ayant une affection hépatique : un indice dans la compréhension de la physiopathologie allergique alimentaire ? : Brown C, Haringman N, Davies C, Gore C, Hussain M, Mieli-Vergani G, Vergani D, Warner JO, Marks SD, Boyle RJ.

High prevalence of food sensitisation in young children with liver disease : a clue to food allergy pathogenesis ?

dans Pediatr Allergy Immunol 2012 : 00 : 000–000.

 Introduction :

  • La physiopathologie de l’allergie alimentaire (AA) n’est pas encore complétement comprise.
  • Les modèles animaux suggèrent qu’un mécanisme hépatique pourrait être important dans l’acquisition de la tolérance immune par voie orale à l’ingestion des allergènes, mais il n’y a que peu de preuves chez l’homme.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié chez le jeune enfant s’il y a :
    • une association entre la dysfonction hépatique ou une transplantation hépatique
    • et la sensibilisation alimentaire.

 Matériel et Méthode :

  • Les auteurs ont étudié des sérums appariés avant et après transplantation hépatique chez des enfants de 0 à 36 mois, traités dans un centre unique, entre 2001 et 2008.
  • Les sérums ont été analysés avec mesure des IgE totales et des IgE spécifiques au lait de vache, œuf et arachide.
  • Les auteurs ont étudié la dysfonction hépatique avant transplantation à l’aide du score pédiatrique d’évaluation de l’atteinte hépatique sévère (score PELD).
  • Ils ont également évalué 79 enfants après une greffe rénale pour établir si l’association éventuelle entre la transplantation du foie et la sensibilisation alimentaire était ou non spécifique d’organe.

 Résultats :

  • Les paires de sérums appariés ont été disponibles chez 50 des 94 enfants qui ont eu une transplantation hépatique durant la période d’étude.
  • sur 50 enfant,
    • 35 (70%) ont une sensibilisation IgE (> ou = à 0.35 kUa/l) à un ou plus des aliments étudiés en pré transplantation
    • et 18 (36%à) en post transplantation (p = 0.001).
  • 10 (20%) enfants ont des taux d’IgE spécifiques qui donnent une forte probabilité de TPO alimentaire positif en pré transplantation.
  • La sensibilisation alimentaire avant transplantation est associée avec la sévérité de la dysfonction hépatique :
    • score moyen PELD de 1.52 (0.13) en cas de sensibilisation alimentaire,
    • 0.77 (0.22) chez les enfants non sensibilisés, (p = 0.004).
  • Le taux des IgE totales est augmenté chez 34/42 (81%) enfants en pré transplantation, et chute significativement après transplantation.
  • L’évaluation par interrogatoire des parents des 40 enfants, révèle que 13 (33%) avaient des antécédents compatibles avec une allergie alimentaire.
  • Ces données ne se retrouvent pas chez les enfants transplantés rénaux.

 Conclusion :

  • Les jeunes enfants avec une pathologie hépatique sévère semblent avoir une forte prévalence de sensibilisation alimentaire.
  • Les mécanismes hépatiques pourraient donc être importants dans l’établissement d’une tolérance immune à la diète antigénique chez l’homme.

Sur une population très particulière d’enfants ayant eu une transplantation hépatique, les auteurs ont constaté un lien entre la sévérité de l’altération hépatique et l’importance d’une sensibilisation alimentaire associée.

Les IgE chutent après transplantation confirmant le rôle du foie dans l’acquisition d’une tolérance immune.

Ce travail ouvre une nouvelle perspective de recherche des mécanismes de l’acquisition de la tolérance aux allergènes alimentaires.

La relation mise ici en évidence de façon très élégante par les auteurs établit bien une relation franche entre l’atteinte hépatique et l’acquisition d’une sensibilisation, et inversement la disparition de cette tolérance avec la réparation hépatique.

Reste à déterminer le mode d’action de la glande hépatique : est-ce un déficit de synthèse protéique qui inhibe la tolérance ou la sécrétion d’une protéine anormale ?

Curieusement, chez l’adulte il n’a pas été mis en évidence une relation entre la cirrhose par exemple et le développement d’une allergie : mais probablement ne peut on pas comparer le foie d’un nourrisson et celui d’un adulte ?

Bref, le chapitre passionnant de l’acquisition de tolérance est loin d’être clos.

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