Toutes les PR-10 ne se valent pas !

jeudi 5 décembre 2013 par Dr Alain Thillay10216 visites

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Toutes les PR-10 ne se valent pas !

Toutes les PR-10 ne se valent pas !

jeudi 5 décembre 2013, par Dr Alain Thillay

Différences entre l’immunogénicité intrinsèque et l’allergénicité à Bet v 1 et aux trophallergènes relatifs révélées par mutagénèse dirigée. : Roulias A, Pichler U, Hauser M, Himly M, Hofer H, Lackner P, Ebner C, Briza P, Bohle B, Egger M, Wallner M, Ferreira F. Differences in the intrinsic immunogenicity and allergenicity of Bet v 1 and related food allergens revealed by site-directed mutagenesis.

dans Allergy 2013 ; DOI : 10.1111/all.12306.

 Contexte :

  • L’allergie au pollen de bouleau est fréquemment associée à des réactions indésirables à différents fruits, noix, légumes, qualifiées de syndrome pollen - aliments qui sont dues à une IgE réactivité croisée principalement dirigée contre Bet v 1.
  • L’immunothérapie allergénique (ITA) représente un traitement efficace pour les allergies respiratoires, mais celle-ci n’apporte pas obligatoirement d’amélioration sur le plan des allergies alimentaires concomitantes.

 Méthodes :

  • En tant que candidats vaccins, Mal d 1 (pomme) ainsi que Cor a 1 (noisette) ont été conçus par des analyses in silico des allergènes respectifs.
  • Les protéines ont été produites par mutagenèse dirigée en tant que variants de repliement de leurs allergènes parentaux.
  • Du fait que Mal d 1 et Cor a 1 forment des agrégats dépendants de la cystéine, des mutants non agrégatifs dans lesquels la cystéine a été modifiée en sérine ont été générés.
  • Les protéines ont été caractérisés physico-chimiquement, immunologiquement, et, dans des modèles in vivo, avec ou sans adjuvant.

 Résultats :

  • Les protéines structurellement modifiées ont montré une diminution significative de la capacité à se lier aux IgE.
  • Notamment, les deux modèles in vivo ont montré une immunogénicité réduite des variants de repliement hypoallergéniques.
  • Quand ils sont formulés avec de l’alun, les mutants cystéine monomériques induisent une réponse immunitaire similaire à celle des allergènes parentaux agrégés, ce qui contraste avec les données publiées sur Bet v 1.

 Conclusion :

  • Ces résultats conduisent à l’idée que la structure de Bet v 1 a des propriétés intrinsèques propres ce qui pourrait expliquer sa forte allergénicité.
  • De toute évidence, ces caractéristiques ne sont pas entièrement partagées avec ses homologues alimentaires de la pomme et de la noisette.
  • Ainsi, il est important pour combattre les allergies alimentaires en relation avec l’allergie pollinique sous des angles différents afin de produire des vaccins candidats efficaces pour traiter le syndrome oral bouleau/pomme.

A présent, tout le monde connaît le fameux syndrome bouleau/pomme dû à l’allergie à la PR-10, protéine ubiquitaire du monde végétal. L’homologie entre la PR-10 du pollen de bouleau et de la pomme est suffisamment importante pour rendre compte du phénomène. Alors pourquoi, les patients atteints de ce syndrome et qui reçoivent une immunothérapie allergénique au pollen de bouleau ne voient que rarement s’améliorer le syndrome oral aux Prunoïdés ?

En fait c’est tout le sujet de ce travail qui nous vient d’équipes pluridisciplinaires d’Autriche, haut lieux de l’allergologie moléculaire (Valenta).

Il a été démontré que les altérations structurelles de Bet v 1 peuvent non seulement affecter la liaison aux IgE mais aussi améliorer de façon importante le comportement de la protéine.

Le but était de sélectionner des variants structurels de Mal d 1 et de Cor a 1 comme candidats vaccin afin de traiter le syndrome oral.

La spectroscopie par dichroïsme circulaire a permis de montrer au niveau de ces protéines candidates que les mutations par la sérine ne modifient pas la structure secondaire, elles agissent sans doute sur la structure tertiaire.

Ce fait peut expliquer que les mutants sérine préparés avec de l’alun induisent une réponse immune comparable aux protéines source.

Comme les auteurs, il faut bien admettre que Bet v 1 présente des caractéristiques intrinsèques donc non partagées avec ses homologues de la pomme et de la noisette.

Ces caractéristiques intrinsèques sont sans doute en rapport avec la structure secondaire (feuillet béta et hélice alpha).

Pour conclure, pour traiter un syndrome oral à la pomme il faut pratiquer une immunothérapie allergénique avec de la PR-10 de pomme ce qui va dans le sens de quelques publications qui montrent l’efficacité de l’ITA sublinguale avec de la pulpe de pomme fraîche.

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Vos commentaires

  • Le 27 février 2017 à 21:13, par Genevieve Huard En réponse à : Toutes les PR-10 ne se valent pas !

    Bonjour,

    J’ai toujours eu de la difficulté avec les pommes et les autres fruits de cette famille (prunes, poires, pêches), il y a quelques années j’ai introduit l’aubergine dans mon alimentation et résultat, mêmes symptômes : picotements dans la bouche, rougeurs autour de la bouche, très désagréable. J’ai remarqué que si je mange du fromage ou du pain tout de suite après l’aliment, avec une bonne quantité d’eau, les symptômes s’atténuent très rapidement. J’ai récemment passé des tests d’allergies (animaux) et je n’en n’ai aucune (bouleau inclu) et le seul lien que je vois entre les pommes et l’aubergine, c’est le pollène de bouleau... et le latex, j’ai tendance à faire de l’exzéma si je porte des gants de Latex trop longtemps, mais pour des petites expositions...de plus, certaines sortes de pommes semblent me donner aucun symptômes...je peux manger des amandes, mais pas des pacanes... bref, est-ce que ça peut quand même être une allergie croisée au pollène de bouleau ?