Prévalence de l’allergie à l’arachide selon l’origine géographique des parents : c’est pas « peanuts » !

mardi 18 novembre 2014 par Dr Philippe Carré680 visites

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Prévalence de l’allergie à l’arachide selon l’origine géographique des parents : c’est pas « peanuts » !

Prévalence de l’allergie à l’arachide selon l’origine géographique des parents : c’est pas « peanuts » !

mardi 18 novembre 2014, par Dr Philippe Carré

Risque augmenté d’allergie à l’arachide chez des enfants nés de patients asiatiques par rapport à ceux nés de parents australiens. : Koplin JJ, Peters RL, Ponsonby A-L, Gurrin LC, Hill D, Tang MLK, Dharmage SC, Allen KJ for the HealthNuts Study Group.

Increased risk of peanut allergy in infants of Asian-born parents compared to those of Australian-born parents.

dans Allergy 2014 ; 69 : 1639–1647.

 Contexte :

  • Les enfants asiatiques semblent être surreprésentés parmi les sujets avec une allergie alimentaire clinique en Australie, mais ceci n’a pas été clairement évalué au niveau de la population
  • Toute différence de prévalence en fonction du pays de naissance des parents peut être secondaire à des modifications de facteurs de style de vie
  • Les auteurs ont eu pour objectif de quantifier (i) les différences de prévalence d’allergie à l’arachide en fonction du pays de naissance des parents et (ii) et la contribution, à ces différences, d’expositions environnementales mesurées.

 Méthodes :

  • L’étude de population Healthnuts, réalisée à Melbourne en Australie, a évalué 5276 enfants (74% de participation) avec des prick-tests, et les enfants sensibilisés ont eu une provocation alimentaire
  • Parmi eux, 535 avaient un parent né en Asie de l’Est, et 574 né au Royaume Uni
  • Les associations entre le pays de naissance des parents et l’allergie à l’arachide chez leurs enfants ont été évaluées en utilisant une régression logistique multiple.

 Résultats :

  • Par rapport aux enfants dont les 2 parents sont nés en Australie, l’allergie à l’arachide était plus fréquente chez les enfants avec des parents nés en Asie de l’Est (OR 3.4, IC 95% 2.2-5.1) mais pas chez les enfants dont les parents sont nés au Royaume Uni (OR 0.8, IC 95% 0.4-1.5)
  • De façon paradoxale, les taux de maladies allergiques étaient plus faibles parmi les parents asiatiques
  • Une prévalence plus élevée d’eczéma chez les enfants de parents asiatiques expliquait en gros 30% de l’augmentation de l’allergie à l’arachide, alors que les différences dans le fait de posséder un chien expliquait environ 18%.

 Conclusions :

  • La prévalence élevée de l’allergie à l’arachide chez les enfants de parents nés en Asie semble être survenue au cours d’une seule génération, et n’était pas retrouvée chez les enfants de parents ayant migré à partir d’autres pays, suggérant que les interactions entre les gènes et l’environnement sont importantes
  • Le rôle de l’eczéma et de l’exposition microbienne dans la prévention de l’allergie alimentaire nécessite d’être explorée.

L’étude de population australienne Healthnuts a évalué, entre 2007 et 2011, 5276 enfants par des prick-tests alimentaires, et les enfants sensibilisés ont eu une provocation alimentaire à l’allergène suspect ; parmi eux 535 avaient un parent né en Asie de l’Est, et 574 né au Royaume Uni.

Les associations entre le pays de naissance des parents et l’existence d’une allergie à l’arachide chez leurs enfants ont montré que :

  • l’allergie à l’arachide était 3 fois plus fréquente chez les enfants avec des parents nés en Asie de l’Est par rapport à ceux nés en Australie ou au Royaume Uni
  • de façon paradoxale, les taux de maladies allergiques étaient plus faibles parmi les parents asiatiques
  • une prévalence plus élevée d’eczéma chez les enfants de parents asiatiques expliquait en gros 30% de l’augmentation de l’allergie à l’arachide
  • la différence de prévalence n’était pas complètement expliquée par des différences de facteurs de vie (allaitement, introduction plus précoce de l’arachide, exposition à des animaux, même si l’exposition plus faible au chien chez les enfants de parents asiatiques contribuait un peu à l’augmentation de l’allergie à l’arachide chez eux) ; la consommation d’arachides à la maison n’a pas été évaluée dans l’étude, et donc pas le rôle éventuel de l’exposition transcutanée à l’arachide dans les différences de prévalence.

Il a été déjà évoqué l’hypothèse que des populations dont le système immun s’est adapté à un environnement parasitaire plus important, comme en Asie, peuvent évoluer vers un phénotype de type allergique (hypothèse hygiéniste) ; de façon alternative, une humidité et un index UV plus faibles, comme à Melbourne en Australie, pourrait contribuer à une prévalence plus grande d’eczéma et d’allergie alimentaire chez les enfants de parents asiatiques, secondaire à une altération génétique de la barrière épithéliale cutanée.

L’augmentation du risque d’allergie à l’arachide semble être spécifique aux enfants de parents asiatiques, car il n’est pas retrouvé non plus dans cette étude chez les enfants nés de parents européens. Ceci suggère que des expositions environnementales d’enfants vivant en Australie ont un effet différent selon leur passé génétique (interactions gène/environnement).

Une caractérisation des modifications environnementales survenant après la migration d’Asie en Australie, ainsi que l’interaction de ces facteurs avec le contexte génétique, pourraient apporter des données nouvelles sur les facteurs conduisant au développement de l’allergie à l’arachide.

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