Valeur prédictive des tests allergologiques : quel imPACT à long terme ?

lundi 2 février 2015 par Dr Philippe Carré654 visites

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Valeur prédictive des tests allergologiques : quel imPACT à long terme ?

Valeur prédictive des tests allergologiques : quel imPACT à long terme ?

lundi 2 février 2015, par Dr Philippe Carré

Valeur prédictive des prick tests cutanés allergiques et des tests IgE à l’âge pré-scolaire : l’étude PACT. : Rø AD, Simpson MR, Storrø O, Johnsen R, Videm V, Øien T. The predictive value of allergen skin prick tests and IgE tests at pre-school age : The PACT study.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 25 : 691–698.

 Contexte :

  • La sensibilisation aux allergènes, telle que déterminée par les prick tests cutanés (PTC) ou les IgE spécifiques (IgEs), est prédictive de la présence ultérieure d’une maladie d’origine allergique (eczéma atopique, rhinoconjonctivite allergique et asthme)
  • Cependant, on ne sait pas si les PTC ou les IgEs devraient être le test préféré
  • Le but de cette étude était de comparer la capacité prédictive des PTC et des IgEs réalisés dans une population générale d’enfants âgés de 2 ans.

 Méthodes :

  • Dans une étude de population prospective longitudinale d’enfants âgés de 2 à 6 ans, des PTC et un dosage des IgEs pour 9 allergènes communs ont été réalisés à l’âge de 2 ans
  • Les maladies allergiques ont été évaluées par un examen clinique et un questionnaire à l’âge de 2 ans et 6 ans (n=199).

 Résultats :

  • Les PTC ou les IgEs étaient positifs dans 10.6% et 21.1% respectivement chez les enfants âgés de 2 ans
  • La prévalence des maladies liées à l’allergie était de 25.6% à 2 ans et 25.1% à 6 ans
  • La moitié des cas à l’âge de 2 ans étaient transitoires
  • A la fois les PTC et les IgEs étaient statistiquement des prédicteurs significatifs de maladie allergique ultérieure, avec respectivement un OR à 6.5 (IC à 95% 2.3-18.6) et un OR à 4.1 (IC à 95% 1.9-9)
  • L’analyse ROC montrait que les PTC et les IgEs avaient une capacité prédictive comparable pour l’eczéma atopique, l’asthme ou toute autre maladie allergique, mais les IgEs avaient une meilleure capacité à prédire une rhinoconjonctivite allergique ultérieure.

 Conclusions :

  • La sensibilisation à l’âge de 2 ans peut être un élément prédictif utile d’une maladie allergique ultérieure dans l’enfance
  • La capacité prédictive des PTC et des IgEs était en gros comparable ; cependant, il est possible que les IgEs soient le choix préféré chez les jeunes enfants quand le but est de prédire la rhinoconjonctivite allergique.

Cette étude norvégienne, effectuée dans une population infantile de 199 petits enfants, montre que :

  • à l’âge de 2 ans, 10.6% ont des PTC positifs et 21.1% des IgEs positives
  • la prévalence des maladies allergiques est de 25.6% à 2 ans et 25.1% à 6 ans
  • à 2 ans, la moitié des cas dépistés sont transitoires
  • la sensibilisation précoce à 2 ans, basée sur les PTC et les IgEs, montre qu’ils sont des tests prédictifs significatifs d’une maladie allergique à 6 ans, que les enfants aient ou non une maladie allergique à l’âge de 2 ans
  • un test positif à 2 ans peut prédire correctement la présence d’une maladie allergique à 6 ans chez 50 à 67% des enfants
  • les PTC semblent être plus fortement associés à une maladie allergique ultérieure que les IgEs, avec des OR plus élevés (mais la différence n’était pas statistiquement significative), sauf pour la rhinoconjonctivite allergique où les IgEs semblent plus prédictives en méthode ROC.

La pertinence de cette étude est renforcée par le fait qu’il s’agit d’une étude de cohorte prospective de jeunes enfants avec un long suivi, qui ont été recrutés dans la population générale, et que la plupart de ces enfants ont été testés vis à vis de l’allergie à la fois par des PTC et des dosages d’IgEs.

L’application pratique de ces données pourrait faire envisager la réalisation de tests allergologiques chez tous les enfants d’âge préscolaire, qu’ils soient ou non allergiques, dans le but de mettre en place des mesures de prévention de l’allergie ?

Idée encore utopique ! Moins d’un quart des enfants a des tests positifs à 2 ans, et quel en serait donc le rapport coût / bénéfice ? Qui ferait les tests (quand on voit la démographie des allergologues !) ? Et surtout la moitié des enfants sensibilisés à l’âge de 2 ans le sont de façon uniquement transitoire, ce qui diminue grandement l’intérêt d’un tel dépistage à grande échelle. Continuons donc à rester pragmatiques, et les auteurs n’abordent d’ailleurs pas cette question !

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