Faut-il désensibiliser les formes récidivantes de rhinosinusite avec polypose nasale ? Le dossier est rouvert !

lundi 19 octobre 2015 par Dr Philippe Carré496 visites

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Faut-il désensibiliser les formes récidivantes de rhinosinusite avec polypose nasale ? Le dossier est rouvert !

Faut-il désensibiliser les formes récidivantes de rhinosinusite avec polypose nasale ? Le dossier est rouvert !

lundi 19 octobre 2015, par Dr Philippe Carré

L’atopie et l’inflammation bronchique à éosinophiles sont-elles associées aux formes récidivantes de rhinosinusite chronique avec polypose nasale ? : 1 Allergy and Clinical Immunology Unit, IRCCS San Raffaele Hospital, Via Olgettina 60, Milan, 20132, Italy

2 Vita-Salute San Raffaele University, Milan, Italy

3 Allergy and Immunology Unit, Fondazione Salvatore Maugeri, IRCCS, Pavia, Italy

dans Clinical and Molecular Allergy 2015, 13:23 doi:10.1186/s12948-015-0026-8

 Contexte :

  • L’étiopathogénie de la rhinosinusite chronique avec polypose nasale (RSCPN) est toujours inconnue
  • Le rôle de l’atopie et du concept de voie aérienne unique chez de tels patients est toujours matière à débat
  • Dans cette étude pilote, les auteurs ont évalué le degré d’inflammation à éosinophiles (IE) et la fréquence de l’atopie dans une cohorte de patients avec RSCPN candidats à une Chirurgie Sinusienne Fonctionnelle Endoscopique (CSFE), ainsi que l’association entre ces facteurs et les formes récidivantes de RSCPN.

 Méthodes :

  • 30 patients (18 hommes et 12 femmes) avec une RSCPN éligibles pour une CSFE ont été évalué avant et après la chirurgie
  • Les investigations préopératoires incluaient : l’historique des récidives antérieures après CSFE, une évaluation allergologique clinique et biologique, une spirométrie, un test de provocation à la métacholine, une mesure de l’éosinophilie sanguine et une détermination de la fraction exhalée du NO (FeNO)
  • Une fibroscopie nasale, une spiromètrie et une détermination du NO étaient aussi réalisées de façon prospective à 3 mois et 27 mois après la CSFE.

 Résultats :

  • 18 sujets sur 30 étaient atopiques, 6/18 (33%) étaient monosensibilisés, 16/30 (53%) étaient asthmatiques et 10/30 (33%) avaient une hypersensibilité aux AINS
  • Vingt et un patients (70%) étaient classés comme récidivants, dont 15/18 (83%) parmi les atopiques, 6/12 (50%) parmi les non atopiques (p=0.05)
  • Parmi les patients avec une hypersensibilité aux AINS, 9/10 (90%) étaient des récidivants
  • La concentration médiane en IgE était de 161.5 UI/ml chez les récidivants et 79 UI/ml chez les non-récidivants (ns)
  • La FeNO moyenne diminuait après la CSFE (43.1-26.6 ppb) chez 84% des patients, mais cet effet disparaissait avec le temps (FeNO=37.7 ppb à 27 mois)
  • Des plus hauts taux de FeNO avant CSFE ont été détectés chez les atopiques, et en particulier chez les récidivants (médiane 67 vs 64.85 ppb chez les non récidivants, ns)
  • Le rapport de Tiffeneau (VEMS/CV) était significativement plus faible chez les asthmatiques récidivants que chez les non récidivants (94.7 ± 11.1 versus105 ± 5.9, p=0.04)
  • Les patients asthmatiques et atopiques avaient un risque majeur de récidive.

 Conclusion :

  • Dans cette étude pilote, l’atopie, l’asthme sévère, l’inflammation bronchique, l’hypersensibilité aux AINS et un taux élevé d’IgE sont des facteurs pronostiques qui peuvent être utiles pour la propension à la récidive après CSFE
  • Le rôle de l’allergie dans la pathogénie de la RSCPN devrait en conséquence être considéré de façon plus approfondie
  • L’immunothérapie spécifique, combinée avec un traitement anti-IgE, peut avoir un effet immunomodulateur dans la prévention de la récidive des polypes et nécessite d’être étudiée.

Les auteurs ont essayé d’identifier, dans une étude pilote, les associations possibles entre des marqueurs cliniques, biologiques et fonctionnels de l’atopie, l’inflammation bronchique à éosinophiles, et le cours évolutif de la pathologie, chez 30 patients ayant une rhinosinusite chronique avec polypose nasale (RSCPN), avant et après une Chirurgie Sinusienne Fonctionnelle Endoscopique (CSFE).

Les résultats montrent que l’atopie, l’asthme sévère, l’inflammation bronchique, l’hypersensibilité aux AINS et un taux élevé d’IgE sont des facteurs pronostiques associés à la récidive de RSCPN après CSFE.

L’inflammation persistante de la muqueuse nasale et des cavités sinusiennes dans la RSCPN fait partie d’un continuum complexe d’inflammation éosinophilique touchant à la fois les voies aériennes supérieures et inférieures, définissant le concept de « voie aérienne unique ».

Les auteurs montrent que les taux de la FeNO étaient plus élevés en cas d’asthme associé et chez les sujets avec un récidive de la RSCPN, et qu’ils diminuaient après CSFE, ce qui suggère que les réponses immunes au niveau des voies aériennes supérieures sont nécessaires pour maintenir l’inflammation au niveau des voies inférieures.

Cette étude montre aussi que dans la RSCPN l’atopie a une prévalence élevée, et que celle-ci est associée à la récidive de la PN ; en accord avec le rôle déjà décrit d’une réponse locale à IgE dans la pathogénie inflammatoire de la RSCPN, les taux d’IgE circulants étaient pus élevés dans les formes récidivantes. On peut rapprocher cette constatation de l’efficacité déjà décrite, dans certains cas de polypose grave récidivante, des anti-IgE.

L’inflammation chronique de la muqueuse nasale pourrait être liée à une réponse aberrante de la muqueuse vis à vis des pneumallergènes, ou être le résultat d’une stimulation superantigénique d’origine infectieuse (colonisation bactérienne nasale) qui faciliterait la production d’IgE.

Les auteurs en concluent que l’immunothérapie spécifique pourrait avoir un rôle d’immunomodulation dans la RSCPN et prévenir la récidive des polypes, et que son efficacité éventuelle devrait être évaluée dans des études prospectives.

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