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Faire lire ses tests cutanés à une intelligence artificielle ? C’est possible
lundi 13 janvier 2025, par
Introduction
Le prick-test cutané (SPT) est une méthode couramment utilisée pour diagnostiquer les allergies médiées par les immunoglobulines E (IgE). Son interprétation dépend souvent de l’expérience des examinateurs, ce qui peut entraîner des erreurs dues à la parallaxe, à la pigmentation de la peau ou à la géométrie irrégulière des papules. Cette étude propose une méthode basée sur l’apprentissage informatique pour améliorer l’objectivité et la précision du SPT à l’aide de photographies prises avec des smartphones.
Méthodologie
- Acquisition des images :
- 1461 photos de prick-tests ont été prises chez des patients de 18 à 65 ans.
- Les images incluaient une étiquette de référence pour l’échelle et ont été capturées avec différents smartphones.
- Traitement des données :
- Les images ont été normalisées à une résolution de 640x480 pixels.
- Une augmentation des données (miroir horizontal/vertical) a quadruplé la taille de l’ensemble de formation.
- Modèle informatique :
- Utilisation d’un réseau de neurones breveté.
- Formation sur 400 séries.
- Validation :
- 150 papules segmentées dans 30 images ont servi à évaluer les performances.
- Les indicateurs incluaient la précision de segmentation, le coefficient de Dice, et l’intersection sur l’union (IoU).
- Analyse comparative :
- Comparaison des résultats avec les méthodes standards (AIS, mesures des diamètres médicaux) sur des formes géométriques régulières et irrégulières.
Résultats
- Performances du modèle :
- Précision de détection : 94,12 %.
- Précision de segmentation : 85,88 %.
- Sensibilité : 70,29 % ; Spécificité : 98,94 %.
- Coefficient de Dice : 80,85 % ; IoU : 69,65 %.
- Comparaison des méthodes :
- Pour les papules régulières, les écarts des surfaces estimées étaient faibles pour toutes les méthodes (< 5 %).
- Pour les papules irrégulières, le modèle ML a surpassé les approches basées sur les diamètres médicaux.
- Avantages cliniques :
- Réduction significative des biais liés à la subjectivité humaine.
- Les estimations restent constantes, indépendamment de la forme géométrique des papules.
Discussion
- Les résultats montrent que le modèle informatique produit des estimations de surfaces plus précises, notamment pour les papules irrégulières. Cette précision est utile pour diagnostiquer des sensibilisations fortes (présence de pseudopodes).
- Le protocole développé réduit les erreurs de parallaxe (décalage perçu dans la forme d’un objet vu sous différents angle) et les limitations des instruments de mesure conventionnels (réglettes, calques).
- L’approche proposée pourrait accélérer la procédure, s’intégrer facilement aux systèmes hospitaliers et réduire les coûts liés au SPT.
Conclusion
La méthode de diagnostic fondée sur l’apprentissage logiciel présentée dans cette étude offre des résultats précis et fiables pour le diagnostic des réactions allergiques par prick-test cutané. Elle élimine les biais humains, ce qui permet d’obtenir une évaluation plus objective et améliore l’efficacité clinique. Bien que prometteuse, une normalisation des valeurs de surface est nécessaire pour son adoption à grande échelle. Ces avancées soulignent l’importance d’adopter de nouvelles technologies dans les protocoles médicaux.
Devons nous désormais laisser lire nos test cutanés par des machines ?
- Cette étude montre que c’est possible :
- la lecture informatique est aussi fiable voire meilleure que nos lectures avec nos pauvres yeux humains sur les papules
- l’informatique traite bien plus rapidement l’information que les humains : image/mesure sur plus de dix tests.
- Ce que cette étude ne montre pas :
- Nous ne produisons pas des prick-tests (SPT) à la pelle mais un patient toutes les demi-heure par médecin
- Le prick-test est certes un élément important de la consultation mais il n’est q’un des éléments dont nous nous servons (je connais même des allergologues qui ne font que des biologies, ce qui à mon humble avis est une bêtise)
- La machine ne sait pas depuis combien de temps le patient muri après sa pose de tests : dix minutes ? Quinze minutes ? Trente parce qu’il y a du retard ? Les résultats n’auront pas la même signification.
Ce qui est formidable dans cette étude c’est que, peut-être, pourrons-nous un jour avoir une Appli sur smartphone de ce logiciel qui rentrera directement la photo et un tableur rempli avec nos tests dans le dossier médical. Par contre, je pense que le fantasme de rentabilité va rapidement se heurter au fait qu’il s’agit d’un examen qui s’insère dans une pratique médicale avec une relation humaine et non d’un défilé de photos.
Bref, une machine qui lit les prick-tests mieux qu’un humain : c’est chouette mais cela reste tout de même de l’ordre du gadget… On attend l’application pour voir.
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